L’Ange blond !

Le Top des Meilleurs Films de Robert Redford

Pur produit de la côte californienne et ses beaux blonds au teint halé, Robert Redford s’est imposé dès le milieu des années soixante comme une valeur sûre du cinéma américain, surpassant rapidement l’image de sex-symbol qu’on cherchait à lui imposer. Celui qui se rêvait peintre a incarné plus que quiconque le rêve Américain dans ce qu’il a de plus noble, entre idéalisme, indépendance et esprit de liberté.

Devant ou derrière la caméra, le « Sundance Kid » nous aura offert des performances magnifiques dans des films aujourd’hui inscrits au panthéon du cinéma. Depuis sa révélation dans « Butch Cassidy et le Kid », il s’est forgé une incroyable filmographie comprenant des drames acclamés (« Les hommes du président », Out of Africa ») des superproductions classiques (« Les trois jours du Condor ») et exploré à peu près tous les genres.

En plus d’être un acteur acclamé, Robert Redford est un homme de convictions, il a mis sa prodigieuse filmographie au service de ses engagements politiques. Pionnier de la cause écologique et farouche critique des dérives des institutions, il a surtout contribué à l’émergence de nouveaux talents en leur laissant pour héritage un petit festival du film, fondé en 1985, qui est devenu l’un des principaux terrains d’essai d’Hollywood pour les sorties indépendantes.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, alors qu’il vient de prendre sa retraite après un dernier baroud d’honneur dans « The Oldman and the gun » de David Lowery, il temps de revenir sur les plus grands films de ce bon vieux Robert Redford.

Il n’est jamais trop tard pour se faire plaisir avec du bon cinoche, c’est parti !

Le Top des Meilleurs Films de Robert Redford : L'Ange Blond - ScreenTune
  • Petite bio :

Santa Monica, cela évoque la côte ouest des Etats-Unis, ses plages de sable blanc bordées de palmiers et ses surfeurs aux cheveux ondulés… c’est aussi là que voit le jour Charles Robert Redford, Jr. Le 18 août 1936, fils d’un laitier reconverti comptable pour une société pétrolière et d’une femme au foyer. Sa mère Martha, bien plus progressiste que son père, a eu une grande influence sur lui, elle le guide vers d’autre horizon, c’est elle qui lui donne l’amour des grands espaces, le désir de s’évader et d’aller voir toujours plus loin. A son contact, Bobby développe un goût prononcé pour tous ce qui a trait à l’art.

Durant sa jeunesse, Robert se distingue particulièrement en sport, notamment en baseball, ce qui lui permet d’obtenir une bourse d’étude à l’université du Colorado, mais tous ne se passe pas comme prévu. Sa mère décède d’une septicémie en 1955, le laissant très démuni ; profondément affligé par cette perte, il sombre dans l’alcool et perd pied dans ses études : « Je suis devenu l’ivrogne du campus et je me suis évanoui avant même d’avoir pu commencer ».

Il quitte l’université un an plus tard, certains affirment qu’il en a été exclu, et exerce quelques petits boulots sans grande réussite : « En fait, j’ai échoué dans tout ce que j’ai essayé. J’ai travaillé comme caissier dans un supermarché et j’ai été licencié. Puis mon père m’a trouvé un emploi à la Standard Oil, et j’ai été viré à nouveau ». Ne voyant pas d’issues favorables, il décide d’entreprendre un voyage en Europe, sur les traces de ses ancêtres, à la recherche de nouvelles perspectives. Une expérience révélatrice pour le jeune Redford qui va connaitre une vie de bohème.

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Photode Robert Redford en 1965. © AP Photo

Il fréquente pendant quelques mois une communauté étudiante à Paris, s’ouvrant à une nouvelle culture, d’autres formes d’art ainsi qu’aux enjeux politiques : « On me posait des questions sur la guerre d’Algérie qui était en cours, c’était très important en France à l’époque et j’étais humilié. J’avais honte de ne pas connaître grand-chose à la politique de mon pays. Lorsque je suis retournée en Amérique un an et demi plus tard, j’étais beaucoup plus concentrée sur mon pays, tant sur le plan culturel que politique ».

De retour aux Etats-Unis, il s’installe à New-York en 1957 et entame des études de design à l’Institut Pratt avant d’intégrer l’American Academy of Dramatic Arts, une des écoles les plus réputées pour se former au métier d’acteur. Mais un nouveau drame va frapper le jeune homme : lui et son épouse, rencontrée entre temps à Los Angeles, voient leur fils, âgé d’à peine cinq mois, succomber à la mort subite du nourrisson.

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© 2013 Liz O. Baylen / Los Angeles Times)

Dévasté par ce terrible évènement et incapable d’exprimer ouvertement ses traumatismes, Redford se consacre corps et âme au métier d’acteur et entame une carrière au théâtre. Il trouve refuge sur scène, le seul endroit où il parvient à extérioriser ses émotions, et apparaît pour la première fois à Broadway dans la comédie « Tall Story » en 1959, puis dans « The Highest Tree » la même année. En 1960, il décroche un des rôles principaux dans la pièce dramatique « Little Moon of Alban » aux côtés de l’actrice Julie Harris (« À l’est d’Eden »), puis connait un important succès grâce à la pièce « Pieds nus dans le parc » (1963) dans laquelle il partage l’affiche avec Jane Fonda, qu’il retrouvera quelques années plus tard dans l’adaptation au cinéma.

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Avec Paul Newman - Photo: Evan Agostini/Getty Images

Il fait ensuite ses débuts au cinéma avec une apparition non-créditée dans la comédie « La Tête à l’envers ». Sa carrière cinématographique ne tarde pas à décoller, il obtient d’abord des rôles importants dans des films mineurs comme « Situation désespérée, mais pas sérieuse » et « La guerre est aussi une chasse » – dans lequel il partage l’affiche avec un certain Sydney Pollack qui deviendra son mentor en tant que réalisateur, avec pas moins de sept collaborations à leur actif, et l’un de ses plus proches amis.

La suite on la connait… Robert Redford c’est une carrière qui s’étire sur 6 décennies, c’est plus de 70 films à son actif, dont certains sont entré au panthéon du cinéma, c’est aussi 9 films en tant que réalisateur dont un Oscar pour « Des gens comme les autres » … mais ça, c’est une autre histoire ou un autre TOP !

Le Top 10 de la rédaction :

Il est le Candidat, le Kid, l’un des hommes du président, Jeremiah Johnson, l’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux… Il a même contribué à modifier le cours du Marvel Cinematic Universe dans « Captain America : Le soldat de l’hiver » et remporté dans la foulée un Oscar pour l’ensemble de sa carrière. Devant ou derrière la caméra, Robert Redford nous aura offert des performances magnifiques dans des films aujourd’hui inscrits au panthéon du cinéma.

Voici donc, en toute subjectivité, les 10 rôles que nous considérons comme étant les plus marquants de son immense carrière.

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L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux - © 1998 Buena Vista Pictures

10. « Le Meilleur » (1984) de Barry Levinson

Le Film :

Roy Hobbs, un jeune joueur de baseball prometteur au lancer de feu, voit son souhait de faire une carrière professionnelle anéanti par un coup de revolver. Suite à ce drame, il reste en convalescence à l’hôpital durant deux ans. Une quinzaine d’années plus tard, alors qu’il est plus proche de l’âge de la retraite sportive que celui de ces débuts, il est recruté par le club professionnel des New York Knights. Au fil des matchs, il démontre qu’il est le meilleur.

Pourquoi faut-il le voir ?

Peu connu dans nos contrées, le second long-métrage de Barry Levinson fut pourtant un immense succès aux Etats-Unis, le public américain s’y étant identifié grâce à son sujet très ancré dans la culture du pays. Plus qu’un drame sportif, c’est un conte moderne sur les rêves brisés et l’envie de réussir coûte que coûte.

C’est un peu un retour aux sources pour Redford, lui qui aurait pu prétendre à une carrière dans le baseball dans ses jeunes années. Il incarne, avec un charisme magnétique, ce joueur de baseball prometteur qui voit sa carrière brutalement stoppée mais qui refuse la fatalité et finit, à force de volonté, par devenir le meilleur.

Servi par un excellent casting (Robert Duvall, Glenn Close, etc.), « Le Meilleur » est un excellent film sportif, certes très classique, rempli d’humanité et de poésie.

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Le meilleur © 1984 TriStar Pictures

9. « Votez McCkay » (1972) de Michael Ritchie :

Le Film :

Au cours des élections sénatoriales en Californie s’affrontent deux conceptions de la politique, l’idéalisme d’un jeune débutant dans la politique et le cynisme d’un politicien d’expérience.

Pourquoi faut-il le voir ?

Tout d’abord pour la petite anecdote, l’ancien président américain Barack Obama a déclaré que ce film de Robert Redford, était son film préféré… Pas encore suffisant pour vous ?

Ensuite parce que ce long métrage est toujours d’actualité en proposant une vision très réaliste du paysage politique américain. Qui avouons-le à très peu changé en presque 50 ans.

Si « Le Candidat » ne possède pas de grandes envolées de mise en scène, il vaut surtout pour la performance de Robert Redford en jeune politicien idéaliste et prometteur qui est choisi pour se présenter au Sénat des États-Unis. N’ayant aucun espoir de gagner, il décide de bousculer le système de façon radicale.

Le comédien confère à son personnage un juste équilibre afin de se démarquer de son image de beau gosse. Il alterne parfaitement entre la crédulité d’un jeune loup désirant faire accepter toutes ses promesses électorales et l’image d’un innocent avaler par la machine politique. Le film démontre habilement la fragilité de l’idéalisme face à la politique du monde réel. Il ne s’agit pas d’un processus politique ouvertement corrompu, mais d’un cheminement dans lequel la plupart des gens entrent avec les meilleures intentions du monde et que celles-ci sont réduites lentement à néant dans le but de conserver leur pouvoir et leur influence.

Une vision drôle, absurde et dérangeante de la politique moderne.

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Votez Mc Kay - © Warner Bros 1972

8. « All Is Lost » (2013) de J.C. Chandor :

Le Film :

Un homme voyage seul à travers l’océan Indien. Un matin, il découvre que sa coque est percée par un container flottant à la dérive.

Pourquoi faut-il le voir ?

Car il s’agit très certainement du dernier rôle d’envergure dans l’immense carrière de l’acteur, et quelle performance ! Du haut de ses 76 ans, Redford est tout simplement magistral, il impressionne autant par ses aptitudes physiques (grimper en haut d’un mât, se laisser traîner derrière le voilier, etc.) qu’émotionnelle.

La réussite du projet repose en grande partie sur la performance exceptionnelle de Redford, dont le langage corporel traduit non seulement le désespoir de sa situation, mais aussi la sagesse et l’expérience de son personnage. Sa remarquable gestion du silence amplifie l’angoisse de la situation vécue par ce marin solitaire, il donne une leçon de retenue alors que la situation semble désespérée.

De premier abord, si on peut se dire que le concept de l’homme seul face à l’océan et aux éléments qui se déchainent peut paraître déjà vu, « All Is Lost » se démarque par son côté radical avec le parti pris de plonger directement dans le feu de l’action, on ne saura rien d’autre de cet homme que la situation à laquelle il est confronté. La caméra reste fixée en permanence sur Redford, on vit littéralement avec lui. Avec ce drame survivaliste, l’acteur prouve qu’il n’est pas seulement une gloire passée, tel une force de la nature, il porte littéralement le film à flot.

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All Is Lost - Photo prise par Daniel Daza © 2013 - Roadside Attractions

7. « Propriété interdite » (1966) de Sydney Pollack :

Le Film :

Pendant la crise économique des années 30, un agent des chemins de fer, Owen Legate, est envoyé à Dodson, petite bourgade du Mississipi, avec pour mission de fermer une large partie des activités ferroviaires (la principale source de revenus de la ville), et de licencier du personnel. Il rencontre Alva Starr, jeune fille perdue et principal attrait de Dodson, et entame avec elle une relation amoureuse. Les deux amants devront alors échapper aux griffes de Hazel, la mère d’Alva, et au désir de vengeance des habitants. 

Pourquoi faut-il le voir ?

Tous simplement parce qu’il s’agit d’un des premiers rôles importants de la carrière de Robert Redford, marquant également le début d’une fructueuse association avec son ami Sydney Pollack. On y décèle déjà tout le savoir-faire du cinéaste tant au niveau de la narration et du rythme que des thématiques abordées.

Adaptation d’une courte pièce de Tennessee Williams, « Propriété interdite » est un mélodrame poignant sur fond de grande dépression. C’est un film sur la nature de nos rêves, de nos espoirs et leur dure confrontation avec la réalité incarnée par la relation tumultueuse entre une jeune femme aux rêves trop grands pour elle et un homme qui a déjà perdu ses illusions. Même s’il est quelque peu supplanté par Natalie Wood dont la performance est flamboyante, Redford, impressionnant de justesse et de sobriété, parvient à rendre émouvant un personnage peu aimable de prime abord.

« Propriété interdite » frappe par son incroyable modernité, sa mise en scène virevoltante, la richesse de son écriture (à laquelle un certain Francis Ford Coppola a participé) et la qualité de son interprétation.

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Propriété interdite - © Paramount Pictures 1966

6. « Out of Africa, souvenirs d’Afrique » (1985) de Sydney Pollack :

Le Film :

Une femme dirige avec son mari volage une plantation de café au Kenya. A son grand étonnement, elle va s’éprendre de cette terre et de son peuple.

Pourquoi faut-il le voir ?

Pour commencer, il s’agit du plus grand succès de la carrière de Sydney Pollack, adoubé aussi bien par le public que par la critique, avec pas moins de sept Oscars remportés pour onze nominations. S’inspirant notamment du roman autobiographique « La Ferme africaine » de Karen Blixen, « Out of Africa » retrace l’incroyable destin de cette jeune danoise qui partit s’installer sur le continent africain à l’aube de la Première Guerre Mondiale.

C’est l’histoire d’une passion ardente, qu’elle va développer, pour une terre et pour un homme, aussi sauvages l’un que l’autre.  Une fresque amoureuse où l’idylle, aussi intense que fugace, brille de mille flammes avant de se consumer et de lentement s’éteindre. Parmi les nombreux couples formés à l’écran par Robert Redford, le plus iconique est, sans conteste, celui qui l’unit à Meryl Streep dans cette poésie bouleversante de sentiments contrariés.

La beauté étincelante de cette histoire d’amour se mêle à celle des vastes paysages africains dont Sydney Pollack fait l’éloge. « Out of Africa » est une ode à ces étendues sauvages et indomptables, sublimées par la musique de John Barry. À travers les pensées de Karen, le film nous interroge sur le caractère éternel de la nature qui était là bien avant nous et sera encore là longtemps après notre passage sur terre.

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Out of Africa - Souvenirs d'Afrique © 1985 - Universal Pictures. All rights reserved.

5. « L’Arnaque » (1973) de George Roy Hill :

Le Film :

À Chicago, dans les années 1930, Johnny Hooker et son compère Luther Coleman volent l’argent transporté par un homme de main du caïd Doyle Lonnegan, sans connaître son identité. Coleman est aussitôt abattu par les hommes de Lonnegan, en mesure de rétorsion. Hooker se réfugie chez Henry Gondorff, un as de l’arnaque. Tous deux décident de venger la mort de Coleman en montant une gigantesque escroquerie destinée à ruiner Lonnegan.

Pourquoi faut-il le voir ?

Déjà pour la réunion du duo mythique Redford / Newman, dont l’alchimie transparaît à l’écran. Quatre ans après avoir formé la paire dans « Butch Cassidy et le Kid », le réalisateur George Roy Hill remet le couvert avec bonheur tant les deux comparses se régalent à jouer ensemble. Face à Paul Newman et son charisme magnétique, Redford excelle dans ce rôle taillé sur mesure – plus posé, plus réfléchi, calculateur et stoïque – il signe non seulement de l’une des meilleures performances de sa carrière, mais aussi de l’une des plus emblématiques.

Mais que serait un duo d’acteurs sans le reste, le métrage se démarque par son scénario d’une précision chirurgicale et ses dialogues facétieux. Couronné de sept Oscars dont celui du « meilleur film », « L’Arnaque » est une référence du film d’escroquerie, on prend plaisir à se laisser piéger tant les retournements de situation et autres coups de théâtre sont finement amenés. Sorti en plein essor du Nouvel Hollywood, le film constitue une sorte de charnière entre les travaux de cette génération montante d’auteurs et le savoir-faire de la vieille école.

« L’Arnaque » est un plaisir dont on ne lasse pas, on a le sourire aux lèvres en regardant Redford s’amuser avec son ami Paul Newman dans leur deuxième et dernier duo à l’écran.

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L'Arnaque - © 1973 - Universal Pictures.

4. « Les Trois Jours du Condor » (1975) de Sydney Pollack :

Le Film :

Joseph Turner, chercheur dans une des nombreuses “sous-section” de la CIA, est plongé dans une série d’événements atroces quand il découvre les activités clandestines au sein de l’Agence. Un jour, deux hommes arrivent à son bureau et liquident tous les employés, à l’exception de Turner qui parvient à s’échapper. Sous le nom de Condor, il traque les conspirateurs – et décide alors de tout révéler à la presse…

Pourquoi faut-il le voir ?

Les années 70 sont une période trouble aux Etats-Unis, marquées notamment par le retrait des troupes américaines du Vietnam, les chocs pétroliers ou encore l’affaire du Watergate. Des événements qui ont profondément ébranlé la confiance du peuple américain dans ses institutions. Le cinéma hollywoodien est lui en pleine mutation avec l’émergence de jeunes réalisateurs talentueux qui n’hésitent pas à aborder frontalement des thèmes sociétaux.

Parmi les films majeurs de cette période, « Les Trois Jours du Condor » redéfini les codes du film d’espionnage, on est loin du film d’action opposant gentlemans charismatiques et méchants machiavéliques. Très impliqué dans le projet, Redford voulu donner un ton plus politique à l’œuvre de James Grady (intitulé « Les Six jours du Condor »), d’une part en l’amputant de scènes d’action jugées superflues et d’autre part en remplaçant la drogue, élément central de l’intrigue, par le pétrole pour s’ancrer davantage dans l’air du temps et ses préoccupations (Bobby militait déjà pour les énergies alternatives).

Pollack adopte ici l’angle de l’homme ordinaire qui voit son univers s’effondrer et ses convictions les plus profondes remises en cause par la paranoïa ambiante. Servi par une réalisation précise et un brillant casting (Faye Dunaway, Max von Sydow), « Les Trois jours du Condor » est l’exemple même d’un cinéma à la fois divertissant et intelligent dans son propos.

Un thriller politique sombre et engagé à (re)découvrir absolument.

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Les Trois jours du Condor © 1975 - Paramount Pictures.

3. « Jeremiah Johnson » (1972) de Sydney Pollack :

Le Film :

Les années 1850. Jeremiah, ancien militaire, décide de fuir la violence des hommes et la civilisation pour gagner les hauteurs sauvages des montagnes.

Pourquoi faut-il le voir ?

Deuxième collaboration entre les deux hommes, « Jeremiah Johnson » est une œuvre fondatrice dans la carrière de Robert Redford et les valeurs qu’il veut transmettre. À travers l’histoire de ce personnage en quête de liberté, transparait l’identité propre de l’acteur et les prémices de son combat pour la préservation de l’environnement.

Quelque part entre l’idéalisme du western et le réalisme du documentaire, l’œuvre de Pollack est la quintessence de l’homme face à la nature indomptable et imprévisible. Inspiré d’une histoire vraie, « Jeremiah Johnson » est avant tout la quête existentielle de ce soldat fuyant la civilisation pour se confronter à sa nature profonde et qui doit réapprendre à vivre pour survivre dans ces vastes étendues sauvages et hostiles.

Plus généralement, la grande réussite du film est de faire vivre à l’écran ces montagnes sauvages ainsi que les êtres qui la peuplent dans leur dimension mystique, tous habités par l’environnement dans lequel ils évoluent.

Cette atmosphère onirique, c’est l’Amérique dans ce qu’elle a de plus beau à offrir mais le film évite toute forme d’idéalisation. Si la vie dans les montagnes à quelque chose de beau et de noble, elle est également parfois âpre et pénible ; elle n’échappe pas à la violence des hommes et la mort ne semble jamais très loin.

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Jeremiah Johnson - © Warner Bros 1972

2. « Les Hommes du président » (1976) de Alan J. Pakula :

Le Film :

L’histoire vraie de l’enquête menée par Carl Bernstein et Bob Woodward, deux reporters du Washington Post, qui révéla au grand jour le scandale du Watergate et aboutit à la démission du président Richard Nixon.

Pourquoi faut-il le voir ?

L’intérêt du film est double, celui de nous éclairer de manière captivante et très pédagogique sur cette affaire d’écoutes illégales dans les plus hautes sphères du pouvoir qui ébranla les Etats-Unis. Ensuite, celui de dévoiler, avec le plus grand des sérieux, les coulisses du journalisme d’investigation en nous plaçant au plus près des deux journalistes et de leur enquête qui a conduit à la démission du président Nixon.

C’est Redford lui-même qui a acquis les droits du livre écrit par les deux journalistes du Washington Post pour l’adapter le plus fidèlement possible au cinéma. Pour ce faire, il s’est entouré de ce qui se fait de mieux, dont Alan J. Pakula, cinéaste engagé, à la réalisation.  Ce dernier fait le choix de la sobriété, simplifiant au maximum la mise en scène pour mettre en avant la complexité de l’affaire dans un récit immersif et très prenant.

Enfin, comment ne pas évoquer le tandem que Redford forme avec Dustin Hoffman, incarnant respectivement Bob Woodward et Carl Bernstein. Entre le cynisme de l’un et la foi inébranlable de l’autre, la complémentarité du duo saute aux yeux et donne une crédibilité sans faille à la quête de vérité qui est en jeu.

Tous ces éléments, font des « Hommes du président » un modèle du thriller d’investigation.

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Les Hommes du Président - © 1976 Warner Bros.

1. « Butch Cassidy et le Kid » (1969) de George Roy Hill :

Le Film :

Braqueurs de banques redoutables, Butch Cassidy et son ami Sundance Kid s’attaquent à un train de l’Union Pacific. Après avoir dérobé le coffre d’un wagon blindé, les deux jeunes hors-la-loi récidivent. Rapidement la compagnie ferroviaire lance une milice à leurs trousses. Butch et Sundance, obligés de prendre constamment la fuite, ont néanmoins régulièrement un temps d’avance sur leurs poursuivants. Accompagnés d’Etta Place, la petite amie de Sundance, les deux malfrats, décident de s’exiler en Bolivie. 

Pourquoi faut-il le voir ?

Premièrement parce qu’il s’agit de l’un des derniers représentants du western classique et en même temps d’une œuvre avant-gardiste se démarquant des codes du genre par l’humanité qui s’en dégage. Le film oscille constamment entre la nostalgie d’un monde voué à disparaître et les promesses d’un avenir à réinventer, à travers ses deux anti-héros qui se démarquent par leur insouciance et le refus des contraintes qu’on voudrait leur imposer. 

Mais le véritable coup de génie de « Butch Cassidy et le Kid » réside évidemment dans la formation du duo Paul Newman / Robert Redford. Même si Redford, plus jeune, n’a pas encore l’aura et le charisme de son partenaire, l’association entre les deux acteurs procure un plaisir de tous les instants tant leur complicité dynamite la narration. L’osmose qui les unit ainsi que leur classe naturelle les inscrit instantanément dans la mythologie du cinéma.

En phase avec les préoccupations et les ambitions de la jeunesse des années 60, les deux héros – insouciants, sans attaches et liés par une amitié indéfectible – sont constamment en mouvement, en quête d’une existence nouvelle où ils seront libres d’être eux même. Embarqué dans une course poursuite éperdue dont l’issue semble inéluctable, les deux héros, à la fois dynamiques et nonchalants, se moquent de toutes les conventions avec un cynisme rigolard.

« Butch Cassidy et le Kid » est un film qui a soif de liberté, empreint d’une mélancolie douce-amère poignante.

Le Top des Meilleurs Films de Robert Redford : L'Ange Blond - ScreenTune
Butch Cassidy et le Kid - © 1969 20th Century Fox

Bref, choisir Le ou Les meilleurs films de Robert Redford, c’est un peu comme vous demandez quel est votre plat préféré ou votre chanson favorite. Impossible en somme, on ne saurait trop que vous conseiller l’ensemble de la filmographie d’une légende aussi à l’aise devant que derrière la caméra. Il n’est jamais trop tard pour se faire plaisir avec du bon cinoche !

Merci pour tout Robert et bonne retraite, tu l’as bien méritée !

NB : Mentions honorables :

  • « Daisy Clover » (1965) de Robert Mulligan
  • « La Poursuite impitoyable » (1966) d’Arthur Penn
  • « Pieds nus dans le parc » (1967) de Gene Saks
  • « Willie Boy » (1969) d’Abraham Polonsky
  • « Nos plus belles années » (1973) de Sydney Pollack
  • « La Kermesse des aigles » (1975) de George Roy Hill
  • « Le Cavalier électrique » (1979) de Sydney Pollack
  • « Brubaker » (1980) de Stuart Rosenberg
  • « L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux » (1998) de lui-même
  • « Le Dernier Château » (2001) de Rod Lurie
  • « Spy Game, jeu d’espions » (2001) de Tony Scott
  • « Nos âmes la nuit » (2017) de Ritesh Batra
  • « The Old Man and the Gun » (2018) de David Lowery

 

Damien Monami & Julien Legrand – Le 18 aût 2023

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