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Les galères d’une mère

À Plein Temps 

« À Plein Temps » d’Eric Gravel, nous permet de retrouver Laure Calamy revenue des Cévennes, pour nous faire découvrir le quotidien de Julie Roy, une mère dont la vie professionnelle déjà absorbante se révèle phagocytée par des déplacements de plus en plus erratiques dus aux mouvements sociaux.

Notre critique d’une vie qui déraille… 

Critique : « A plein temps » (2022) : Les galères d’une mère - ScreenTune
© 2022 - Athena Films

Synopsis :

Julie (Laure Calamy) est une femme qui court. Elle se débat pour élever seule ses deux enfants, vit à la campagne et travaille à Paris, comme première femme de chambre dans un palace. Chaque jour est une course contre la montre : va-t-elle arriver à attraper son RER, va-t-elle arriver à temps à l’école, sera-t-elle en retard à son travail ? 

Une grève des transports et des manifestations qui bloquent la capitale sont une nouvelle source de difficulté. Malgré les bus de substitution, l’auto-stop et le covoiturage, elle arrive en retard au travail et subit des reproches de Sylvie (Anne Suarez) sa responsable. Le soir elle est également en retard pour récupérer ses enfants chez la nounou (Geneviève Mnich). 

Julie occupe cet emploi de femme de chambre en attendant de retrouver un poste de cadre correspondant à sa formation. Convoquée à un entretien, elle doit s’absenter en plein service, source de conflit supplémentaire avec la direction de l’hôtel… 

Laure Calamy, Césarisée pour son interprétation d’Antoinette dans le film éponyme « Antoinette dans les Cévennes » réussit l’exploit de se renouveler tout en conservant le dynamisme qui avait fait son succès en Antoinette. Cependant la légèreté n’est ici pas de mise, bien au contraire, Julie rame (toutes proportions gardées) car elle saute plutôt d’un moyen de transport à un autre dans une ambiance digne d’un thriller.

Le réalisateur franco-québécois Eric Gravel a su pour son second long métrage offrir une ambiance terriblement anxiogène au quotidien de cette mère de famille qui a choisi d’élever ses enfants à la campagne mais qui travaille à Paris. En sélection officielle à la Mostra de Venise 2021, dans la section Orizzonti, le film y est récolte le prix du « meilleur réalisateur » et de la « meilleure actrice ». Il a depuis reçu le prix Cineuropa au Festival Les Arcs 2021. 

« À Plein Temps » n’est ni une publicité pour la SNCF et son service d’aide aux voyageurs ni un vibrant hommage à la vie en banlieue de Paris ; c’est le constat d’une vie d’angoisse, du combat d’une mère divorcée pour offrir un cadre de vie décent à ses enfants et de ses souffrances au quotidien.

Être à temps au boulot, à temps pour récupérer ses enfants, à temps pour un entretien, à temps pour ses échéances bancaires….  Totalement centré sur la prestation (de nouveau impressionnante) de Laure Calamy, le film utilise beaucoup de plans rapprochés pour installer ce sentiment de vide, d’implosion qui lentement consume Julie.

Quand Julie va-t’elle craquer ? Ce n’est pas la musique électronique volontairement oppressante d’Irène Drésel qui va nous rassurer ; que du contraire !  Pour une première musique de film, on peut considérer que l’autrice-compositrice signe une jolie performance. Un hommage à la femme qui se bat et se débat « à plein temps » et un appel aussi à plus d’humanité dans les transports publics. 

Note : 7/10 

Pour l’ambiance électrique et anxiogène des déplacements des banlieusards parisiens qu’a réussi à retranscrire le réalisateur et pour Laure Calamy toujours aussi impliquée et juste dans ce rôle de mère.  

Yves Legrand – Le 4 mars 2022

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