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Le corps et l’esprit

Christian Bale

Talent précoce chez Spielberg avant de tomber dans l’oubli comme beaucoup d’enfants stars pour finalement s’imposer à la face du monde, Christian Bale est une créature complexe dans le paysage hollywoodien. Un acteur pas comme les autres, une personnalité peu conventionnelle qui s’investit sans compter dans chacun de ses rôles avec une discipline de fer et un physique inébranlable.

Un immense talent qui se montre à son aise dans tous les registres, passant d’un genre à l’autre avec une facilité déconcertante, enchaînant depuis maintenant deux décennies les performances mémorables. Golden Boy sociopathe, insomniaque cadavérique, magicien, boxeur déchu ou encore vice-président ventripotent, mais le grand public garde surtout en mémoire son rôle de Batman dans la trilogie de Nolan, un chevalier noir auquel il a redonné ses lettres de noblesse et qui l’a élevé au rang de star mondiale.

Performeur dans l’âme, Christian Bale s’est taillé une sacrée réputation dans le monde du cinéma, retour sur le parcours d’un gamin rêveur devenu l’un des comédiens les plus admirés de sa génération.  

Portrait Christian Bale : Le corps et l’esprit
Photo by Getty Images
  • Enfance itinérante :

Christian Charles Philip Bale voit le jour le 30 janvier 1974 à Haverfordwest au Royaume-Uni, il est le fils cadet de David, pilote commercial né en Afrique du Sud et de Jenny James, artiste de cirque. Entouré de ses trois sœurs, il passe son enfance entre son Pays de Galles natal, l’Angleterre (Surrey et Dorset) et le Portugal ; une itinérance qui l’a beaucoup influencé dans son choix de devenir acteur.

Ses premiers pas derrière la caméra, il les effectue à l’âge de huit ans en tournant dans quelques spots publicitaires. Il apparaît en jeune rock star dans une réclame pour des céréales Pac-Man restée célèbre avant de rencontrer une première fois le succès aux côtés de Rowan Atkinson, inoubliable Mr Bean, dans la pièce de théâtre « The Nerd » en 1984.

On le retrouve en 1986 dans deux séries « Heart of the country » et « Anastasia », avec dans le rôle-titre Amy Irving, épouse d’un certain Steven Spielberg. Ce dernier était à l’époque en quête d’un jeune acteur pour le rôle-titre dans « L’empire du soleil » (1987), sur le conseil de sa femme et sans grande conviction, il finit par jeter son dévolu sur le jeune ado : « Spielberg m’a d’ailleurs dit qu’il n’aimait pas ma performance dans Anastasia » racontera Bale, choisi après des mois d’incertitude.

Portrait Christian Bale : Le corps et l’esprit
L'empire du soleil © 1987 - Warner Bros

À seulement 13 ans, il décroche le rôle de Jim Graham, fils d’un industriel britannique basé à Shanghai, séparé de ses parents dans le tourment de l’invasion de la Chine par l’armée japonaise. Sa prestation lui vaut la reconnaissance de la critique, élogieuse à son égard mais le film n’obtient pas le succès escompté pendant que Bale découvre le revers de la médaille. Il comprend que le métier ne se résume pas aux tournages et exècre aussitôt l’exercice promotionnel.

Son récent succès ne l’empêche pas de poursuivre sa scolarité à la Bournemouth High School, d’autant que le jeune acteur semble vouloir fuir le monde du cinéma et ses exigences. Pendant deux ans, il refuse les propositions qui s’offrent à lui et tente d’oublier son rêve, soutenu en ce sens par sa mère. Son père reste quant à lui convaincu du potentiel de son fiston et le persuade de jouer dans « Henry V », l’adaptation par Kenneth Branagh de l’œuvre de Shakespeare.

Peu après, il campe le rôle de Jim Hawkins dans une version téléfilm de « L’île au trésor » et y donne la réplique à Charlton Heston. La carrière du jeune acteur semble enfin lancée mais son bonheur est de courte durée… de nombreux désaccords entre ses parents, y compris concernant la carrière de leur fils, les poussent à divorcer. Suite à la séparation, Christian et son père prennent la direction de Los Angeles.

Portrait Christian Bale : Le corps et l’esprit
L'île au trésor - © 1990 - Warner Bros.
  • Une ascension poussive :

Une fois installé sur la côte ouest des États-Unis, il se voit offrir en 1992 un contrat par Disney. Bien que l’idée qu’il se fait de sa carrière est à l’opposé de ce que lui propose la firme aux grandes oreilles, il accepte de s’engager avec celle-ci, conscient de la difficulté de percer et de l’opportunité que cela représente.

Il signe donc un peu à contre cœur pour être le héros de la comédie musicale « Newsies » où il donne la réplique à Robert Duvall. Il enchaîne avec « Swing Kids » l’année suivante, un film qui marque ses retrouvailles avec Kenneth Branagh et dans lequel il tient le rôle d’un jeune Allemand entrant dans les jeunesses hitlériennes. 

En 1994, il obtient le rôle principal dans « Le Prince de Jutland », adaptation un brin trop libre de la tragédie shakespearienne « Hamlet », aux côtés dHelen Mirren et Kate Beckinsale mais l’échec est cuisant comme à peu près tout ce qu’il touche lors de cette décennie. Pire, ce film fait suite à l’énorme succès de « La liste de Schindler » auquel il aurait pu prendre part s’il n’avait pas décliné la proposition de Spielberg.

Portrait Christian Bale : Le corps et l’esprit
Les quatre filles du Docteur March © 1994 Columbia Pictures - Photo by Joseph Lederer

Mais alors que sa jeune carrière semble s’enliser, il va recevoir un coup de pouce inattendu du destin… et de Winona Ryder ! Charmée par la prestation de l’acteur dans « Newsies », elle glisse le nom de Bale pour tenir un rôle secondaire dans « Les Quatre filles du docteur March » dont elle est la vedette. Il prête ainsi ses traits au jeune Laurie, ami de la jeune Jo (incarné par Winona) et c’est paradoxalement en acceptant de jouer un personnage moins en vue qu’il rencontre enfin le succès et la reconnaissance tant espérée : « Les quatre filles du Docteur March a définitivement été un moment pivot, et pas seulement en termes de carrière, je savais que je faisais quelque chose de nouveau, quelque chose que j’aimais ».

La suite de la décennie le voit multiplier les projets : « Portrait de femme » avec Nicole Kidman en 1996, « L’Agent secret » en 1997 et « Metroland » avec Emily Watson en 1998. Il effectue la même année, sa première montée des marches au Festival de Cannes avec « Velvet Goldmine » de Todd Haynes où il campe un journaliste gay qui enquête sur la mort d’un chanteur de glam rock. Il partage l’affiche avec Ewan McGregor qui lui sera préféré pour le rôle d’Obi-Wan Kenobi dans la prélogie Star Wars, mais ce n’est que partie remise pour Bale qui lui aussi obtiendra plus tard son rôle d’envergure.

Equilibrium © 2002 - Miramax
  • L’amour du risque :

Christian Bale n’est pas du genre à laisser les autres décider à sa place, pour lui tout est une question d’intuition et de feeling. Après des nineties qui l’ont vu aller d’échec en second rôle, le dernier en date dans « Le Songe d’une nuit d’été » de Michael Hoffman, il compte bien se faire une place au soleil. Il entame ainsi le millénaire avec un pari risqué : l’adaptation au cinéma du roman « American Psycho » de Bret Easton Ellis

Un film que de nombreuses personnes lui déconseillaient mais il en avait cure : « Je recevais des appels disant que c’était un suicide professionnel et je me disais excellent, c’est super ! ». Bien lui en a pris car le film est un succès et il y est pour beaucoup, il livre une prestation complètement habitée dans la peau de Patrick Bateman (drôle de coïncidence que ce nom), golden boy psychopathe de Wall Street. La carrière de l’acteur, désormais âgé de vingt-six ans, est définitivement lancée.

A partir de ce moment, Bale est de plus en plus demandé, on le retrouve ainsi aux côtés de Samuel L. Jackson dans « Shaft », succès mitigé, suivi de « Capitaine Corelli » un flop dont il partage l’affiche avec Penelope Cruz et Nicolas Cage. Il enchaine avec le post-apocalyptique « Le Règne du feu » en compagnie de Matthew McConaughey et le thriller de science-fiction « Equilibrium » qu’il porte à lui seul et qui accouchent tous deux d’une souris. 

Portrait Christian Bale : Le corps et l’esprit
American Psycho © Copyright 2000 - Universal Studios

Il comprend alors qu’il n’y a qu’en prenant des risques et en donnant de sa personne que le succès est au rendez-vous. Adepte de la « Method Acting », précepte qui consiste à incarner ses personnages corps et âme et à n’en pas sortir entre les prises, même si pour cela il faut s’adonner à des transformations physiques extrêmes. Et on peut dire qu’il a respecté le concept au pied de la lettre pour son rôle de Trevor Reznik dans le thriller psychologique « The Machinist » en 2004. Pour incarner cet agent de maintenance, insomniaque sévère à l’aspect inquiétant, il n’y va pas de main morte avec la perte de 28 kilos en trois mois alors qu’il n’était même pas certain d’avoir le rôle.

Pour ce faire, Bale se nourrissait seulement d’une pomme et d’une boîte de thon par jour et s’empêchait de dormir pour être dans le même état que son personnage comme l’explique le réalisateur Brad Anderson, « Il s’est affamé, épuisé, pour approcher l’état d’esprit de son personnage. (…) C’était parfois un peu effrayant. J’ai insisté pour qu’il soit suivi médicalement. (…) Parfois, pour mieux jouer une scène il s’empêchait de dormir durant les deux nuits précédentes ».

Si le film ne rencontre pas le succès escompté à sa sortie (il deviendra culte au fil des années), il permet néanmoins à Christian Bale de gagner en visibilité aux yeux des studios, toujours sensibles aux performances d’acteurs. 

Portrait Christian Bale : Le corps et l’esprit
The Machinist © 2004 Paramount Classics
  • L’envol de la chauve-souris :

Cette capacité de Bale à transformer son corps et à disparaître dans un personnage a influencé la décision de le faire jouer dans « Batman Begins », le premier chapitre de la trilogie de Christopher Nolan. Il reprend les kilos qu’il avait perdu et enfile pour la première fois le masque du Chevalier noir en 2005, insistant particulièrement sur la construction psychologique du héros, une prestation profonde du super-héros dans une atmosphère sombre et énigmatique imaginée par Nolan qui prouve qu’un récit sombre peut trouver un écho auprès du grand public.

Bale fait revivre un personnage qui avait été mis de côté par la Warner Bros après une série de retours décevants couronnés par l’échec commercial et critique de « Batman & Robin » (1997). Une victoire personnelle pour l’acteur qui a accepté le rôle peu avant le décès de son père fin 2003, un événement qui l’a amené à douter de son envie de poursuivre sa carrière. 

Le blockbuster n’est pas encore sorti que sa suite : « The Dark Knight » est officiellement commandé par le studio. Entre temps, il ne se repose pas sur ses lauriers avec le polar « Bad Times » première réalisation de David Ayer, scénariste de « Training Day », suivi en 2006 de sa seconde collaboration avec Nolan dans « Le Prestige », un duel de magicien dantesque face à Hugh Jackman

La même année se livre une nouvelle fois à une impressionnante perte de poids pour le drame de guerre « Rescue Dawn » dirigé par Werner Herzog. On le retrouve ensuite dans « I’m Not There » (2007) de Todd Haynes qui représente au travers de six acteurs les différents aspects de la vie de Bob Dylan, puis il partage l’affiche avec Russell Crowe dans le western « 3 h 10 pour Yuma » de James Mangold.

Portrait Christian Bale : Le corps et l’esprit
Le Prestige Photo by Francois Duhamel - © Touchstone Pictures and Warner Bros. Pictures

Il enfile à nouveau le costume de l’homme chauve-souris pour un deuxième volet qui dépasse le premier opus au box-office et impressionne la critique, notamment pour sa confrontation avec son antagoniste le Joker, incarné par Heath Ledger dont la prestation à quelque peu éclipsé la sienne. 

L’énorme succès de « The Dark Knight » prendra malheureusement une tournure bien dramatique ; après qu’un technicien ai trouvé la mort lors d’une cascade, le corps de Ledger est retrouvé sans vie dans son appartement, entouré de médicaments, point final morbide d’une performance démente saluée d’un Oscar à titre posthume ; pour couronner le tout, la sortie du film est entachée de la tragédie survenue à Aurora au Colorado, lorsqu’un individu affublé d’un costume s’apparentant à celui du Joker a ouvert le feu sur les spectateurs.

Il fait ses adieux au personnage de Bruce Wayne en 2012 avec « The Dark Knight Rises », conclusion explosive de la trilogie signée Nolan, il laisse son empreinte à ce super-héros mythique et s’inscrit, à l’instar de Michael Keaton, comme l’un des meilleurs interprètes du fils de Gotham.

The Dark Knight : Le Chevalier noir © TM &DC Comics.2008 Warner Bros. Entertainment Inc
  • Un acteur de poids :

Mais avant de définitivement ranger la batmobile dans la cave, Bale a eu le temps d’endosser un autre rôle culte, celui de John Connor dans « Terminator Renaissance », blockbuster destiné là encore à relancer une franchise populaire. Mais cette fois, l’entreprise est un échec et la trilogie qui était prévue se voit être annulée. Avant de tourner, avec une meilleure fortune, « Public Ennemies » (2009) de Michael Mann, dans lequel il fait face, en tant qu’agent fédéral Melvin Purvis, au célèbre bandit John Dillinger, incarné par Johnny Depp.

Mais surtout, c’est entre les deux dernières aventures de Batman, qu’il décroche son premier Oscar pour son interprétation d’un ex-boxeur accro au crack dans « Fighter » en 2010. Un rôle qu’il a pourtant bien failli refuser pour faire une pause carrière, mais il se laisse finalement convaincre par les arguments de Mark Whalberg qui voyait en lui la personne idéale pour jouer son frère dans le film de David O. Russell.

Après une série de rôles plutôt physiques, il passe à nouveau par la case régime et perd une vingtaine de kilos en muscles afin de coller au mieux au physique disgracieux de son personnage. Le film est acclamé par la critique tandis que sa performance est saluée de toute part, outre l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, il décroche également le Golden Globe dans la même catégorie.

Portrait Christian Bale : Le corps et l’esprit
Fighter © 2010 - Paramount Pictures

Après avoir mis un terme à ses aventures super-héroïques, il renoue avec des productions plus modestes commercialement qui incarnent le revers de la médaille du rêve américain dans toute sa splendeur. On le retrouve ainsi dans « Les Brasiers de la colère » (2013) de Scott Cooper, thriller sur fond de crise sociale passé injustement inaperçu malgré un brillant casting et un scénario bien ficelé. 

Il renoue cependant très vite avec le succès en collaborant à nouveau avec David O. Russell sur « American Bluff » (2013) pour lequel il se montre à nouveau prompt aux métamorphoses physiques : il prend cette fois dix-huit kilos pour donner vie au ventripotent et dégarnit escroc Irving Rosenfeld, à tel point que Robert De Niro ne l’aurait pas reconnu sur le plateau. Sauf que cette fois, il n’en sort pas indemne puisque cette nouvelle transformation lui occasionne une sévère hernie et lui abîme deux disques de la colonne vertébrale.

Un épisode à la suite duquel il décidera de cesser ces régimes brutaux à l’avenir…

Portrait Christian Bale : Le corps et l’esprit
American Bluff Photo by Francois Duhamel - © 2013 Annapurna Productions LLC
  • Tomber pour mieux se relever :

Christian Bale a beau être un acteur confirmé, cela ne l’empêche pas de faire certains choix discutables, comme en atteste son rôle dans le péplum titanesque « Exodus : Gods and Kings », que beaucoup considère, à juste titre, comme l’un des pires films jamais réalisé par Ridley Scott. La suite n’est pas franchement d’un meilleur acabit avec l’expérimental « Knight of Cups » (2015) de Terrence Malick, peu apprécié aussi bien par la critique que par le public, il en ira de même pour « Song to Song » deux ans plus tard, décidément l’association Bale/Malick ne fait pas des étincelles.

Il forme ensuite un quatuor qui a fière allure aux côtés des stars masculines Brad Pitt, Ryan Gosling et Steve Carell dans « The Big Short : le Casse du siècle » (2016), comédie dramatique sur fond de finance. Sans être phénoménal, le long-métrage d’Adam McKay parvient à trouver son public. 

Après avoir donné la réplique à Oscar Isaac dans le drame historique « La Promesse » (2017), il entame un retour au premier plan et enchaine depuis lors les prestations enthousiasmantes. Cela commence avec « Hostiles » (2018), western dans la plus pure tradition où il incarne un capitaine de l’armée américaine chargé de ramener un chef indien sur ses terres. Accompagné par la belle Rosamund Pike, il livre une prestation à la fois intense et tout en retenue avec un côté taciturne qu’il maîtrise à la perfection. Le film, qui marque ses retrouvailles avec Scott Cooper, est encensé par la critique malgré un score assez timide au box-office.

Photo by Lorey Sebastian - © Yellow Hawk, Inc.

Il se voit ensuite confier par Adam McKay le rôle de Dick Cheney pour le biopic politique « Vice » et alors qu’il s’était juré de ne plus prendre de risques avec son corps, on le découvre à nouveau méconnaissable dans la peau du vice-président de Georges W. Bush. Pour camper cet homme puissant, le réalisateur ne voyait personne d’autre que lui : « Je ne sais pas qui d’autre que lui aurait pu incarner ce personnage, et s’il avait refusé, j’aurais sans doute renoncé à faire le film. (…) Personne n’avait de doute sur la capacité de Christian à jouer ce rôle. (…) Comme il l’a déjà prouvé, sa faculté de transformation et son engagement total dans son travail d’acteur sont incomparables. On savait qu’il allait devoir énormément travailler et tout ce qu’on souhaitait, c’était qu’il nous dise oui. »

Un choix payant tant l’acteur donne vie à son personnage, il est littéralement Dick Cheney. Il ne faut pourtant pas résumer sa prestation d’acteur à sa spectaculaire prise de poids, Bale a bien étudié son sujet et réussi une incroyable interprétation suite à laquelle il décrocha un Golden Globe et fut nominé à l’Oscar du meilleur acteur, coiffé au poteau par Rami Malek pour son rôle de Freddy Mercury, le chanteur de Queen dont l’immense popularité a sans doute pesé dans le choix du jury. 

© Matt Kennedy / Annapurna Pictures

Enfin, en 2019, il forme un superbe duo avec Matt Damon dans la passionnante fresque automobile « Le Mans 66 » de James Mangold. Il irradie une nouvelle fois l’écran de son immense talent dans ce rôle de chien fou, un homme à la fois déchiré par sa passion dévorante qui le consume et sa volonté d’assumer son rôle de père de famille.

On le retrouve en 2022 dans l’imparfait « Thor: Love and Thunder » en Gorr, le boucher des dieux qui a de furieux airs de Voldemort. Il est d’ailleurs bien la bonne surprise et la seule satisfaction du film, avec une présence magnétique et plus sombre que le « Dark Knight ». 

Il transforme encore une fois son physique et joue à merveille dans le dernier long-métrage de David O. Russell aux côtés de Margot Robbie et John David Washington dans« Amsterdam » qu’il ne peut sauver du flop au Box-Office. 

© 2019 TWENTIEH CENTURY FOX

En 2023, l’acteur refait une fois de plus équipe avec le cinéaste  Scott Cooper après le dramatique « Les Brasiers de la Colère » et l’excellent « Hostiles » en jouant dans l’adaptation du roman de Louis Bayard, « The Pale Blue Eye ».

Il incarne dans ce thriller humain efficace Augustus Landor, détective rongé par un passé tragique dont le combat intérieur n’explose pas à l’écran. Sobre et tout en retenue, son duo avec Harry Melling qui incarne un jeune Edgar Allan Poe fonctionne parfaitement et ravira les amateurs du genre.  

Critique « The Pale Blue Eye » (2023) : Behind Bale Eye - ScreenTune
Photo prise par SCOTT GARFIELD © 2022 Netflix, Inc

Christian Bale est un acteur unique en son genre, prêt à tout pour entrer dans les rôles qui lui sont confiés, ils ne sont pas nombreux à pouvoir se targuer d’avoir une telle exigence avec eux-mêmes ni de s’infliger autant de mal afin de rentrer dans la peau de leurs personnages. Depuis maintenant vingt ans, il met ainsi son corps à rude épreuve, apparaissant tantôt émacié, tantôt corpulant, son poids oscillant entre 55 kilos dans « The Machinist » et 103 kilos dans « Vice ».

Si ses fluctuations physiques impressionnent, ce ne sont qu’une partie de l’iceberg car s’il fait partie des meilleurs représentants de son art, il le doit uniquement à son talent et à sa force d’interprétation. Il émane de l’interprète de Batman une telle assurance, une telle densité qu’il attire toute l’attention sur lui et sort toujours du lot, cette force de jeu si naturelle, c’est bien cela l’apanage des plus grands.

Plus qu’un acteur, Christian Bale est un phénomène, un monstre de travail et de charisme et un des comédiens les plus doués de sa génération.

Bale-man !

Damien Monami –  Mise à jour le 29 janvier 2024

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