Une Lycanthropie culte !

Le Loup-Garou de Londres

Dans le paysage des films d’horreur, quelques œuvres se démarquent comme des pierres angulaires, marquant leur empreinte indélébile sur un genre entier. « Le Loup-garou de Londres » de John Landis est de cette trempe et continue d’influencer le cinéma contemporain.

Mais qu’est ce qui rend ce film poilu aussi spécial ? C’est peut-être la transformation cultissime en Lycan sortie de l’imagination de Rick Baker avec en fond sonore la musique Blue Moon de Sam Cooke ? Ou alors ce cocktail entre drame, horreur et humour soutenu par la musique iconique d’Elmer Bernstein ?

Partons ensemble pour une balade sanglante et poilue au clair de lune !

Critique « Le Loup-Garou de Londres » (1981) : Une Lycanthropie culte ! - ScreenTune
© 1981 Universal Home Video

Synopsis :

Deux américains en vacances en Angleterre échouent dans un petit village où ils sont agressés par une créature indéterminée après avoir été jetés du pub local. David, seul survivant, se retrouve à l’hôpital où une infirmière se prend d’affection pour lui. Une belle idylle contrariée par le fait que David risque bien d’être un loup-garou.

  • John Landis, le roi du second degré :

Alors qu’il avait commencé sa carrière avec « Schlock » sorte d’hommage à « King Kong », dans lequel un monstre aux allures de singe tombait amoureux d’une jeune femme en 1971, John Landis va surtout se faire connaître dans la comédie avec « Hamburger Film Sandwich » en 1977 écrit par David et Jerry Zucker, les auteurs de « Y a-t-il un pilote dans l’avion ». Un film à sketchs délirants qui deviendra culte. L’année suivante, il réalise « American College » scénarisé avec Harold Ramis (« Ghostbusters ») et interprété par John Belushi que le cinéaste va retrouver en 1981 dans la comédie culte « Les Blues Brothers », son œuvre la plus célèbre avec aussi Dan Akroyd. C’est également lui qui mettra en scène le clip « Thriller » de Michael Jackson.

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Finalement, John Landis revient à son premier amour du fantastique avec son projet d’un film de Loup-garou qui mûrissait depuis 1969. En effet, alors que le cinéaste travaillait en Yougoslavie à l’époque sur le tournage de « De L’or pour les Braves » avec Donald Sutherland et Clint Eastwood, il tombe sur un enterrement de tziganes lors duquel le corps est enterré profondément avec les pieds enveloppés dans de l’ail pour que le défunt ne ressuscite pas.

Landis se demande alors ce qu’il se passerait si un mort revenait le hanter, une idée qui le fait directement penser aux films de monstres d’Universal et donc au loup-garou.

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  • Un équilibre subtil entre Horreur et Comédie :

Ce qui rend « Le Loup-garou de Londres » différent des autres films de lycanthrope, c’est d’abord son réalisateur. En effet comme nous venons de le mentionner, la carrière de John Landis est presque entièrement tournée vers la comédie.

Le cinéaste parvient habilement à mêler comédie noire avec de nombreux éléments horrifiques. Citons notamment le passage au zoo qui tranche véritablement avec l’atmosphère dramatique et horrifique du long métrage.

Ajoutons à cela des dialogues qui rendent les personnages plus vivants et attachants pour trancher avec l’atmosphère macabre (notamment la rencontre entre David et les fantômes de ses victimes dans un cinéma porno), ce qui rajoute encore une tonalité désespérée et loufoque à l’ensemble.

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John Landis parvient à naviguer avec équilibre entre tous ces genres sans qu’aucun d’entre eux ne prennent le dessus sur les autres, un choix qui influencera plus tard Edgar Wright avec « Shaun of the dead » et Drew Goddard avec « La Cabane dans les bois » ou encore Sam Raimi la même année avec « Evil Dead » et « Jusqu’en enfer ».

Pourtant, Landis n’en oublie pas la tragédie de la malédiction qui pèse sur David Kessler (David Naughton), lui qui vient de perdre son ami et entame une relation avec une jeune infirmière avant sa transformation en loup-garou affamé.

La mythologie de la lycanthropie est parfaitement respectée avec la transmission par morsure mais aussi innovante avec l’ajout des victimes dévorées qui errent dans les limbes jusqu’à ce que le dernier porteur de la malédiction soit tué. Ajoutons à cela des scènes de meurtres violentes et bien gores et vous obtenez un cocktail horrifique réussi !

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  • Une transformation traumatisante !

« Le loup-garou de Londres » a choqué et marqué les esprits surtout grâce à la transformation de David Kessler en bête assoiffé de sang. Une métamorphose sortie tout droit de l’esprit de Rick Baker qui décrocha d’ailleurs LE premier Oscar du meilleur maquillage (il en gagnera encore 6 autres !). L’artiste parvient à nous tétaniser à l’aide de maquillages et d’effets mécaniques qui n’ont pas pris une ride.

Une scène douloureuse et brutale filmée sous une lumière crue avec de long plans séquences ainsi que des effets révolutionnaires même s’ils sont arrivés après un autre film de loup-garou sorti la même année  :  « Hurlements » de Joe Dante.

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La métamorphose devant être la plus réaliste possible, Rick Baker décida de l’aborder d’une façon très scientifique comme il l’explique à Cinefex : « J’ai décidé d’aborder la transformation par le biais d’une comparaison d’anatomie entre l’homme et le loup. En effet, ce sont deux vertébrés avec de nombreux os similaires mais de proportions différentes. J’ai dressé une liste des principaux changements puis j’ai réfléchi à la manière dont nous pourrions en faire un un costume ».

En effet, plusieurs colonnes vertébrales et de mécanismes ont été construits avec plusieurs commandes superposées sous la peau d’un animatronique complexe pour lequel il fallait 10 techniciens pour le faire fonctionner de manière coordonnée.

Rick Baker avouera même avoir été déçu du plan de transformation de la mâchoire après avoir passé des mois à travailler sur le mécanisme. En effet John Landis n’a exigé qu’une seule prise d’environ sept secondes. Le maquilleur a eu le sentiment d’avoir perdu son temps jusqu’à ce qu’il assiste à une projection du film et que le public présent a applaudi pendant ladite séquence de sept secondes.

Un immense travail réalisé par Rick Baker à qui l’on doit aussi les maquillages de « La Planète des Singes » de Tim Burton, du « Grinch » ou encore « Men in Black ».  

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  • London Calling :

Le choix de tourner dans la capitale anglaise a indéniablement contribué au charme du « Loup-garou de Londres », avec son brouillard indissociable, Londres offre un paysage adéquat à l’atmosphère tragique du film. John Landis brouille d’abord les pistes en nous emmenant dans les landes comme si nous étions dans « Le Chien des Baskerville » pour la première attaque pour ensuite transformer « La City » en personnage à part entière avec ses rues sombres et ses ruelles sinistres comme terrain de chasse.

Un choix qui inspirera d’autres cinéastes comme Danny Boyle avec « 28 jours plus tard » et « The Descent » de Neil Marshall.

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  • Une musique mémorable :

Enfin comment ne pas mentionner la bande originale du légendaire Elmer Bernstein (« Les Dix Commandements », « La Grande Evasion » ou encore « Du silence et des ombres ») qui participe grandement à la création de cette ambiance angoissante et mélancolique. Les autres musiques, notamment les chansons « Blue Moon » de The Marcels reprise par Sam Cooke lors de la transformation ou encore « Bad Moon Rising » de Creedence Clearwater Revival sont entrées dans l’imaginaire collectif et sont désormais indissociables des images horrifiques du « Loup-Garou de Londres ».

Critique « Le Loup-Garou de Londres » (1981) : Une Lycanthropie culte ! - ScreenTune
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Il est toujours difficile de dépoussiérer un mythe, pourtant John Landis est parvenu avec « Le Loup-Garou de Londres » à nous offrir le meilleur film sur les Loups Garous.

Un mélange réussi entre plusieurs genres avec une bonne dose de drame, un parfum d’épouvante et un zeste d’humour macabre et vous obtenez un chef d’œuvre qui a hanté les nuits de nombreux cinéphiles grâce à ses effets spéciaux iconiques et son ambiance angoissante. 

Tout comme « Hurlements » sorti la même année qui rapporta 17 millions de dollars, le long métrage de John Landis connaît un énorme succès avec plus de 30 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis, ce qui entraînera une mode avec plusieurs films du même genre comme « La Compagnie des Loups », de Neil Jordan ou encore « Peur Bleue » (pas le film de requin !) de Daniel Attias, tiré d’un roman de Stephen King.

NOTE :

0 /10

Avec le « Hurlements » de Joe Dante, « Le Loup-Garou de Londres » est désormais une référence sur les lycanthropes, qui depuis il faut bien le reconnaître, n’ont plus vraiment eu l’occasion de briller au clair de lune n’en déplaise à « Underworld », « Wolf » (1994), « Wolfman » (2010), « Le Loup-Garou de Paris » (1998) ou encore « Dog Soldiers » (2002) et « Skinwalkers » en 2007…

Peut-être que nos hurlements se feront entendre pour un autre bon film sur nos chères bêtes poilues ?

Julien Legrand – Le 4 novembre 2023

Sources Photos : 

© 1981 Universal Home Video

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