Comme dans chacun des films du réalisateur, le socle familial est omniprésent, à la fois repère indispensable et frein à l’émancipation. Les envies artistiques de Paul peinent à trouver écho auprès de ses parents, qui ont d’autres ambitions pour lui, creusant peu à peu un fossé entre eux. Coincé entre une mère aimante mais soucieuse et un père intransigeant au point de se montrer parfois violent, le jeune adolescent se sent incompris et c’est auprès de son grand-père, Aaron, avec lequel il partage une relation fusionnelle, qu’il trouve une oreille attentive.
À ce titre, James Gray a le chic pour mettre en scène le milieu familial grâce notamment à la part d’intime qu’il y insuffle. Il suffit de voir cette scène de repas au début du film, relativement sereine à première vue mais dont le bouillonnement sous-jacent s’impose au fil des dialogues comme un prémisse des bouleversements à venir.
Le cinéaste parvient à rendre lourd de sens des instants à priori banals, mais ce diner est un moment fondateur de ce qui va suivre, les intentions de chaque protagonistes étant d’emblée définies tandis que l’avenir de Paul est en train de se jouer sans qu’il n’en soit vraiment conscient.