La noirceur du récit se reflète dans l’ambiance générale du long métrage, la photographie oscille entre ténèbres et pâles éclairages comme pour souligner le caractère ambivalent de ces malheureux qui cherchent la lumière par la souffrance. Par son approche sobre et discrète, « Le Diable, tout le temps » s’inscrit dans une veine classique propre au cinéma américain d’après-guerre et ses polars noirs.
L’auteur du roman, Donald Ray Pollock est lui-même influencé par les plus grands auteurs « noir » comme William Faulkner (« Le bruit et la fureur »,…) ou Cormac McCarthy (« La Route », « Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme »,…) et cela se ressent dans son récit.
C’est d’ailleurs ce dernier qui officie en voix-off tout au long du film et accompagne de son timbre guttural les protagonistes en partageant les pensées des personnages et en résumant leurs histoires. Il confère au film une atmosphère de conte et permet d’épaissir son contenu.
Un reproche qu’on pourrait faire à la réalisation d’Antonio Campos, c’est que malgré sa grande noirceur, on ne fait qu’effleurer l’horreur, on sent qu’elle est omniprésente dans cette ville mais on en est tenu à l’écart. En ce sens, le réalisateur n’a semble-t-il pas été au bout de ses idées comme a pu le faire une série comme « True Detective » qui dans sa première saison n’a pas eu peur de nous montrer le gore de front. Ici, malgré les atrocités commises à l’écran, on ne ressent pas vraiment de malaise.