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Cinéma VS Streaming : l’éternel combat

Le Top des Meilleurs Films 2022 :

Après 2021 qui n’aura été qu’un éternel recommencement du chaos de 2020 notamment pour la culture et les cinémas avec de nombreuses fermetures à répétition qui ont repoussé beaucoup de superproductions en 2022 et même d’autres en 2023 (« Shazam ! La Rage des dieux », « John Wick 4 » ou encore « Aquaman 2 » …).

Les salles obscures ont malheureusement encore dû faire face à la puissance des plateformes de streaming qui ne cessent de croître (Netflix, Disney+, HBO Max, Apple TV…) et de proposer de plus en plus de contenus originaux dans leurs catalogues sans passer par la case cinéma.

Le Box-Office international a cependant encore une fois prouvé qu’il pouvait sauver la face avec quelques jolis succès comme le raz-de-marée « Avatar : La Voie de l’eau » qui va déjà dépasser le Milliard de dollars en à peine 15 jours, les colossales recettes de « Top Gun : Maverick » et « Jurassic World : Le Monde d’après » qui ont tous les deux finis milliardaires suivis par « Doctor Strange in the Multiverse of Madness » (955 millions), « Les Minions 2 : Il était une fois Gru » (924 millions), puis des films de super-héros « Black Panther : Wakanda Forever », « The Batman » et « Thor : Love and Thunder » qui ont dépassé les 750 millions de dollars.

Revenons sur une année qui a encore vu que les films de super-héros ont la cote mais que quelques pépites peuvent encore surgir aussi bien dans les salles obscures que sur les plateformes de streaming.

Le TOP 10 des films de l’année 2022 selon la rédaction :

10. « La Ruse » de John Madden :

Le réalisateur oscarisé de « Shakespeare in Love » et les producteurs du « Discours d’un Roi » revisitent l’extraordinaire supercherie qui a changé le cours de la Seconde Guerre mondiale avec « La Ruse ».  

Basé sur un ouvrage extrêmement bien documenté de Ben Macintyre, « La Ruse » (en VO « Opération Mincemeat ») aborde avec un excellent casting, l’incroyable bluff orchestré par le MI-5 pour réduire la présence militaire allemande en Sicile. Construit en deux volets, la premier analysant la conception dans les moindres détails de « la légende » de cet officier fantôme, la seconde décrit scrupuleusement la mise en place de ce leurre dans l’espoir que le stratagème fonctionne. 

Construit, documenté, « La Ruse » est un remarquable moment de l’Histoire de la seconde guerre mondiale. Un hommage aussi au héros inconnu (jusqu’aux années 1990) qui donna son « corps » pour que des milliers d’autres ne tombent sur les plages de Sicile. Il plaira au plus grand nombre car admirablement joué par Colin Firth, Matthew Macfadyen, Kelly Macdonald, Pénélope Wilton mais aussi Jason Isaacs et Simon Russel Beale dans le rôle de Churchill. 

9. « Les Crimes du Futur » de David Cronenberg :

Le retour de David Cronenberg est toujours un événement. Que dire en plus lorsque que le cinéaste de « La Mouche » refait équipe avec Viggo Mortensen, son acteur fétiche, le rôle principal de « Crimes of the future ». Un film centré sur l’impact de l’environnement et de notre production de déchets sur notre bien-être et celui de nos organes.

« Les Crimes du futur » est un scénario original de David Cronenberg, ce qui n’était pas arrivé depuis « eXistenZ » en 1999 et nous évoque un improbable futur où l’humain aurait muté jusqu’à pouvoir se nourrir de… plastique.

Avec « Les Crimes du futur », le cinéaste signe comme un aboutissement, tout en nous donnant beaucoup de sujets philosophiques intéressants sur lesquels disserter. 

Un scénario intéressant, deux acteurs principaux qui savent jouer de leur corps (dans tous les sens du terme) et puis on aime ou on n’aime pas Cronenberg !

8. « Top Gun : Maverick » de Joseph Kosinski :

Le premier très gros succès de 2022 ! Beaucoup de gens ironisaient à juste titre sur le retour de Pete « Maverick » Mitchell et avec raison car plus de trente ans se sont écoulés depuis le succès de « Top Gun » (du regretté Tony Scott en 1986) et si les adolescent(e)s que nous étions ont bien grandi et changé physiquement ; on a l’impression que le temps n’a pas eu la même emprise sur Tom Cruise plus en forme que jamais !

« Top Gun : Maverick » est un excellent film d’action et un must pour tout fan d’aéronautique et de chasseurs supersoniques, le soutien logistique de la Navy et de ses pilotes qui ont coaché les acteurs acceptés dans les cockpits des chasseurs pour des séquences immersives sidérantes. Gageons qu’une fois encore la Navy va décupler ses inscriptions

Les fans du premier opus seront conquis, les cinéphiles qui ne jurent que par Tom Cruise   devraient être ravis de sa romance à l’eau de rose avec la bartender Penny (Jennifer Connelly), sans oublier le caméo de Val Kilmer (alias Iceman) bien présent malgré son cancer de la gorge.
« Top Gun : Maverick » c’est le blockbuster hollywoodien qu’on attendait : un max d’action, un rythme frénétique, du fun et de la vitesse.

Bref du vrai divertissement de haut vol.

7. « Nightmare Alley » de Guillermo Del Toro :

Guillermo Del Toro troquait cette fois son bestiaire habituel de monstres pour une autre forme de noirceur, celle des tréfonds de l’âme humaine.

Avec « Nightmare Alley », le cinéaste mexicain s’offrait une seconde adaptation après celle de 1947 d’Edmund Goulding du célèbre roman de William Lindsay Gresham porté par un casting alléchant avec en tête Bradley Cooper, Cate Blanchett et Rooney Mara.

« Nightmare Alley » est une œuvre envoûtante pleine de malice sorte de tunnel sans issue autant pour son personnage principal que pour le spectateur.  

Guillermo Del Toro livre une nouvelle fois un long métrage sombre, inspiré et visuellement stupéfiant mais qui laissera tout de même une partie de son public sur le carreau. Le Box-Office américain en est d’ailleurs une triste réalité avec seulement 9 millions de dollars de recettes pour un budget de 60 millions. 

Parfois long et mélancolique, ce nouvel exercice n’en reste pas moins une brillante proposition de cinéma portée par un casting en symbiose totale avec son cinéaste (soulignons les retours de ses acteurs fétiches Richard Jenkins et Ron Perlman). 

Un conte cruel, monstrueux, emphatique et inéluctable !

6. « The Batman » de Matt Reeves :

Exit Zack Snyder et Ben Affleck, c’est finalement le très bon Matt Reeves derrière « Cloverfield » et les deux exceptionnels volets de « La Planète des Singes » (« L’Affrontement » & « Suprématie ») qui reprend le scénario et cette nouvelle adaptation de la chauve-souris de Gotham.

Nouveau réalisateur et nouveau casting donc : exit Batfleck et sa volonté de faire un polar noir avec l’Asile d’Arkham en toile de fond et bonjour au trop sous-estimé Robert Pattinson dans la peau du plus grand détective du monde accompagné par Zoë Kravitz en Catwoman, Paul Dano en Homme Mystère (« The Riddler »), Colin Farrell en Pingouin alias Oswald Cobblepot et Jeffrey Wright en commissaire Gordon pour un film noir, mature et radical.

Un très joli casting, critiqué cependant et qui avait l’immense pression de passer après la sublime trilogie de Christopher Nolan

Oubliez les origines de BatmanMatt Reeves offre une sacrée relecture du mythe de la chauve-souris sous les traits de Robert Pattinson. Adieu la scène d’assassinat des parents Wayne recyclée à chaque nouveau long métrage et bonjour à une narration propre au film noir avec la voix off du plus grand détective du monde lisant son journal pour expliquer sa volonté de combattre le crime à Gotham.

Avec « The Batman », Matt Reeves parvient à nous offrir une relecture torturée du chevalier noir dans un polar gothique et réaliste qui reprend toutes les envolées extravagantes de Tim Burton et le souci du réel de Christopher Nolan tout en y ajoutant une ambiance anxiogène et nihiliste.

Porté par des comédiens qui jouent tous une partition exemplaire, « The Batman » n’est pas un grand film de « superhéros » mais plutôt un excellent thriller noir furieux et ingénieux.

La chauve-souris est de retour plus enragée que jamais et nous offre un spectacle puissant et nerveux qu’on avait plus ressenti auprès de « Batou » depuis « The Dark Knight » !

5. « Elvis » de Baz Luhrmann :

« Elvis » est le dernier long-métrage de l’Australien Baz Luhrmann est une biographie à peine édulcorée, portée par un brillant Tom Hanks et surtout un interprète (Austin Butler) à la hauteur du mythique Elvis.

Comme dans « Gatsby » (2013), Baz Luhrmann choisit de mettre en exergue la figure tragique du King of Rock’n’roll qui, bien qu’admiré, va subir les conséquences de sa démesure et de sa renommée. Le réalisateur-scénariste opte pour une narration au travers du terrible Colonel Parker (un Tom Hanks machiavélique et enrichi aux prothèses). De ses premiers tubes, en passant par sa résidence à l’International hôtel de Las Vegas, sa dépendance aux médicaments et bien sûr l’effondrement de son mariage avec Priscilla (Olivia DeJonge à la troublante ressemblance).

Le film ne se focalise pas que sur « l’homme blanc qui chantait comme un noir », il rend hommage à ses influences musicales, au Rhythm and blues et au gospel.

Au jeune Elvis, touché dès l’enfance par la grâce de la musique noire, on évoque aussi Big Mama Thornton, BB King et Little Richard ; ces artistes qui dans les années cinquante, soixante ne pouvaient passer à la radio.

Une incroyable fresque historique qui balaye 25 ans de l’Amérique au travers des merveilleuses chansons de LA légende. 

Quant à la partition musicale…elle est éternelle… comme Elvis !

4. « Les Bonnes étoiles » de Hirokazu Kore-eda :

Avec « Broker », Kore-eda réitère l’expérience de tourner en dehors de son pays natal. Il rejoint la Corée du sud pour livrer une nouvelle variation sur le thème central de son œuvre, la famille.

Le cinéaste livre un film choral (et l’on pourrait même dire familial, où il parle ici davantage de la famille choisie que de celle du sang), où l’amitié, la solidarité et l’affection, naissent de manière presque miraculeuse chez celles et ceux qui sont marqués par l’abandon, la mélancolie et la culpabilité.

Un grand mélodrame où la bienveillance et l’humanité sont omniprésentes, faisant surgir de belles et douces lumières au cœur des blessures et des failles de ses personnages, dont les ombres semblent un peu moins les poursuivre à l’issue de ce road-trip dont chacun semble sortir changé à jamais…

3. « She Said » de Maria Schrader :  

« She Said » est une nouvelle magnifique illustration du travail de deux journalistes d’investigation dont l’enquête va cette fois déconstruire le milieu du cinéma et favoriser l’émergence de la parole des femmes au travers de #MeToo.

Adapté du livre éponyme qui relate le remarquable travail d’enquête de deux journalistes du New York TimesJodi Kantor et Megan Twohey, couronnées du Prix Pulitzer en 2018, « She Said » est habilement porté par deux excellentes comédiennes, Zoe Kazan, petite-fille du célèbre Elia Kazan (2 oscars de meilleur réalisateur en 1948 pour  « Le mur invisible » et en 1955 pour « Sur les quais ») interprète la jeune journaliste Jodi Kantor tandis que Carey Mulligan (BAFTA 2009 pour « Une éducation ») incarne Megan Twohey.

Maria Schrader réalise une mise en scène d’une grande sobriété laissant ses deux actrices jouer de leurs doutes face aux tourments des victimes, à la complexité de l’enquête et à leur propre gêne face aux révélations qu’elles obtiennent ; le film s’accompagne d’une bande musicale empreinte de gravité signée Nicholas Brittell.  

« She Said » monte lentement en intensité dramatique jusqu’au face-à-face entre l’équipe éditoriale du New York Times au complet et Harvey Weinstein et ses avocats, au moment de publier…
 Passionnant !

2. « À l’Ouest, rien de nouveau » de Edward Berger :

Nouvelle adaptation du roman pacifiste du même nom d’Erich Maria Remarque, après notamment celle de 1930, « A l’Ouest, rien de nouveau » nous plonge dans l’enfer des tranchées de la Première Guerre Mondiale. Dans la lignée de « 1917 », le film met en lumière avec une relative sobriété de jeunes soldats allemands, insouciants et patriotes, qui vont découvrir l’horreur des combats.

Un regard cru et acerbe sur la guerre et ses atrocités. La réalisation se focalise sur les derniers instants du conflit, alors que le haut commandement tarde à signer l’armistice par orgueil et que les soldats continuent de se faire massacrer, envoyés au front par des généraux despotiques, refusant d’admettre une défaite pourtant inéluctable.

« A l’Ouest rien de nouveau » n’a rien à envier au film de Sam Mendes et mérite tout autant qu’on s’y attarde. Un film de guerre qui n’est pas sans rappeler « Les Sentiers de la gloire » dans le message qu’il délivre et s’inscrit dans la lignée des meilleurs films sur la Première Guerre Mondiale, comme son ainé de 1930.

Une œuvre glaçante et pertinente qui réussit à retranscrire l’horreur de la guerre sans jamais tomber dans la surenchère.

1.« Armageddon Time » de James Gray :

Trois ans après avoir emmené Brad Pitt aux confins de la galaxie dans « Ad Astra »James Gray revient sur Terre et investit son cher New-York avec « Armageddon Time » emmené par Anne Hathawayet l’immense Anthony Hopkins.

Dans ce film quasi-autobiographique, il y poursuit son exploration de la famille, thème récurrent de son cinéma.

S’inspirant de sa propre jeunesse, il focalise ici son attention sur une étape jamais évidente de la vie qu’est le passage de l’enfance à l’adolescence.

Avec « Armageddon Time », James Gray parvient avec un sens pointu de l’analyse à faire vivre la petite histoire dans la grande en signant une œuvre intime mais ô combien universelle. A la manière d’un Proust et sa recherche du temps perdu, le cinéaste plonge dans ses souvenirs pour construire un récit d’apprentissage qui résonne en chacun d’entre nous qui avons dû faire face à ces expériences fondatrices de notre existence.

Un drame intime et bouleversant sur la perte de l’innocence. Un film d’une élégance folle qui touche en plein cœur et réussi à retranscrire ces petites choses qui font ce que nous sommes autant qu’il propose un discours très actuel sur l’état de la société américaine.

Hors Concours :

« Licorice Pizza » de Paul Thomas Anderson :

Pourquoi le dernier Paul Thomas Anderson est-il ici ? Tout simplement parce qu’il a divisé la rédaction. Pourtant le film du cinéaste derrière « There Will Be Blood » vaut toute votre attention et se savoure tel un délicieux bonbon.

5 ans après avoir offert son dernier grand rôle à Daniel Day-Lewis dans Phantom Thread, Paul Thomas Anderson revenait avec « Licorice Pizza », une comédie qui relate la relation ambiguë entre un adolescent de 15 ans amateur de cinéma et de théâtre avec une jeune femme assistante-photographe 10 ans plus âgée le jour de la photo de classe au milieu des Seventies.

Paul Thomas Anderson détourne à nouveau les codes du cinéma pour modeler le genre très codifié du Teen Movie à son image en nous livrant une comédie romantique belle, tendre et absurde. Un film fou, au charme inégalable porté par des comédiens exceptionnels (Cooper Hoffman est une révélation, il s’agit du fils de Philip Seymour Hoffman, acteur fétiche du cinéaste) soutenu par une reconstitution minutieuse et une bande originale délicieuse.

Foncez découvrir cette ode à la liberté, nostalgique et poétique qui se savoure sans modération comme une douce friandise !

Les Belles Surprises :

Auraient également pu être plébiscités :

Les déceptions :

Et après ? 2023 sera-t-elle une grande année cinématographique ?

Nous avons terminé l’année avec le magnifique film semi-autobiographique de James Gray et nous la commencerons avec celui de Spielberg dans « The Fabelmans » mais aussi les retours de Denis Villeneuve avec « Dune : Partie 2 », Christopher Nolan et son intriguant « Oppenheimer », le retour d’Harrison Ford en Indiana Jones avec « Indiana Jones et le Cadran de la Destinée », « John Wick : Chapitre 4 », « Les Gardiens de la galaxie Vol. 3 », Tom Cruise qui compte encore repousser ses limites de cascades avec « Mission : Impossible – Dead Reckoning : Partie 1 », le retour en grâce de Brendan Fraser dans « The Whale » de Darren Aronofsky, « The Killer » de David Fincher sur Netflix, Ridley Scott qui transforme Joaquin Phoenix en Napoléon, Martin Scorsese qui refait équipe avec ses deux Muses : Leonardo DiCaprio et Robert De Niro dans « Killers of the Flower Moon »  sur Apple TV mais aussi le grand retour de Michael Mann avec son biopic « Ferrari » porté par Adam Driver.

Bref on espère que le retour de la crème des cinéastes nous offrira une grande année cinéma pour faire déplacer un maximum de spectateurs dans les salles obscures car elles en ont grandement besoin !

Bonne année 2023 à tous et comme dirait Mr Tarantino : « Vive Le Cinéma ! »

Julien Legrand, Yves Legrand, Damien Monami et Vincent Legros – Le 30 décembre 2022

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