Avec « Yellowstone », lancée l’année suivante, le réalisateur continue d’explorer le genre du western dans une perspective moderne. Déployant son action dans les terres (encore) sauvages du Montana, la série met aux prises deux modes de vie diamétralement opposés, en confrontant tradition et modernité. Sur fond de guerre de territoire se dessine une lutte intestine entre ceux qui veulent préserver les valeurs ancestrales, incarnées par la famille Dutton, et ceux qui voient là l’opportunité de s’enrichir, en tête desquels les promoteurs immobilier.
Partant de ce postulat, « Yellowstone » déploie son intrigue autour de plusieurs arcs narratifs qui s’entrecroisent, dont le principal reste évidemment la pérennité du ranch face aux convoitise. Une opposition qui se joue d’abord sur l’échiquier politique, où tous les coups sont permis et pas toujours dans le cadre de la loi. Outre ces enjeux territoriaux, la série ratisse large : Sheridan a l’intelligence d’aborder les problématiques sociales et environnementales qui découlent de cette lutte même si elles sont avant tout guidées par les intérêts individuels de chacun.
Et lorsque les jeux politiques ne suffisent pas, les protagonistes s’opposent par le biais de la violence. Comme dans tout western qui se respecte, les conflits se règlent souvent l’arme au poing dans une escalade vengeresse sans fin. A la manière des « Sons of Anarchy », la violence exacerbée du clan Dutton est surtout une affaire d’homme, avec, en creux, une critique de cette masculinité débordante propre à cette Amérique rurale et de ses cow-boys des temps modernes aux valeurs pourtant désuètes.