Ce qui frappe dès le début, c’est la sobriété de la mise en scène du réalisateur, aucun effet de style grandiloquent et l’art de Peter Weir d’installer une ambiance qui va monter crescendo pour insuffler une tension. Le cœur du film tente surtout de dépeindre avec une grande finesse la vie au sein de cette communauté Amish sans jamais porter de jugement.
Le metteur en scène y dévoile le quotidien de cette communauté religieuse anabaptiste, où l’on mène une vie simple et austère, à l’écart du progrès et des influences du monde extérieur ; ajoutant à cela une sensualité et un jeu de séduction grandissant entre les deux principaux protagonistes, Harrison Ford et la très belle Kelly McGillis (on la retrouvera ensuite dans « Top Gun » aux côtés de Tom Cruise).
Peter Weir parvient à cristalliser toutes les émotions, les ressentis et la montée progressive du désir avec une pudeur absolument délicieuse qui confère à son œuvre une douce aura délicate bien aidée par la somptueuse musique composée par Maurice Jarre. Des mélodies à la fois solennelles et majestueuses évoquant la solidarité de la communauté Amish lors de la construction de la grange (scène dans laquelle on peut apercevoir les talents de menuisier d’Harrison Ford).
Finalement, on en oublierait presque les méchants policiers (Danny Glover) auteurs ou complices du meurtre initial, même si la scène cruciale des toilettes est parfaitement emballée dans son montage et sa maîtrise du suspense.