Portrait Jake Gyllenhaal : Le prédestiné
Jake Gyllenhaal s’est imposé depuis maintenant un peu plus de deux décennies comme une valeur sûre du cinéma mondial.
Retour sur le parcours d’un acteur de grand talent.
Le Silence des enfants
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Prisoners
On ne présente désormais plus Denis Villeneuve, cinéaste brillant conteur de SF avec « Premier Contact », « Blade Runner 2049 » et « Dune » mais aussi maître du thriller haletant avec « Sicario » et le cérébral « Enemy » ou encore le déboussolant « Incendies ».
En 2013, notre cher Denis « la Malice » avait aussi signé le labyrinthique « Prisoners » offrant notamment à Hugh Jackman et Paul Dano deux des meilleurs rôles de leur carrière.
Retour sur un drame policier de très haut vol qui oscille entre le grand thriller haletant et la tragédie intimiste !
Synopsis :
Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entrainant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable… Les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amenuisent…
Un scénario coup de poing !
Un des thrillers les plus saisissants de ces dernières années, avec son ambiance sombre, glaciale et malsaine. Les superlatifs ne manquent pas pour qualifier le film de Denis Villeneuve qui s’inscrit dans la lignée de « Zodiac » et de « Mystic River » rien que ça !
Le long métrage provoque en nous l’angoisse voire le désespoir, ce moment où le ventre se noue et où nos poils se dressent quand nos valeurs se confondent dans la lutte que se livrent les personnages engagés contre l’adversité et l’horreur absolue qui gangrène la société.
Durant plus de deux heures et trente minutes, le cinéaste québécois nous offre une intensité folle qui va crescendo avec en filigrane une émotion folle et plusieurs niveaux de lecture possibles pour en saisir toutes les ramifications.
Un scénario diabolique d’abord cantonné au « developpement hell », c’est-à-dire un scénario considéré comme inadaptable à Hollywood écrit pat Aaron Guzikowski. On est heureux qu’il soit tombé dans les mains du cinéaste d’« Incendies », nous offrant une tension constante où chaque scène est affutée telle un couteau prêt à vous fendre le cœur.
Denis Villeneuve sonde l’âme humaine à travers les points de vue des deux couples et du policier prêts à tout pour retrouver les deux filles disparues. Le cinéaste s’immisce dans l’intimité des victimes pour mieux décrypter leurs réactions face au drame qui se dévoile devant nos yeux écarquillés.
Des acteurs exceptionnels :
À travers ces portraits terriblement humains, le metteur en scène offre sans doute la plus belle composition de sa carrière à Hugh Jackman, l’interprète de Wolverine apporte une profondeur inouïe à son personnage de père dévasté par le chagrin et une fureur animale qui l’habite. La scène de torture et d’interrogatoire dans laquelle il casse l’évier est d’une intensité rare. Une performance tout simplement saisissante !
À ses côtés, Jake Gyllenhaal compose un policier déterminé mais qui contient sa colère par une froideur impeccable, une justesse de jeu que l’on retrouvera encore à une autre échelle dans l’excellent « Nigh Call » en 2014.
Derrière son duo d’acteurs principaux, le reste du casting n’est pas en reste. Paul Dano est comme toujours sensationnel en accusé présumé et simple d’esprit ; quant à Mariah Bello, Viola Davis, Terrence Howard ou Melissa Leo, ils apportent tous une profondeur émotionnelle et dramatique au récit.
Une atmosphère oppressante :
Denis Villeneuve maîtrise à la perfection tous les ingrédients du genre pour nous offrir un drame familial, poignant, suffocant et qui fend le cœur sans sombrer dans le pathos larmoyant ou les bons sentiments.
Grâce au travail phénoménal du tout aussi génial Roger Deakins à la photographie, « Prisoners » est une plongée suffocante de noirceur soutenue par une partition étouffante de Johann Jòhannsson qui ajoute encore davantage de tension et de mystère à une œuvre qui n’en manquait pas !
Le cinéaste québécois connait tous les rouages cinématographiques du thriller pour mieux questionner habilement notre moralité face à la perte d’un enfant.
Comment réagirions-nous dans une telle situation ? Quelle est la frontière entre la vengeance et la justice ? Devant « Prisoners », nous remettons en question nos convictions tout en se méfiant des évidences trompeuses. La marque d’un grand film et sa fin suggestive qui nous hante encore bien après son générique.
Denis Villeneuve réalise une Masterclass avec « Prisoners » en nous offrant l’un des thrillers les plus saisissants de ces dernières années, porté par son ambiance anxiogène qui colle aux tripes.
Une expérience suffocante qui rappelle les angoissants souvenirs du « Silence des Agneaux » ou de « Se7en » porté par des comédiens tous exceptionnels !
Un must pour les amateurs de thrillers et une belle cicatrice sur notre cœur sensible !
NOTE :
0
/10
2 Points pour sa mise en scène d’une justesse captivante, 2 points pour ses acteurs qui apportent tous une dimension dramatique supplémentaire, 2 points pour son ambiance et ses images suffocantes et 2 points pour son scénario parfaitement huilé et haletant qui, si on veut être tatillons retombe un peu dans les clichés dans son dernier tiers.
Mais là c’est vraiment pour faire les difficiles et ne pas crier au chef d’œuvre !
Julien Legrand – Le 9 octobre 2023
Sources Photos :
© 2013 Alcon Entertainment
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