2. « L’Impasse » (1993) de Brian De Palma :
Pour sa seconde collaboration avec De Palma, pile dix ans après « Scarface », l’acteur fraîchement oscarisé livre une prestation de haute volée, toute en nuance, où l’on ressent toute son expérience, dans ce qui s’apparente à un miroir inversé de l’histoire de Tony Montana.
C’est également un retour aux sources pour Pacino, qui n’avait pas eu un rôle aussi complexe et consistant depuis longtemps : celui de Carlito Brigante, un truand qui, à sa sortie de prison, est inexorablement entraîné, contre sa volonté, dans un engrenage fatal.
Dans « Scarface », Tony Montana se révélait trop en avance sur sa propre époque. Sa désinvolture bling-bling et son arrivisme de nouveau riche le conduisait à sa perte dans un monde régi par des principes immuables. Ici, le héros semble à l’inverse en retard sur son temps. Carlito est désormais l’étranger d’un pays dont il a été le roi, lui dont le code d’honneur jure avec un milieu mafieux beaucoup plus anarchique et décadent que celui qu’il a connu avant son incarcération.
Tout au long du film, Al Pacino est constamment renvoyé de la sorte à son passé filmique, via la fougue de son partenaire Sean Penn dans le rôle de l’avocat véreux David Kleinfeld, qui tire les ficelles de cette lente et inexorable descente aux enfers, et du jeune Benny Blanco, nouvelle étoile montante du crime organisé et sorte de clone de Tony Montana.
Froidement accueilli lors sa sortie en 1993, « L’Impasse » est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands films de son auteur et offre à Al Pacino une de ses performances les plus abouties.