Portrait de Morgan Freeman : Le Vieux Sage.
Retour sur la carrière de Morgan Freeman à travers des rôles cultes à la pelle qui ont fait de lui une sorte de vieux sage toujours enclin à épauler ses cadets.
Pilote de son destin
Dans la riche histoire du cinéma hollywoodien, il est des acteurs dont le nom s’inscrit en lettre d’or. Steve McQueen est de ceux-là, le « King of Cool » a construit sa légende en incarnant à l’écran des anti-héros taciturnes et solitaires qui ont fait de lui un symbole de la contre-culture. Ce passionné de sport automobile a introduit une nouvelle image de l’acteur américain : non-conventionnel, rebelle et d’un charisme brutal.
La personnalité borderline de McQueen à l’écran correspondait à ce qu’il était dans la vraie vie. L’acteur ne s’est jamais vraiment remis de son enfance instable et sans repères, menant une vie d’excès, entre conduites dangereuses au volant de ses bolides et consommation de substances illicites, sans compter les liaisons tumultueuses avec ses femmes.
A travers une trentaine de films, l’acteur de « Bullit » et de « La grande évasion » s’est construit la réputation d’un homme imparfait et sans complexe dont la personnalité sulfureuse continue encore à captiver le public quarante ans après sa disparition.
Retour sur une carrière brève et intense à l’image de cet acteur mythique.
Une jeunesse tourmentée :
Avant même qu’il ne voit le jour, le 24 mars 1930 dans l’Indiana, il est écrit que la vie ne fera pas de cadeaux à Terrence Stephen McQueen. Six mois avant sa naissance, son père, William McQueen, un pilote d’avion et ancien militaire de la Navy, abandonne le navire, laissant sa mère, travailleuse du sexe, dans le désarroi le plus total. Et ce n’est que le début des ennuis… il a trois mois lorsque cette dernière, alcoolique et incapable de faire face à la parentalité, décide de le confier à son oncle dans le Missouri. Il passe son enfance dans la ferme de son grand-oncle, Claude W. Thomson, exploitation laitière d’une quarantaine de vaches.
Mais tout se complique à l’aube de l’adolescence, lorsque sa mère refait surface pour l’emmener avec elle à Los Angeles. Ne lui pardonnant pas de l’avoir abandonné, le jeune Terrence fuit rapidement ce nouveau foyer dans lequel il est régulièrement confronté à la violence de son beau-père et commence à traîner dans les rues. Faisant fi de toute autorité, il devient vite incontrôlable pour sa mère qui le renvoi à plusieurs reprises dans le Missouri au cours des années suivantes.
Jeté en bas d’un escalier par son beau-père, McQueen, alors agé de 16 ans, quitte définitivement sa mère et commencé à fréquenter les gangs locaux. Frôlant la délinquance, il est envoyé en maison de correction après s’être fait prendre à voler des enjoliveurs. Au cours des 14 mois qu’il a passés à la California Junior Boys Republic de Chino, McQueen a été mis à l’isolement à plusieurs reprises pour avoir tenté de s’échapper.
Une expérience qui changera sa vie, l’acteur déclarera des années plus tard s’était appuyé sur ces souvenirs pour jouer les scènes « les plus froides » dans certains de ses films comme « La grande évasion » ou encore « Papillon ».
Trouver sa route :
McQueen a 17 ans lorsqu’il s’engage dans le corps des Marines sous les conseils de l’un de ses surveillants avec qui il s’est lié d’amitiés. Il passera trois ans à Myrtle Beach en Caroline du Sud, où il est pilote de char et mécanicien dans la 2e division des Marines. Au cours de son service, il a été promu soldat de première classe pour avoir sauvé plusieurs camarades de la noyade lors d’un exercice d’entraînement dans l’Arctique.
Finalement rétrogradé en simple soldat pour être parti rejoindre sa petite amie , il est démobilisé en 1950. Il va alors enchaîner les petits boulots (docker, bûcheron,… ) avant de s’installer à Greenwich Village, quartier bohème de New York. C’est là qu’il se lie d’amitié avec Mark Rydell, un étudiant en art dramatique et décide de tenter sa chance comme acteur. Il profite du G.I. Bill, aide financière à laquelle les anciens marines ont droits, pour s’inscrire à la célèbre Neighborhood Playhouse en 1951, puis étudie à l’école HB Studio durant 2 ans, et à l’Actors Studio de New York.
Il fait ses premiers pas à Brodway en 1955 dans la pièce « A Hatful of Rain ». C’est à la fin d’une représentation qu’il rencontre la danseuse Neile Adams, qu’il épouse le 2 novembre 1956, et part s’installer à Las Vegas où celle-ci a trouvé un emploi comme danseuse dans un casino. Il décroche la même année un premier rôle dans « Marqué par la Haine » de Robert Wise mais n’est pas crédité au générique.
Deux ans plus tard, le couple emménage à North Hollywood où l’acteur, qui se fait désormais appeler Steve McQueen sous les conseils de son agent, obtient un rôle dans la série western « Trackdown ». Prêt à tous pour percer, il accepte en 1958 de jouer dans « The Blob », film de série B qui deviendra plus tard un classique d’horreur et de science-fiction. Un choix qui s’avère payant puisqu’il lui permet de se faire remarquer par le producteur Dick Powell ; impressionné par le jeu de l’acteur, ce dernier lui offre le rôle-titre dans la série « Au nom de la loi ». McQueen y incarne Josh Randall, un chasseur de primes solitaire dans l’Ouest américain, ce personnage de rebelle solitaire et sans peur devient, en peu de temps, l’une des figures télévisuelles les plus connues d’Amérique.
L’immense succès de la série, clôturée en 1961, lui ouvre les portes d’Hollywood, il tourne en parallèle pour John Sturges dans le film de guerre « La Proie des vautours » qui le révèle auprès des cinéphiles. Il répond à nouveau à à l’appel du réalisateur pour rejoindre l’impressionnant casting du western « Les Sept Mercenaires » (1960), adaptation du film d’Akira Kurosawa « Les sept samouraï ». Aux côtés d’acteurs confirmés comme Yul Brynner, et Charles Bronson, l’acteur fait tout son possible pour se faire remarquer et voler la vedette à ses partenaires.
Libéré de ses obligation télévisuelle en 1961, Steve McQueen commence à enchainer les rôles sur grands écrans ; il remplace d’abord Carry Grant pour la comédie « Branle-bas au casino » puis joue dans les films de guerre « L’Enfer est pour les héros » et « L’Homme qui aimait la guerre ».
Il retrouve John Sturges à l’été 1962 pour le tournage en Allemagne de « La Grande Évasion » dans lequel il incarne un captif allié dans un camp de prisonniers allemand de la Seconde Guerre mondiale. Bien décidé à imprimer sa marque dans ses rôles, il menace de claquer la porte si ses scènes ne sont pas réécrites. Pris de panique, la United Artists accepte de lui associer un scénariste pour améliorer son personnage par l’ajout de certains détails comme les accessoires de baseball qui lui donnent ce côté cool caractéristique. C’est Steve McQueen lui-même qui suggère d’intégrer des scènes de moto, ce qui donnera lieux à l’une des cascades les plus mythiques de l’histoire du cinéma.
Sorti quelques mois plus tard, « La Grande Évasion » rencontre un immense succès à travers le monde et installe définitivement McQueen comme l’un des acteurs les plus populaires de sa génération. Dans le même temps, une réputation d’acteur incontrôlable commence à lui coller à la peau dans le milieu, ses exigences tout au long du tournage finissent par exaspérer John Sturges, qui ne veut plus diriger l’acteur.
Ne voulant pas se cantonner à des rôles d’action-man, il accepte la proposition de Robert Mulligan et s’essaye pour la première fois au drame dans « Une certaine rencontre » (1963). Il y incarne un jeune musicien bohème se retrouvant soudain confronté à la paternité suite à une relation qu’il croyait sans lendemain, le duo qu’il forme avec la sublime Natalie Wood émeut le public.
Il connait ensuite un premier passage à vide suite à ses apparitions mitigées dans « La Dernière Bagarre » et « Le Sillage de la violence », qui feront douter ses fans pour la suite de sa carrière. Mais celui-ci est de courte durée puisqu’il rencontre à nouveau le succès dès l’année suivante en incarnant le joueur de poker Eric Stoner, actif durant les années 30, dans « Le Kid de Cincinnati ». Le tournage de ce film est l’occasion pour lui de jouer sous la direction de Norman Jewison, ce dernier parvient à canaliser la fougue de l’acteur qui livre une de ses prestations les plus abouties, puisant dans son enfance difficile, il montre une facette glaçante de sa personnalité. C’est le début d’une relation de confiance mutuelle entre les deux hommes, McQueen voyant en Jewison une sorte de grand frère.
En 1965, il est à l’affiche du western « Nevada Smith », avant de s’embarquer pour le tournage long et intense de « La Canonnière du Yang-Tsé » sous la direction de celui qui a lancé sa carrière, Robert Wise. Le tournage de cette épopée dramatique se déroule en partie à Hong Kong et à Taïwan, l’acteur y met à profit son expérience dans l’armée et donne vie à un personnage taiseux, supprimant plusieurs de ses lignes de texte pour renforcer les répliques les plus importantes. A sa sortie, le film rencontre un immense succès critique avec notamment huit nominations aux Oscars, dont celle de meilleur acteur pour Steve McQueen, dont ce sera l’unique nomination de sa carrière.
Après une pause de trois ans consacrée à sa passion pour les courses automobiles, il revient sur le devant de la scène avec « L’Affaire Thomas Crown » de son ami Norman Jewison. Il délaisse ses habituels rôles de cowboy et de soldat pour celui d’un millionnaire séducteur et excelle une fois encore par sa capacité à exprimer son jeu par les non-dits et les jeux de regards, notamment lors de la scène culte de la partie d’échecs. Son duo glamour avec Faye Dunaway, avec qui il échange le baiser le plus long du cinéma, marque à jamais les esprits.
La même année, le film policier « Bullit » lui donne l’occasion d’allier son métier d’acteur à sa passion pour l’automobile avec une course poursuite dans les rues de San Francisco entrée dans la légende. Une scène qu’il a lui-même imaginée, des voitures utilisées à l’itinéraire emprunté, le réalisateur Peter Yates lui ayant laissé carte blanche. La scène, très réaliste, est le point culminant du film qui fera de McQueen une icône de la contre-culture.
Fort de se succès, l’acteur tente sans grande réussite de poursuivre sur cette lancée en produisant plusieurs films sur le sport automobile. En résulte un projet avorté avec « Day of a Champion », le scénario étant jugé trop léger, et surtout l’échec de « Le Mans » en 1970. John Sturges qui avait juré de ne plus travailler avec McQueen accepte néanmoins de le réaliser, choix qu’il aura tôt fait de regretter ; outre les dépenses excessives et la faiblesse du scénario, ce sont les lubies et le comportement plus que limite du comédien, entre abus de drogue et diverses conquêtes féminines, qui sont en causes, ce dernier délaissant l’équipe du film au profit des pilotes à la suite d’une altercation avec Sturges, qui finira par jeter l’éponge.
« Le Mans » sera un échec à tous points de vue pour McQueen, financier d’abord puisqu’il conduira à la faillite de sa société de production, Solar Productions. Personnellement ensuite, ses nombreuses frasques lors du tournage, ainsi que sa paranoïa, excédent son épouse Neile Adams, qui finira par demander le divorce en 1972.
Ce revers ne l’arrête pas puisqu’il joue à deux reprises pour Sam Peckinpah : la comédie dramatique « Junior Bonner » dans lequel il incarne un champion de rodéo et surtout le polar ultra violent « Guet-apens ». Il y tient le rôle d’un braqueur engagé dans une course poursuite pour échapper ses anciens associés qui veulent sa peau. C’est lors de ce tournage qu’il rencontre Ali MacGraw, sa partenaire à l’écran. Alors mariée à Robert Evans, célèbre patron de la Paramount, elle tombe sous le charme de l’acteur qu’elle épouse un an plus tard. Un mariage qui fit scandale, entachant la réputation de McQueen ; à leur divorce cinq ans plus tard, MacGraw déclarera qu’il pouvait se montrer violent physiquement.
En décembre 1973, il tient le rôle-titre du film d’aventure « Papillon », adapté du roman éponyme d’Henri Charrière. Son interprétation du bagnard est resté dans les mémoires, aux-côtés de la star montante de l’époque Dustin Hoffman, McQueen se donne corps et âme en incarnant un homme qui s’effondre et dont l’humanité est mise à mal, bien loin de ses rôles habituels d’hommes durs à cuire.
Sous la direction de Franklin J. Schaffner, le tournage de « Papillon » est des plus éprouvants pour l’acteur. Installée en Jamaïque, l’équipe du film doit faire avec une chaleur moite et torride pendant des journées de douze heures. L’acteur multiplie pourtant les efforts physique et les cascades, dont celle dans laquelle son personnage saute d’une falaise à pic dans la mer qu’il effectue lui-même. Éprouvé par ce tournage, il se met en retrait des plateaux pendant quelque temps.
On le retrouve un an plus tard dans le film catastrophe « La Tour Infernale » qui regroupe une pléiade de star de l’époque dont Paul Newman, qu’il considère comme son rival depuis leurs débuts communs dans « Marqués par la Haine ». Son égo étant ce qu’il est, McQueen insiste auprès de la production pour obtenir le même nombre de réplique ainsi qu’une visibilité plus importante sur les affiches. Afin d’être le plus crédible possible dans son rôle de capitaine des pompiers, il suivit une formation de deux semaines auprès de vrais professionnels.
Immense succès commercial lors de sa sortie, ce film sera, à posteriori, le dernier de McQueen à avoir un réel impact auprès du public. Son image commence alors à se détériorer, Il prend du poids, porte la barbe et la rumeur de supposés problèmes de toxicomanie commence à enfler ; sauf qu’il est sans le savoir rongé par un cancer des poumons.
Il reste trois ans sans tourner, refusant de nombreuses propositions dont le premier rôle dans « Apocalypse Now ». Sa carrière s’achève prématurément avec « Le Chasseur », sorti en 1980. après le tournage du film, une biopsie révèle un cancer de la plèvre incurable, habituellement associé à l’inhalation d’amiante, particules auxquelles il a été exposé lors de ses courses durant lesquelles il portait combinaisons ininflammables qui en étaient imprégnées.
Refusant la chimio, il se rend au Mexique contre l’avis de ses médecins pour subir une opération visant à lui retirer une tumeur. Il décède dans son sommeil la nuit suivant l’intervention, à seulement 50 ans, le 7 novembre 1980. Ses cendres sont dispersées dans l’océan Pacifique.
En seulement vingt ans de carrière, Steve McQueen a laissé son empreinte de façon considérable dans l’histoire du cinéma, incarnant à la fois la coolitude et la virilité. Un acteur inimitable, qui derrière une image d’homme fort entretenue par les nombreux western et films d’actions auxquels il a pris part, cache une sensibilité enfouie. Comme sur les circuits automobiles, il a mené sa carrière à toute allure, traçant la route vers la gloire, sans jamais regarder dans le rétro, jusqu’à une tragique sortie de piste.
Légende parmi les légendes, McQueen aura marqué les esprits par sa nature désinvolte et non conformiste. Loin des standards hollywoodiens de l’époque, il incarne le sentiment de liberté propre à la jeunesse des années soixante. Aujourd’hui encore, ses rôles les plus mythiques continuent de charmer les cinéphiles et d’être des sources d’inspiration pour de nombreux acteurs.
Une figure immortelle et intemporelle du septième art.
Damien Monami – Le 29 mars 2023.
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