2. « Reservoir Dogs » (1992) :
Nous sommes en 1992, un polar au titre incompréhensible fait sensation sur la Croisette à Cannes. Avec ses gangsters impitoyables, ses dialogues savants, sa trame à cran d’arrêt, ses facéties sur la culture pop et son intense violence, « Reservoir Dogs », premier long métrage de Quentin Tarantino, vole littéralement la vedette à la palme d’or.
Co-produit par Harvey Keitel, tombé sous le charme du scénario, le film suit le parcours de six braqueurs aux pseudos colorés projetant le casse d’une bijouterie. Mais le hold-up tourne au fiasco suite à l’intervention de la police, menant les survivants, regroupés dans un hangar, à chercher parmi eux le flic infiltré.
Narrateur atypique, Tarantino se divertit à réajuster l’ordre attendu grâce à un scénario complètement déstructuré. Par des flashbacks savamment orchestrés, il se joue du spectateur qui finit désabusé, ayant tantôt un coup d’avance par rapport aux personnages (il connaît l’identité de la taupe), étant tantôt pris au dépourvu.
Ses antihéros sont une bande de criminels qui tuent des policiers sans sourciller, mais se préoccupent des gens de leur entourage de façon chevaleresque et passent leur temps à débattre de l’éthique des pourboires ou du sens de la chanson « Like a Virgin » de Madonna. Ce sont certes des personnages de genre mais ils sont ancrés dans la réalité, il y a donc en eux un cœur, une impulsion humaine.
Dans ce premier coup de maître signé Tarantino, on trouve dans la brochette de personnages haut en couleur qu’il nous présente, des acteurs de grand talent (Keitel, Steve Buscemi, Tim Roth, etc.) un premier condensé de son univers.