Il était une fois en Belgique.
Bienvenue à Marwen
Quelle étrange injustice que celle de la carrière de Robert Zemeckis, pionnier des effets spéciaux contemporains avec des œuvres comme « Qui veut la peau de Roger Rabbit », « Retour vers le Future » « Le Pôle Express » ou encore « La Légende de Beowulf » et immense figure de la pop culture. Le cinéaste a souvent été comparé à son illustre ami Steven Spielberg alors qu’il s’en démarque à plus d’un point.
Le réalisateur de « Forrest Gump » est pourtant désormais appréhendé par le public et les critiques avec une certaine condescendance. Ce qui est bien dommage.
La preuve avec son dernier long métrage « Bienvenue à Marwen » porté par Steve Carell (vu récemment dans « Vice ») sorti dans l’indifférence générale en Europe et non distribué en Belgique. Une incompréhension globale même après son échec au Box-Office américain où il s’est fait volé la vedette par « l’Aquaman » de James Wan.
Pourtant, Zemeckis semble retrouver tout son talent en s’attaquant à un sujet qu’il est probablement le seul à pouvoir traiter : lui-même, et plus largement, son cinéma.
Avec « Bienvenue à Marwen », le cinéaste signe l’une de ses plus éblouissantes réussites…
Synopsis :
L’histoire de Mark Hogancamp, victime d’une amnésie totale après avoir été sauvagement agressé, et qui, en guise de thérapie, se lance dans la construction de la réplique d’un village belge durant la Seconde Guerre mondiale, mettant en scène les figurines des habitants en les identifiant à ses proches, ses agresseurs ou lui-même.
« Bienvenue à Marwen » nous raconte l’histoire vraie de Mark Hogankamp relatée dans un documentaire intitulée « Marwencol », ex-illustrateur victime d’une violente agression un soir à la sortie d’un bar.
Après plusieurs jours de coma, celui-ci s’est réfugié dans le monde imaginaire de Marwen (petite ville belge inventée par l’artiste), dans laquelle ses figurines prennent vie, le terrain de jeu parfait pour Zemeckis qui a toujours su montrer comment l’imagination artistique a pu être un véhicule pour réparer un esprit brisé.
Un projet taillé pour le metteur en scène de « Retour vers le Future », qui a toujours aimé éclabousser le septième Art de son délectable imaginaire et qui trouve ici un sujet à la mesure de son talent (et de ses qualités).
Son nouveau long métrage entretient de nombreux liens avec ses œuvres précédentes dans lesquelles le cinéaste confronte ses héros à la bêtise, à l’intolérance, à la cruauté, à la violence et aux blessures de la vie. Tout cela pour mieux mettre en exergue leur capacités à se guérir, à évoluer puis à s’élever vers de nouvelles dynamiques.
Et ce qui était valable pour « Forrest Gump » à l’époque l’est toujours aujourd’hui pour « Bienvenue à Marwen », où le personnage principal utilise son art tout en faisant preuve d’une résilience et d’une inventivité inouïes, sans même sembler s’en rendre compte.
Une œuvre d’une générosité constante de par ses thématiques, ses effets spéciaux et son scénario, ce nouvel exercice de Zemeckis est un mélange de drame psychologique, de romance, de comédie sous forme d’animation et de récit d’espoir pour l’être humain meurtri.
Le personnage de Mark Hogankamp va devoir affronter ses démons et ses cicatrices pour les dépasser et transcender son existence. Une émouvante réflexion sur l’art et la vie dans laquelle Zemeckis déploie une quantité de concepts et de nuances qui bouleversent perpétuellement le spectateur.
Une aventure poétique et grandiose dont la plus grande force est son incroyable capacité à alterner entre une réalité sombre et les évasions dans ce monde imaginaire animé dans lequel les poupées des comédiens vivent des péripéties délirantes dans ce petit village belge.
« Bienvenue à Marwen » brille par sa virtuosité constante et son scénario magnifique dans sa manière d’aborder l’exorcisation d’un trauma via la fabrication d’un monde imaginaire comme une construction mentale pour réparer une vie explosée en morceaux.
Même constat du côté des acteurs, qu’ils incarnent la version en chair et en os de leur personnage où leur version de plastique, notamment un Steve Carell habité et bouleversant encore une fois dans un rôle dramatique.
Robert Zemeckis prouve, s’il le fallait encore, qu’il est un maître de la « performance capture » avec « Bienvenue à Marwen ». Le cinéaste fait preuve d’une inventivité visuelle incroyable et pousse la technologie à un niveau jamais atteint. Les doublures numériques des acteurs sont criantes de vérité, au point qu’il faille souvent s’y reprendre à deux fois pour discerner le virtuel du réel.
Zemeckis signe une ode touchante à la guérison, à la fois inventive, drôle, brillante visuellement splendide mais aussi superbement portée par Steve Carell et un casting exemplaire. « Bienvenue à Marwen » est sans aucun doute l’un des plus brillants exercices de son réalisateur. Un superbe feel good movie à voir absolument !
Note : 8/10
Julien Legrand – Le 31 mars 2019
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