En huit épisodes violents et plus tourmentés les uns que les autres, Fabien Nury fouille les recoins assez nauséabonds d’une société sans scrupules où les termes « Liberté, Egalité, Fraternité » ne sont valables que pour les frontons des mairies de la capitale. C’est là tout le paradoxe d’une série qui joue trop sur la reconstitution historique (par ailleurs d’excellente facture) au détriment de la solidité et du rythme de son intrigue. Au contraire de la série « Vienna Blood » qui dépeint la société Viennoise mais sans digressions trop élaborées afin de maintenir l’intensité de ses énigmes. De même le choix louable de faire émerger des femmes ; l’avocate Jeanne Chauvin (incarnée par Eugénie Derouand) ; une courtisane-espionne (l’actrice canadienne Évelyne Brochu (« Orphan Black », « Thanksgiving ») et une épouse toxicomane (Valérie Dashwood,) correspond plus à des soucis existentiels de notre époque qu’à un apport judicieux à l’enquête. Quant au casting, il se compose de visages peu connus ou peu identifiables afin de brouiller les pistes sur les enjeux de cette ténébreuse mosaïque.
En appuyant davantage sur la trame sociétale au détriment de l’enquête, le showrunner a raté son objectif. Son choix de multiplier et de développer les portraits de personnages ayant existés et une certaine envie de vouloir y refléter les dérives nationalistes ou populistes actuelles tend à faire oublier qu’il s’agit avant tout d’une fiction et non d’un documentaire historique. Certains choix de mise en scène, certains détails inutiles et une lenteur excessive empêchent « Paris Police 1900 » de pouvoir se comparer à d’autres séries développées dans un contexte historique telles que « Boardwalk Empire », « Vienna Blood » et surtout « Peaky Blinders » qui ont pu capitaliser sur d’excellents premiers rôles et des scénarii plus percutants pour emporter l’adhésion des téléspectateurs.
Espérons que de notables corrections seront apportées dans une saison 2 qui serait déjà programmée.
Note : 5/10
Yves Legrand– Le 11 février 2021