La Désillusion de Drake !
Après de nombreux reports et une production délicate, « Uncharted » débarque enfin au cinéma en février 2022.
Avec plus de 42 millions d’exemplaires vendus dans le monde, il était normal qu’une adaptation cinématographique de cette grande saga vidéoludique exceptionnelle démarrée en 2007 voit le jour.
En projet dès 2008 et malgré plus de 6 changements de réalisateurs, l’adaptation cinématographique des aventures de Nathan Drake était d’abord pensée pour être incarnée par Mark Whalberg. Finalement Sony décida d’en faire une « Origin Story » avec le très à la mode Tom Holland dans la peau de l’intrépide aventurier et Marky Mark dans la peau Victor « Sully » Sullivan.
On sait que le mariage entre le jeu vidéo et le cinéma est une relation difficile et les craintes des fans de la saga étaient logiques tellement la saga « Uncharted » regorge de grands moments cinématographiques.
« Uncharted » parvient-il à se hisser tout en haut de la liste des adaptations de jeux vidéo réussies ? Après « Assassin’s Creed » et « Tomb Raider », nos attentes étaient revues à la baisse.
« La grandeur des débuts modestes » comme le dit si bien la devise de Sir Francis Drake : alors cette adaptation aspire-t-elle à ce mantra ? Éléments de réponses…
Synopsis :
Nathan Drake, voleur astucieux et intrépide, est recruté par le chasseur de trésors chevronné Victor « Sully » Sullivan pour retrouver la fortune de Ferdinand Magellan, disparue il y a 500 ans. Ce qui ressemble d’abord à un simple casse devient finalement une course effrénée autour du globe pour s’emparer du trésor avant l’impitoyable Moncada, qui est persuadé que sa famille est l’héritière légitime de cette fortune, estimée à 5 milliards de dollars.
Avant de plonger dans notre analyse, sachez que cette critique est découpée en deux avis, le premier étant celui d’un fan absolu de la saga vidéoludique ayant joué à tous les jeux. Le second sera purement un avis sur le film en lui-même afin d’avoir deux angles bien différents. C’est parti !
La saga « Uncharted » comportait plusieurs ingrédients clés qui ont fait toute sa renommée : Aventure, émotion, spectacle et dépaysement. Tout ce que l’on recherche dans une saga d’aventure qui aura bercé notre esprit de joueur de Playstation jusqu’à cette conclusion émouvante dans « A Thief’s End » en 2016.
Alors qu’attendre de l’adaptation d’une saga qui compte tant de grands moments cinématographiques ? Le matériel à disposition reprenait déjà de nombreux codes du Septième Art. Ruben Fleischer (« Venom ») ne pouvait idéalement nous offrir q’un bon film ?
Du premier scénario de Joe Carnahan, il n’y a en tout cas pas l’air de rester grand-chose, la grammaire des jeux a été plus ou moins prise en compte, les costumes, les angles de caméra, les accessoires, le film « Uncharted » tente de respecter scrupuleusement son modèle vidéoludique.
Du moins en surface car la force de la saga a toujours été de proposer des grands moments de bravoures et des séquences spectaculaires qui imprègnent notre rétine durablement. Il suffit de repenser à la sublime séquence du train dans l’Himalaya d’« Uncharted : Among Thieves », de cette sublime course poursuite à Madagascar dans « Uncharted 4: A Thief’s End » ou de ce crash d’avion en plein cœur du désert Rub al-Khali dans « Uncharted 3 : L’Illusion de Drake » grandement copiée dans le film comme le montrait les bandes annonces et qui offre uniquement une séquence déjà vue et sans surprise.
« Uncharted » le film ne surprend jamais, tous les codes du genre sont bien là, un trésor perdu, un méchant et une course poursuite à travers le globe. Malheureusement, Ruben Fleischer nous emballe un long métrage sans âme ni prise de risque qui se permet même de rater la chose la plus importante : ses personnages.
Tom Holland est un Nathan Drake malicieux et athlétique comme son modèle, mais c’est bien ses seuls points communs avec le héros de Naughty Dog. La saga a toujours mis un point d’honneur à créer des personnages attachants et charismatiques. Ce qu’aucun des protagonistes du films ne possède. C’est bien simple la rencontre entre Sully et Nate est expédiée comme un plat de fast-food (en moins de 5 minutes), Marky Mark Wahlberg offre une partition sans âme à Victor Sullivan, on ne connaît rien de ses motivations, quant à Chloé Frazer incarnée par Sophia Taylor Ali, on se demande bien ce qu’elle vient faire là à part toucher son chèque. Ne parlons même pas du méchant campé par Antonio Banderas.
Bref, le mariage entre le jeu vidéo et le cinéma est toujours aussi tumultueux. Vous l’aurez compris vous pouvez oublier tous les frissons que vous ont procuré les jeux manettes en main. Les quatre ingrédients cités plus haut n’apparaissent (clairement pas dans ce « Uncharted » le film.
Une série B d’aventure sans originalité, sans émotion, sans grand spectacle et sans dépaysement (non vous ne verrez pas grand-chose comme beaux paysages) comme sa chasse au trésor sans énigme.
Nathan Drake tout comme les fans méritaient bien mieux ! Frustrant !
Une note de fan qui n’en attendait rien et qui en est pourtant ressorti déçu !
Deux opinions valent mieux qu’une ; n’ayant pas joué aux jeux vidéo, c’est donc sans idée préconçue que j’ai regardé ce film.
Le premier sentiment, même si le budget se voit à l’écran, c’est que la réalisation quoique moderne s’apparente trop à un jeu vidéo et ça s’agite beaucoup mais sans réels frissons. La raison de cette retenue du spectateur est à chercher dans son manque d’empathie envers les personnages. Tom Holland semble penser qui lui suffit d’apparaître pour faire croire qu’il est Nathan Drake et non Peter Parker (le report de « Uncharted » a peut-être joué sur la confusion avec le dernier « Spider-Man : No Way Home » »). Victor « Sully » Sullivan incarné par Mark Wahlberg n’est pas davantage un personnage charismatique puisque trop manipulateur quant à Tati Danielle et Antonio Banderas en méchants chasseurs de trésors, ils sont si caricaturaux qu’ils n’évoquent pas l’effroi d’un doigt levé par « Goldfinger ». Honnêtement quand on a fini le film, on aurait plutôt envie de se refaire la saga « Benjamin Gates » ou le « DaVinci Code ».
Conçue comme une préquelle aux jeux, cette aventure du jeune Nathan Drake ne convainc guère le spectateur qui suit à distance les péripéties de ces voleurs de trésors qui jouent au plus malin les uns avec les autres.
Ce jeu de dupes a malheureusement des conséquences auprès des cinéphiles qui eux aussi se sentent finalement floués. « Tout ça pour ça semble » se dire le spectateur neutre.
On en revient aux trois règles énoncées par Jean Gabin : « Pour faire un bon film, il faut trois choses : Primo une bonne histoire ; secundo une bonne histoire …enfin une bonne histoire ». Ah ! La sagesse des anciens…
Julien Legrand & Yves Legrand – Le 14 février 2022
Sources Photos :
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