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Le clown mélancolique

Robin Williams

Il y aura bientôt six ans, le 11 août 2014, on apprenait avec stupeur le décès par pendaison de l’interprète de « Madame Doubtfire » à l’âge de 63 ans ; découvrant au passage que derrière sa légendaire bonhomie se cachait une toute autre réalité. Sa disparition a laissé un grand vide dans le monde du cinéma qui perdait là un de ses plus beaux joyaux.

Il a considérablement marqué les esprits entre la fin des années 80 et le début des années 2000 grâce à ses rôles dans des comédies familiales comme « Hook ou la Revanche du capitaine Crochet » et « Jumanji », ainsi que dans des drames tels que « Le Cercle des poètes disparus » et « Will Hunting » ; son sens inné pour l’improvisation et sa voix entraînante ont fait des merveilles, notamment avec le personnage du génie dans « Aladdin », qu’il incarne à la perfection. 

Tout au long de sa carrière, il a travaillé avec certains des plus grands cinéastes de notre temps : Steven Spielberg, Barry Levinson, Peter Weir, Terry Gilliam ou encore Christopher Nolan ; illuminant de son talent les écrans du monde entier.

Retour sur le parcours d’une étoile partie trop tôt.

  • L’humour comme bouclier :

Robin McLaurin Williams a vu le jour à Chicago, dans l’Illinois, le 21 juillet 1951 ; il passe la majeure partie de sa jeunesse à Bloomfield Hills, banlieue huppée de Detroit (Michigan) où son père est cadre supérieur pour le constructeur automobile Ford dans la région du Midwest tandis que sa mère, ex-mannequin est devenue femme au foyer. Il est le fruit du remariage de ses parents qui ont déjà eu, chacun de leur côté, un fils plus âgé issu d’une première union.

Bien qu’il grandisse dans un cadre aisé, il est loin d’être un enfant heureux ; un père souvent absent et qui se montre très sévère lorsqu’il est présent et une mère qui ne lui donne aucune affection. Le petit Robin, garçon grassouillet et timide se renferme sur lui-même : « Quand j’étais petit, mes seuls amis étaient imaginaires. »

Il débute sa scolarité à la Detroit Country Day School puis se retrouve, au début  de l’adolescence dans une école pour garçon semblable à celle du « Cercle des poètes disparus » selon ses dires. Malmené aussi bien physiquement que moralement, il se réfugie d’abord dans le sport puis commence à prendre conscience de son potentiel comique et passe son temps à faire des imitations : « Je me suis mis à raconter des blagues pour éviter de me prendre des raclées. »

Son déménagement en Californie avec sa famille, à l’âge de 16 ans, est vécu comme une délivrance par le jeune homme. Très vite, Robin Williams s’intéresse aux arts dramatiques et intègre une troupe d’improvisation où il fait forte impression à ses partenaires… ce qui lui permet de prendre confiance. Le petit garçon timide qu’il était laisse alors place à une forte personnalité, pleine de ressources, au caractère débridée.

Déterminé, l’adolescent décide de s’inscrire dans une fac de théâtre. Après avoir étudié aux universités de Claremont et de Marin County, il obtient, en 1973, une bourse à la prestigieuse Juilliard School de New York où il suit l’enseignement de la crème des professeurs d’art dramatique américains. Durant ses trois ans d’études, il se lie d’amitié avec Christopher Reeve, connu pour son rôle de « Superman ».

  • Extra-terrestre, cocaïne et épinards :

Au terme de son cursus, Robin Williams retourne en Californie et commence à se produire dans des cabarets de San Francisco et se fait rapidement un nom dans l’univers du stand-up. Son jeu survolté, passant sans transition d’une imitation de Brando à une parodie de rockeur hystérique puis à une réflexion sociétale, il prend tous les risques et cela fonctionne…

Mais comme pour beaucoup d’artistes comiques, il y a un revers à la médaille : le jeune homme se lance corps et âme dans ses prestations, il ne se ménage pas et commence à prendre de la cocaïne pour tenir le coup, il se met également  à boire : « On se consume et c’est épuisant. Sans parler de l’hygiène de vie : on fait la fête, on boit, on se drogue. Quand on est en tournée, c’est encore pire. »

En 1976, alors qu’il se produit sur la scène du Comedy Store à Los Angeles, il se fait remarquer par le réalisateur Garry Marshall qui lui offre le rôle de l’extra-terrestre Mork dans un épisode de la célèbre sitcom « Happy Days ». Sa prestation est ahurissante, son personnage totalement improvisé parle d’une voix nasale et haut-perchée, se met sur la tête pour s’asseoir sur un siège.

Son apparition est si convaincante et le public tellement conquis par ce personnage déluré que la production offre à l’acteur sa propre série dérivée « Mork and Mindy ». Lancée en 1978, la série dénote par son écriture, le scénario se dessine au gré de ses improvisations ; un rôle qui lui vaut la même année le Golden Globe du « meilleur acteur dans une série télévisée musicale ou comique ».

Un succès qui lui monte quelque peu à la tête : il vit sa célébrité avec frénésie et accumule les excès. C’est au moment où il est proche de « péter un plomb » qu’il voit son rêve de cinéma se réaliser. Il incarne le célèbre marin de cartoon « Popeye », accro aux épinards quant à lui, dans un film mis en scène par Robert Altman. Sorti en 1980, ce film lance sa carrière sur grand écran ; le cinéma grâce auquel il arrive enfin à se canaliser : « Avant, il fallait que j’aille faire la fête et que je me donne à 100%. Dorénavant, j’écoute et je me détends. »

  • Good Morning… mon capitaine !

Une carrière cinématographique qui ne tarde pas à décoller ; peu de temps après ce premier succès, son rôle dans « Le monde selon Garp » lui offre la possibilité de dévoiler une autre facette, encore méconnue, de son jeu : conscient du potentiel de son poulain, le réalisateur George Roy Hill incite Robin Williams à diminuer son débit et à laisser ses facéties de show-man de côté. « C’est quelqu’un de vif, d’impulsif, de drôle et de chaleureux, Robin fait partie des rares comédiens qui, même s’ils sont souvent ‘à fond’, ne le sont jamais à tort et à travers. » se félicite-t-il. 

Avec ce rôle, il découvre une toute autre facette de son jeu qu’il ne soupçonnait pas jusque-là, ce qui se ressent dans ses choix de carrière. Peu après la naissance de son premier enfant, Zack, en 1983, il est à l’affiche du passable « Les survivants » avant d’enchainer plusieurs films intéressants : d’abord « Moscou à New York » (1984) où son interprétation d’un saxophoniste russe paumé face au mode de vie américain lui vaut une nomination aux Golden Globes dans la catégorie meilleur acteur ; puis « La dernière passe » (1985) où il donne la réplique à Kurt Russell et enfin « Club Paradis » en 1986.

Mais c’est sous la direction de Barry Levinson que sa carrière va définitivement exploser avec la comédie dramatique « Good Morning Vietnam ». Il excelle dans la peau d’Adrian Cronauer, animateur radio survolté et irrévérencieux au sein des forces armées américaines au Vietnam, dévoilant une large palette d’émotions. Une prestation désopilante et d’une intensité rare ; pourtant, il ne tombe jamais dans l’excès, il a toujours la bonne intonation au bon moment ; son appel tonitruant résonne encore aux oreilles de ceux qui ont eu la chance de voir ce film devenu culte en grande partie grâce à lui.

Un rôle qui le propulse au rang de star planétaire, lui qui avait déjà conquis l’Amérique grâce au Saturday Night Live. Auréolé du Golden Globe de meilleur acteur, il ne tarde pas  à remettre le couvert avec une nouvelle prestation de haute volée…

Robin est choisi par le réalisateur Peter Weir pour le rôle de Monsieur Keating, mentor facétieux, incisif et discret dans « Le Cercle des poètes disparus ». Il montre encore une fois son talent pour passer du rire aux larmes et représente un vrai idéal de pédagogie. Il est la voix de la conscience culturelle, qui pousse à la remise en question ; un « capitaine » dans les mains duquel se forme une fervente génération de contestataires, un guide poétique que chaque élève qui se respecte rêverait d’avoir un jour comme professeur .

Il campe ce personnage avec force et sincérité, irradiant non seulement l’écran de sa sensibilité, mais également le casting des étudiants. Ses disciples suscitent, tout comme leur mentor, la tendresse et l’empathie du spectateur. Une performance qui ne fait que confirmer son savoir-faire et lui vaut une nomination bien méritée aux Oscars en 1990 dans la catégorie meilleur acteur.

  • « Il n’y a pas de règles, suivez votre cœur » :

À la suite de ses deux prestations qui confirment sa capacité d’empathie et scellent son immense popularité, les années 90 vont le voir enchaîner les rôles marquants. Robin Williams connaît alors une période faste qui va durer dix ans ; une réussite qu’il doit en grande partie à sa seconde épouse Marsha, son pilier, celle sans qui il aurait sombré, celle qui gère sa carrière si l’on en croit le réalisateur Peter Kassovitz « Il faut passer par Marsha pour atteindre Robin. Puis, c’est elle qui décide s’il doit voir le scénario qu’on lui propose. »

C’est ainsi qu’il prend part à des films qui lui ressemblent : en particulier des comédies dramatiques où son génie comique et son humanité font merveille.

À commencer par « L’Éveil », adaptation de Penny Marshall du roman autobiographique « Awakenings », paru en 1973. Il incarne un jeune médecin dont les méthodes révolutionnaires vont permettre à des patients psychiatriques dont Léonard Lowe (Robert De Niro) ;  victime d’une maladie qui le coupe de la réalité et le rend mutique depuis l’âge de 11 ans ; de guérir. Un drame touchant dans lequel sa complémentarité avec l’acteur des « Affranchis » détonne.

Pendant les années qui suivent, il va tourner à une allure folle avec en moyenne trois films par ans. En 1991, il joue successivement sous la direction des britanniques Kenneth Branagh et Terry Gilliam : en détective dans « Dead Again » pour le premier puis en clochard bouleversant dans « The Fisher King : Le Roi pêcheur » pour le second, interprétation pour laquelle il décroche une nouvelle nomination aux Oscars et remporte un Golden Globe.

Mais ces œuvres, bien qu’honorables, sont occultées par l’un des succès de l’année auquel il prend part : « Hook ou la Revanche du capitaine Crochet », adaptation très personnelle signée Steven Spielberg du roman pour enfant Peter Pan. Devant la caméra du maître du divertissement, il apparaît dans une version adulte de l’enfant qui refusait de grandir, devenu père de famille et homme d’affaires occupé. Aux-côtés de Dustin Hoffman, brillant dans le rôle du Capitaine Crochet, et de Julia Roberts, en pétillante Fée Clochette, il offre une interprétation remarquable d’un Peter Pan qui a perdu son innocence.

Après des retrouvailles mitigées avec Barry Levinson dans « Toys » (1992) où il erre dans un monde où les jouets sont à taille humaine, il se diversifie quelque peu par le biais du doublage de film d’animation. Et pas n’importe lequel puisse qu’il s’agit d’« Aladdin », un des plus gros succès des studio Disney, dans lequel son interprétation magistrale du Génie en a fait un personnage plus iconique encore que le héros qu’il accompagne.

Un rôle à la mesure de son talent ;  tellement fait pour lui que les concepteurs travaillant sur le projet se sont largement inspirés de son visage et de ses mimiques pour créer le Génie. En plus de lui prêter sa voix et ses traits, il reçoit carte blanche pour animer son personnage comme il l’entend, les sketchs portés à l’écran son entièrement de son fait. Une fois n’est pas coutume, la promotion du film par Disney se fait par le biais de son acteur vedette plus que par son histoire.

Un énième succès bientôt suivi par l’une de ses performances les plus marquantes sous son accoutrement de « Madame Doubtfire » (1993). Une nouvelle prouesse pour l’acteur, doté pour l’occasion d’un physique élastique et d’un visage joyeusement grimaçant ; il alterne humour et émotion avec grâce, dotant le long-métrage de Chris Colombus d’un curieux mélange de gags désopilants et de bons sentiments. Cette histoire d’un père en procédure de divorce et prêt à se travestir pour continuer à voir ses enfants est l’archétype même des comédies dramatiques pour toute la famille typiques de ces années-là.

Mais en 1994, il connait un coup dur personnel avec l’accident de son ami Christopher Reeve, rendu tétraplégique à la suite d’une violente chute à cheval. Fortement marqué par cet évènement, il prend congé des plateaux durant quelques mois pour rester au chevet de son ancien camarade de classe et de sa famille. Reeve racontera que c’est son pote Robin qui lui a rendu le sourire pour la première fois : « Un jour, il est entré dans ma chambre  sans prévenir, grognant quelque chose avec un accent russe, m’informant qu’il était proctologue et qu’il allait devoir m’examiner. Ce fut la première fois que je riais depuis l’accident, après ce jour, je savait que ma vie allait s’améliorer. » Après cet incident, il prit la résolution de ne plus boire une goutte d’alcool et de se concentrer sur sa carrière.

  • Un acteur générationnel :

Ce qui l’amène à une véritable madeleine de Proust pour enfants de la génération Y ;  un film qu’ils ne sont pas prêt d’oublier : « Jumanji ».

D’abord un roman de Chris Van Allburg ; énorme succès outre-Atlantique méconnu en Europe ; c’est l’histoire d’un jeu de société prenant vie. Sous la houlette de Joe Johnston, « Jumanji » avait pour ambition de mettre en image l’invasion d’une petite ville tranquille des États-Unis par une jungle peuplée d’animaux féroces et facétieux.

Alan Parrish, jeune garçon esseulé, découvre dans un chantier jouxtant l’usine à chaussure de son paternel une mystérieuse boîte en bois : un jeu de société magique dans lequel il va se retrouver enfermé pendant 25 ans…  libéré par le coup de dés de deux enfants, on le retrouve sous les traits d’un Robin Williams sauvage à barbe hirsute, venu les aider à finir la partie. C’est lui qui porte le film sur ses épaules ; bien aidé par une galerie d’animaux sauvages plus vrais que nature pour l’époque ; il rend son personnage ultra crédible, celui d’un adulte avec les codes d’un enfant. Il se démène dans un rôle sensiblement différent qu’à l’accoutumée, plus exigeant physiquement, avec quelques scènes d’actions bien senties, mais il ne perd pas sa bonhomie pour autant. Un rôle entre exigence et décontraction dans un film aux allures Spielbergienne dont les récentes « suites » avec Dwayne Johnson font peine à voir.

Il poursuit avec quelques rôles moins marquants mais de bonnes factures tout de même, on le retrouve ainsi, en cette même année 1995, à l’affiche d’« Extravagances » ; puis des apparitions dans « Jack » de Francis Ford Coppola et dans « Hamlet » de Kenneth Branagh l’année suivante, surtout marquée par son retour en voix du Génie dans « Aladdin et le Roi des voleurs » après un différend avec Disney qui l’avait vu refuser de prendre part au doublage du « Retour de Jafar » en 1994 au grand regret du public.

Très en verve en seconde partie des nineties, il enchaîne les tournages tel un boulimique ; sur la seule année 1997, il prend part à pas moins de quatre films dont l’une des meilleures prestations de sa carrière avec « Will Hunting » de Gus Van Sant. Dans ce long-métrage écrit par Matt Damon et Ben Affleck, ses partenaires à l’écran, il incarne le psychologue Sean Maguire, qui n’est pas sans rappeler son rôle dans « Le Cercle des poètes disparus ».

Un personnage qui par son empathie parvient à instaurer une relation de confiance avec Will ; jeune homme surdoué au caractère impulsif qui a connu une enfance difficile ; et à l’aider à exorciser ses démons. Son duo avec Matt Damon respire la complicité, celle d’un maître et de son disciple, avec ce fou rire imprévu devenu culte après que le réalisateur ait décidé de le garder au montage. En plus de lancer les carrière des deux jeunes acteurs, « Will Hunting » offre la consécration à Robin Williams qui se voit récompensé de l’Oscar du « meilleur acteur dans un second rôle », mieux vaut tard que jamais.

Une année faste donc qui le voit enchaîner les projets dans des registres différents : parmi ceux-ci, on peut également retenir son rôle de scientifique loufoque dans la comédie pour enfants « Flubber », produit par les studios Disney avec lesquels il s’est réconcilié.

Il poursuit sa route avec « Au-delà de nos rêves » (1998), magnifique fable sur l’après vie. Une œuvre à l’esthétisme onirique dans laquelle il est plus bouleversant que jamais. Plus terre à terre, il interprète ensuite un étudiant en médecine qui croit avec conviction en une approche plus humaine de la médecine basée sur le rire dans la comédie dramatique « Docteur Patch ».

Il clôture la décennie avec deux superbes prestations : d’abord la comédie dramatique historique sur l’holocauste « Jacob le menteur », remake d’un film hongrois réalisé par Peter Kassovitz (père de Mathieu) puis, enfin, la comédie de science-fiction « L’Homme bicentenaire » basée sur un roman d’Isaac Asimov qui explore avec intelligence des questions d’humanité et de moralité ; un film pour lequel il retrouve Chris Columbus.

Malgré leurs qualités respectives, ces deux films ambitieux font un flop au Box-Office. Des revers qui, l’air de rien,  amorcent le déclin de l’acteur…

  • « La réalité… Quel drôle de concept ! » :

À l’entame du millénaire, il répond à la demande de Steven Spielberg pour être le narrateur principal de son nouveau long-métrage « AI – Intelligence artificielle », puis connaît à nouveau l’échec avec « Photo Obsession » de Mark Romanek et « Crève, Smoochy, crève ! » de Danny DeVito.

Il faut attendre 2002 avec « Insomnia » pour qu’il connaisse à nouveau un véritable succès sous la direction d’un cinéaste prometteur, un certain Christopher Nolan. Et quoi de mieux pour relancer une carrière dans le creux de la vague qu’un rôle à contre-emploi ? Dans ce thriller psychologique, il campe avec brio Walter Finch, un assassin jouant au chat et à la souris avec un policier insomniaque incarné par Al Pacino. Avec ce rôle, Robin Williams est loin de la comédie et du drame ; le voir interpréter un méchant tranche avec le reste de sa carrière et démontre, s’il le fallait encore, toute l’étendue de son talent.

Le film est un immense succès critique et public et on se dit alors que sa carrière va repartir de l’avant. Pourtant ce nouvel élan va se briser net : en 2004, l’acteur perd coup sur coup ses parents ainsi que son meilleur ami, Christopher Reeve, qu’il a toujours soutenu depuis son accident. Ces pertes, combinées à l’absence de nouveaux challenges le font sombrer à nouveau dans la dépression ; il replonge alors dans l’alcool et pour ne rien arranger, devient accros aux jeux vidéo ; des addictions qui le conduise à divorcer avec Marsha Garces, son pilier depuis 19 ans avec qui il a eu deux enfants.

À partir de ce moment, sa carrière va connaître, en même temps que sa vie, une véritable descente aux enfers. Sa dépendance à l’alcool rebute de nombreux réalisateurs à l’idée de l’engager ; il ne prend plus part aux projets d’envergures et doit bien souvent se contenter de seconds rôles.

Le dernier projet où il est en tête d’affiche « Final Cut » (2004) est un cuisant échec. La suite est une succession de désillusions, entrecoupées de quelques fulgurances dans des rôles mineurs ou via le doublage. Il prête ainsi sa voix dans les films d’animation « Robots » en 2005 et « Happy Feet » en 2006.

Il prend ensuite part à « La Nuit au musée » (2006) dans la peau du 26ème président des États-Unis, Teddy Roosevelt, qui fait office de guide au gardien du dit musée incarné par Ben Stiller. Premier volet d’une trilogie, le film n’a pas vraiment convaincu tout comme ses deux suites, sorties respectivement en 2009 et en 2014. On le retrouve de nouveau dans la peau d’un président américain, Dwight Eisenhower cette fois, dans « Le Majordome » (2013) de Lee Daniels, récit poignant sur la vie de Cecile Gaines (Forrest Whitaker) qui travailla trente-quatre ans à la Maison-Blanche, servant sept présidents américains. Un rôle plutôt anecdotique dans sa carrière, il parvient cependant à tirer son épingle du jeux dans les rares scènes où il apparaît.

  • Et soudain, le sourire se fige :

Entre temps, l’acteur de « Jumanji » connaissait ses premiers soucis de santé avec une opération à cœur ouvert en 2009, suivi d’un autre diagnostic cinq ans plus tard : en effet, l’acteur apprend qu’il est atteint de la maladie de Parkinson, mais aussi d’une forme sévère de démence appelée à se généraliser. Autant de mauvaises nouvelles qui viennent s’ajouter à une santé mentale déjà fragile.

Et puis c’est le drame… le 11 août 2014, le monde apprenait avec tristesse son décès tragique à l’âge de 63 ans. En l’absence de sa dernière épouse, Susan Schneider, le comédien s’était pendu avec sa ceinture sans dire adieu, laissant le souvenir d’un homme affable et sensible, à l’image de ses rôles les plus marquants au fond. Mais derrière son éternel sourire se cachait une réalité bien plus sombre, des souffrances qui trouvent leur source dans son enfance, celles d’un garçon en manque d’affection, tombé de son vélo et qui, selon les mots de Francis Ford Coppola, « ressembla toute sa vie aux enfants, sans en être un ».

Finalement, on s’est toujours demandé à quoi ressemblait un clown sans son maquillage, que reste-t-il une fois son nez rouge enlevé ? Des questions auxquelles Robin Williams avait apporté la réponse, comme il savait si bien le faire : « La comédie est souvent une façon cathartique de gérer un traumatisme. »

Sa disparition, c’est aussi celle d’Iphigénie Doubtfire, du Génie, d’Alan Parrish et de Monsieur Keating, c’est une part de notre enfance qui s’en va avec lui, emportant avec elle nos dernières traces d’insouciance vers le Pays Imaginaire. Pour lui, le paradis n’est qu’une nouvelle scène où il pourra toujours raconter ses blagues ; et si l’on en croit ses dires, il risque de faire irrespirable sur Terre car « À chaque fois qu’un ange rit au paradis, un homme pète sur terre. »

Génie comique au talent hors-pair et homme au grand cœur, Robin Williams fut un des acteurs les plus populaires de son temps. En plus de son talent pour la satire, il brille par la bienveillance et l’empathie qu’il dégage à travers des personnages qui lui ressemblent. Certains lui ont reproché de s’enfermer dans le registre de la comédie dramatique mais il est tellement doué pour ça qu’on ne peut lui en vouloir ; et puis il a prouvé avec un rôle comme « Insomnia » qu’il était capable de s’illustrer quel que soit le genre.

Robin Williams c’est aussi l’acteur d’une génération, celle qui a grandi dans les années 90, une décennie où il enchaîne les rôles cultes et est au sommet de son art. Un état de grâce qui dure finalement dix ans avant que ses vieux démons ne reprennent le dessus, le conduisant inéluctablement vers ce triste jour d’août 2014 où il a cessé de rire pour toujours.

Parti rejoindre son ami Christopher Reeve, il laisse une trace indélébile dans le cœur des spectateurs, celle d’un clown mélancolique !

Damien Monami – Le 21 juillet 2020

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