Critique « The Dark Knight » (2008) : Sombre Reflet.
En 2008, Nolan signe avec « The Dark Knight » un film épique et dantesque. Bref tout est parfait ! Retour sur un tour de force !
Le Nirvana de la chauve-souris !
Ça y est ! Il est enfin là ! « The Batman » de Matt Reeves avec Robert Pattinson sous le masque de la chauve-souris de Gotham.
Longtemps fantasmé depuis sa mise en chantier en 2017 cette nouvelle relecture du chevalier noir avec Ben Affleck devant et derrière la caméra était très attendue.
Malheureusement, le metteur en scène oscarisé pour « ARGO » n’aura pas résisté à l’accueil mitigé du DC Universe lancé par Zack Snyder et c’est finalement l’excellent Matt Reeves derrière « Cloverfield » et les deux exceptionnels volets de « La Planète des Singes » (« L’Affrontement » & « Suprématie ») qui reprend le scénario et cette nouvelle adaptation.
Nouveau réalisateur et nouveau casting donc : exit Ben Affleck et sa volonté de faire un polar noir avec l’Asile d’Arkham en toile de fond et bonjour au trop sous-estimé Robert Pattinson dans la peau du plus grand détective du monde accompagné par Zoë Kravitz en catwoman, Paul Dano en Homme Mystère (« The Riddler »), Colin Farrell en Pingouin alias Oswald Cobblepot et Jeffrey Wright en commissaire Gordon pour un film noir, mature et radical.
Un très joli casting, critiqué cependant et qui avait l’immense pression de passer après la sublime trilogie de Christopher Nolan.
Alors « The Batman » malgré sa production chaotique parvient-il à se hisser dans le haut du panier des productions DC Comics et parmi les meilleures adaptations du chevalier noir de Gotham ?
Synopsis :
Deux années à arpenter les rues en tant que Batman et à insuffler la peur chez les criminels ont mené Bruce Wayne au coeur des ténèbres de Gotham City. Avec seulement quelques alliés de confiance – Alfred Pennyworth, le lieutenant James Gordon – parmi le réseau corrompu de fonctionnaires et de personnalités de la ville, le justicier solitaire s’est imposé comme la seule incarnation de la vengeance parmi ses concitoyens. Lorsqu’un tueur s’en prend à l’élite de Gotham par une série de machinations sadiques, une piste d’indices cryptiques envoie le plus grand détective du monde sur une enquête dans la pègre, où il rencontre des personnages tels que Selina Kyle, alias Catwoman, Oswald Cobblepot, alias le Pingouin, Carmine Falcone et Edward Nashton, alias l’Homme-Mystère. Alors que les preuves s’accumulent et que l’ampleur des plans du coupable devient clair, Batman doit forger de nouvelles relations, démasquer le coupable et rétablir un semblant de justice au milieu de l’abus de pouvoir et de corruption sévissant à Gotham City depuis longtemps.
Oubliez les origines de Batman, Matt Reeves offre une sacrée relecture du mythe de la chauve-souris sous les traits de Robert Pattinson. Adieu la scène d’assassinat des parents Wayne recyclée à chaque nouveau long métrage et bonjour à une narration propre au film noir avec la voix off du plus grand détective du monde lisant son journal pour expliquer sa volonté de combattre le crime à Gotham.
Matt Reeves prend véritablement le parti d’offrir un angle encore jamais vu dans les films du chevalier noir, enlever tout ce que le spectateur sait déjà à propos de Batman pour se concentrer uniquement sur l’enquête de meurtres sordides qui se déroulent sous nos yeux.
Un choix salvateur et qui permet d’économiser de nombreuses explications pour plonger directement dans univers poisseux, pluvieux, véreux, dérangé et torturé (on n’avait plus d’adjectifs en « eux » en stock).
Ce qui frappe instantanément la rétine, c’est le soin méticuleux apporté à Gotham City. Les moindres détails de cette mégalopole sont crasseux, sombres et soutenus par une pluie qui termine de démontrer que Gotham est gangrénée par la corruption, le mal et la peur. Un travail sublime et crépusculaire signé par Greig Fraser, qui avait déjà pu nous montrer tout son talent sur « Dune » de Denis Villeneuve. Une photographie qui fonctionne véritablement comme un reflet de la personnalité de son personnage principal, justicier emphatique, terrifiant et replié sur lui-même.
Le public sera subjugué et choqué car « The Batman » n’est pas un film de « super-héros » comme les autres. Matt Reeves est parvenu intelligemment à transformer son blockbuster en véritable film d’« auteur » en déconstruisant le mythe du chevalier noir pour s’orienter sur un angle plus personnel, plus psychologique. Bruce Wayne est un jeune homme meurtri, perdu, reclus et violent en réponse au désordre chaotique qui règne dans Gotham City. Avec une dégaine qui n’évoque absolument pas un playboy mais plutôt la figure grunge de Kurt Cobain (que l’on entend à plusieurs reprises entonner « Something In The Way ») pour s’attarder sur les tourments de sa personnalité.
Faisons d’ailleurs taire tous les détracteurs sur le choix de Robert Pattinson, le comédien de « Lost City of Z » est tout simplement excellent en renouant habilement avec les origines d’enquêteur du chevalier noir. Calme et posé lorsque la chauve-souris se trouve sur les scènes de crimes, il n’en reste pas moins un formidable combattant utilisant d’avantage son physique et des gadgets faits main plutôt que de nombreux accessoires high-tech. Parfaitement filmé par Matt Reeves qui mise davantage sur la brutalité des corps en mouvement que sur des séquences spectaculaires tout comme il utilise de nombreux gros plans pour souligner le caractère torturé de son personnage.
Conjuguant subtilement de nombreuses références au cinéma de David Fincher avec « Se7en » pour le côté pluvieux et sombre , tout comme « Zodiac » pour son enquête et ses énigmes, le long métrage de Matt Reeves brasse de nombreuses thématiques comme une réflexion sur le justicier et l’héroïsme, la politique ainsi que sur la vengeance et la folie qui en découle.
Résultat un spectacle vertigineux porté par un casting impeccable, Paul Dano est tout simplement inquiétant en Riddler, Colin Farrell est méconnaissable et excellent en Pingouin, Jeffrey Wright, John Turturro et Andy Serkis sont très bons mais un peu trop effacés, quant à Zoë Kravitz en Catwoman, elle ralentit un peu le récit mais sa relation ambigüe avec Batman fonctionne parfaitement.
Avec « The Batman », Matt Reeves parvient à nous offrir une relecture torturée du chevalier noir dans un polar gothique et réaliste qui reprend toutes les envolées extravagantes de Tim Burton et le souci du réel de Christopher Nolan tout en y ajoutant une ambiance anxiogène et nihiliste.
Porté par des comédiens qui jouent tous une partition exemplaire, « The Batman » n’est pas un grand film de « super–héros » mais plutôt un excellent thriller noir furieux et ingénieux.
La chauve-souris est de retour plus enragée que jamais et nous offre un spectacle puissant et nerveux qu’on avait plus ressenti auprès de « Batou » depuis « The Dark knight » !
Un point de perdu pour la musique de Michael Giacchino anxiogène certes mais pas assez marquante et un autre point de perdu pour sa longueur de 2h45 qui pourrait en décontenancer plus d’un.
Même si on serait quand même bien resté à Gotham plus longtemps.
Julien Legrand – le 1er mars 2022
Test Blu-Ray 4K :
Nous avions déjà pu apprécier le travail de Greig Fraser sur « Dune » (récompensé aux Oscars) et le chef opérateur prouve avec « The Batman » qu’il est un maître en matière d’ambiance et un génie artistique.
L’étalonnage des couleurs de « The Batman » (2022) est sombre, incroyablement ténébreux… L’obscurité et les ténèbres constituent un élément narratif à part entière.
L’esthétique et l’atmosphère générale de Gotham est oppressante et il n’y a guère de de bonheur apparent. Les couleurs sont sourdes avec une désaturation générale et des teintes brûnes/grisatres abondantes. Une identité visuelle qui déborde littéralement de notre écran pendant le visionnage soutenu par une qualité audio exemplaire dans une superbe version Dolby Atmos en VO et VF.
Bonus :
– En quête de Vengeance
– The Batman : La Genèse
– Quand la Vengeance rencontre la Justice
– Devenir Catwoman
– La Batmobile
– Analyse de la course poursuite et du saut en wingsuit
– La création de la Vengeance
– Coup de projecteurs sur les Légendes
– Une Transformation : le Pingouin
– Scènes coupées avec commentaires optionnels
Plus d’une heure de bonus sur la génèse du projet, le choix et les justifications du casting, la création de la Batmobile, comment donner vie une ville de Gotham City plus vrai que nature et bien entendu les scènes coupées avec l’apparition du Joker de Barry Keoghan.
Les fans de la chauve-souris seront aux anges avec cette édition créative et superbe !
Warner Home Vidéo signe une magnifique édition 4K Ultra HD Blu-ray dont l’achat est hautement recommandée si vous êtes fans du Justicier de Gotham !
Sources Photos :
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