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L’incarnation du battant.

Sylvester Stallone 

Il a personnifié l’adage selon lequel les rêves deviennent réalité à Hollywood. Après une succession de petits rôles pour se faire une place sous le soleil californien, Stallone a écrit et joué dans « Rocky », le film à petit budget qui a battu les légendaires « Les Hommes du Président », « Taxi Driver », « En route pour la gloire » et « Network : Main basse sur la télévision » aux Oscars pour la statuette de « le meilleur film » en 1977.

Avec les suites du célèbre boxeur et les succès financiers des franchises « Rambo » et « Expendables », Stallone a joué, écrit, réalisé et produit plusieurs décennies de superproductions hollywoodiennes qui l’ont définitivement installé parmi les légendes du cinéma d’action comme Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger, Wesley Snipes ou encore Mel Gibson.

En 2016, Stallone a passé le flambeau de la saga de boxe à Michael B. Jordan et est devenu un des rares acteurs à obtenir des nominations aux Oscars pour le même rôle, à 40 ans d’intervalle.

La carrière de « Sly » est faite de hauts et même de très hauts mais également de très bas, c’est même le moins que l’on puisse dire. Cependant l’acteur a réussi à s’ancrer à jamais dans la culture populaire grâce à ses deux sagas iconiques et ça personne ne pourra jamais lui enlever.

Retour sur la carrière d’un battant et peintre talentueux à ses heures perdues.

  • Une enfance pas comme les autres :

Sylvester Stallone, de son vrai nom Sylvester Gardenzio Stallone, est né à Manhattan le 6 juillet 1946 dans la banlieue de New York dans un hôpital de charité du quartier de Hell’s Kitchen.

À sa naissance, les forceps utilisés par les médecins ont endommagé un nerf facial et plusieurs malformations congénitales qui affecteront grandement son développement. Le jeune garçon se retrouve avec une paupière gauche tombante et un trouble de la parole en plus d’une paralysie faciale qui feront plus tard les traits caractéristiques de son jeu d’acteur.

Après avoir passé une grande partie de son enfance en internat, le jeune Stallone rejoint sa famille, aux origines italiennes, juives et russes ; et déménage avec eux dans le Maryland à l’âge de cinq ans.

Le jeune garçon reste d’abord avec son père (Frank Stallone Senior) après le divorce de ses parents en 1957, mais à l’âge de 15 ans, il décide de rejoindre sa mère (Jacqueline) remariée à Philadelphie.  Sa scolarité est difficile, ses camarades de classe se moquant souvent de son handicap, il est très souvent expulsé des écoles qu’il fréquente. Sa mère l’inscrit finalement dans un établissement privé pour adolescents en difficulté. Il se rend même en Suisse pour apprendre le français à l’American College of Switzerland. C’est là-bas que la comédie va le toucher en plein cœur.

  • Des débuts précaires :

Il se passionne très vite pour le théâtre au collège et entreprend un cursus universitaire en arts dramatiques à Miami. À quelques crédits de l’obtention de son diplôme, il s’installe à New York, où il a du mal à trouver du travail.

En 1970, il fait ses débuts à l’écran dans un film pour adultes, « The Party at Kitty and Stud’s » (rebaptisé plus tard « L’étalon italien » après le succès de « Rocky » en 1976). L’acteur avouera plus tard qu’il avait joué dans ce film parce qu’il avait désespérément besoin d’argent (il ne touche que 200 dollars pour sa prestation).

Pourtant la même année, il se fait connaître du milieu en tournant dans « Rebel » de Robert Allen Schnitzer dans lequel il interprète Jerry Savage, un jeune prêt à tout pour atteindre un train de vie idéal et qui s’engage dans une activité terroriste. Le film sera malheureusement un échec cuisant pour le jeune Stallone. Une déception qui annihile les rêves de gloire du néo-acteur et qui ne sont pas prêts de s’arranger.

Stallone doit se contenter de petits rôles insignifiants et non crédités comme dans « Bananas » de Woody Allen et « Klute » (tous deux en 1971). Il débute également dans la pièce de théâtre « Score », qui est jouée 23 fois en 1971. Cette pièce sera ensuite adaptée en film par Radley Metzger en 1974.

© 1971 - MGM
  • L’appel de l’ouest américain :

En 1974, Stallone s’installe à Hollywood, et décroche son premier rôle important est dans « The Lords of Flatbush » (« Les mains dans les poches » de Martin Davison (1974), un drame sur les adolescents de Brooklyn dans les années 1950. D’autres petits films et émissions de télévision suivent en 1975 comme figurant dans « Mandingo » de Richard Fleischer, on peut l’apercevoir dans le film de Melvin Frank, « Le Prisonnier de la seconde avenue ». Il joue également des seconds rôles dans les films comme « Adieu, ma belle », « Capone » et dans le dystopique « Course à la mort 2000 » du producteur Roger Corman qui connut un succès mineur au Box-Office.  

Stallone a donc du mal à percer et décide de se tourner vers l’écriture.

© 1975 New World Pictues
  • Ascension vers la gloire :

En 1975, Stallone galère et vit avec 36 dollars par semaine, son salaire de portier. Installé devant sa télévision, l’aspirant scénariste assiste à un match de boxe entre le champion du monde Muhammad Ali et un challenger nommé Chuck Wepner. Ce dernier est en train de tenir tête à la légende, il s’effondre finalement dans les dernières secondes du dernier round. Ça y est, Stallone a son idée de scénario, il s’inspire de ce combat et rédige un script en 3 jours intitulé « Rocky ».

Stallone décide de proposer le scénario à United Artists à la condition qu’il joue le personnage principal. Le studio y voit plutôt une belle opportunité pour une star confirmée comme Ryan O’Neal, Burt Reynolds, Robert Redford, ou encore James Caan.

Le jeune acteur ne veut rien savoir et souhaite ardemment jouer dans son film, deux producteurs, Irwin Winkler et Robert Chartoff, acceptent finalement sa requête. Ils arrivent à convaincre les dirigeants du studio car la production du nouveau film de Martin Scorsese « New York, New York » est très onéreuse, offrir le rôle principal à Stallone réduirait indéniablement les coûts de production de « Rocky » qui sera réalisé par John G. Avildsen.

© 1976 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc

Ironie du sort, le premier film de la saga du boxeur sera un énorme succès alors que le long-métrage du cinéaste de « Mean Streets » fera un bide monumental.

L’histoire est donc en marche, le tournage débute à Philadelphie (quelques scènes sont cependant filmées à Los Angeles), la ville d’adoption de Stallone, où certaines scènes sont tournées sans autorisation. « Rocky » est finalement emballé en 28 jours de tournage pour un budget d’un million de dollars.

Le film va également utiliser un procédé de prises de vues révolutionnaire, la steadycam, une caméra légère attachée au corps du technicien qui amortit tous les chocs et mouvements, ce qui permet une grande mobilité (de filmage), de longs travellings fluides, sans à-coups ni sautes d’image.

© 1976 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc

Le long-métrage connaît un succès retentissant aussi bien sur le sol américain (117 millions de dollars) que dans le monde (225 millions au total).  Une œuvre incroyable sorte de conte de fées pour adulte, feelgood movie, fable urbaine qui fait du bien à une Amérique en proie au doute (scandale du Watergate, guerre du Vietnam et crise pétrolière). Avec une certaine candeur, Stallone et Avildsen dépeignent un boxeur de Philadelphie malchanceux, Rocky Balboa, qui se voit offrir une occasion unique de boxer face au champion du monde poids lourds, Apollo Creed.

Avec le recul, « Rocky » reste consensuel et évite de montrer tous les travers du monde de la boxe (ce que fera 4 ans plus tard Scorsese avec son sublime « Raging Bull ») mais devient le tremplin parfait pour la carrière de Stallone. Le film est nommé pour dix Oscars en 1977, Stallone est lui-même nommé dans les catégories de « meilleur acteur » et « meilleur scénario original ». Le film remporte trois Oscars, dont celui du « meilleur film », du « meilleur réalisateur » pour Avildsen et du « meilleur scénario original ».

Grâce à son ancrage intimiste puissant « Rocky » fait de Stallone une superstar comme son propre personnage dans le film, il accède à la gloire et peut se permettre de choisir ses projets.   

© 1976 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc
  • La reconnaissance :

En 1978, désormais installé dans le business hollywoodien grâce ses statuettes dorées, Stallone joue dans « F.I.S.T. » de Norman Jewison, un film basé sur la vie de James Hoffa. La même année, il s’essaye à la réalisation avec son premier long-métrage, « Paradise Alley », « La taverne de l’enfer », qu’il avait écrit bien avant « Rocky » sur le monde des matchs de catch clandestins. Le film ne rencontre pas le succès escompté et pousse Stallone à reprendre son rôle de boxeur dans « Rocky II » en 1979 qu’il écrit et réalise lui-même.

Avec ce second volet, Stallone prouve qu’il y avait encore beaucoup de choses à raconter. Cette suite explore la vie de Rocky Balboa après son combat historique face à Apollo Creed et la promesse d’une revanche.

Bien qu’elle ne reflète pas tout à fait l’esprit du premier film, la suite est un retour bienvenu et agréable du personnage. Les relations personnelles sont toujours au cœur de l’histoire tandis que les aspects de la boxe offrent encore de nouvelles sensations fortes. Le film ne remporte pas le succès budgétaire du premier opus mais installe un peu plus le comédien comme un artiste de premier plan.

© 1979 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc.

En 1981, l’interprète de Rocky Balboa joue ensuite le sergent détective Deke DaSilva dans « Nighthawks » – « Les Faucons de la nuit » de Bruce Malmuth, l’un des meilleurs films d’action des années 80. Stallone performe dans la peau de ce flic tenace qui tente d’abattre le terroriste sans pitié Heymar « Wulfgar » Reinhardt, joué par le grand Rutger Hauer.

Un film très convaincant grâce à son action fluide et son jeu du chat et de la souris.

La même année, on le retrouve au casting de « À nous la victoire » de John Huston dans la peau du Capitaine Robert Hatch qui doit jouer les gardiens de but dans une équipe de prisonniers d’un camp de prisonniers pendant la seconde guerre mondiale.

© 1981 Universal Pictures
  • De boxeur à béret vert :

1982 est finalement une nouvelle année charnière dans la carrière de Stallone puisqu’il réalise d’abord le troisième volet de la saga « Rocky » et la célèbre musique « Eye of the Tiger » du groupe Survivor. Un épisode prenant et réussi qui rapporte toute de même encore plus 125 millions de dollars, qui prouve bien que l’acteur a toujours la cote.

La même année pourtant, Stallone se lance dans l’écriture de l’adaptation de « First Blood », roman publié en 1972 par David Morrell, sur un super-soldat vétéran du Vietnam nommé John Rambo qui réagit violemment à la discrimination dont il fait l’objet dans une petite ville. Un scénario (dont il modifie les grandes lignes) pour le cinéma. Il envisage d’abord le long métrage comme un film unique et non comme une saga. Le film fait un tabac au Box-Office (125 millions de dollars de recettes) et Rambo devient le deuxième personnage emblématique de Stallone pour lequel il se sera quand même cassé trois côtes en effectuant lui-même une cascade qui consistait à sauter d’une falaise dans des arbres.

Une œuvre sans temps-mort, qui repose sur un suspense haletant et une tension incroyable. « Rambo : First Blood » est un grand moment de cinéma qui se conclut dans les larmes, la sueur et le sang. Un film d’action, de guérilla, un drame intimiste, un survival, une réflexion pertinente… Rambo c’est tout cela à la fois mais surtout le rôle qui ancre définitivement Sylvester Stallone dans l’histoire du cinéma.

© 1982 Artisan Entertainment (Home Video).
  • Le creux de la vague :

Grâce aux succès de ses deux franchises, l’acteur-réalisateur essaye d’abord de s’en distancé avec « Le Vainqueur » de Bob Clark où il tente de se démarquer de son rôle d’« Action Man » en interprétant ce chauffeur de taxi qui tente de percer dans la chanson. Le film est un énorme flop puisqu’il ne rembourse même pas son budget.

Dès que sa carrière est en péril, Stallone retourne donc chercher ses deux personnages iconiques.

En 1985, Stallone écrit, réalise et joue dans « Rocky IV » dans lequel il sort de sa retraite pour affronter le boxeur soviétique Ivan Drago (Dolph Lundgren) pour lequel il s’est retrouvé 8 jours en soins intensifs. Après le tournage du combat face à Drago, Stallone a ressenti une intense douleur à la poitrine, le cœur de « Sly » avait bougé au point de toucher la cage thoracique et s’était mis à gonfler.

Sorti au plus fort des tensions de la guerre froide dans les années 1980, il est devenu le plus gros succès au Box-Office de la franchise avec plus de 300 millions de dollars de recette. La franchise continue à s’éloigner de ses racines et se dirige vers des versants plus caricaturaux, les problèmes sociaux restent désormais en arrière-plan pour laisser place à la boxe. Pourtant, il est difficile de nier que le personnage de Balboa reste passionnant et que Drago est le meilleur méchant de la saga.

© 1985 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc.

Toujours en 1985, il fait reprendre du service à John Rambo dans un second volet très loin des standards du premier opus avec « Rambo 2 : La Mission » (1985) de George Cosmatos. Comme dit plus haut, le film sort en plein durcissement de la Guerre Froide et Stallone y impose un peu trop le cliché du soldat musclé au bandeau rouge autour de la tête qui va régler le conflit vietnamien sans l’aide de personne en allant délivrer des prisonniers de guerre. Il y déchire son t-shirt et tue 69 personnes alors qu’il n’en tuait qu’une dans « First Blood ». Le public répond cependant présent puisque le film rapporte plus de 300 millions de dollars.

© 1985 Artisan Entertainment (Home Video).
  • Spécialiste de l’action :

En 1986, après le nouveau succès de ses deux sagas cultes, Stallone retrouve à nouveau George Cosmatos pour « Cobra » inspiré du roman « A Running Duck » de Paula Gosling. Stallone y incarne le lieutenant Marion Cobretti aux méthodes peu orthodoxes. Le film a été fortement critiqué à sa sortie pour sa dépendance excessive à la violence et aux clichés des films d’action, ce qui a entraîné un succès très modeste au Box-Office.

Le long-métrage est pourtant devenu culte et reste une valeur sûre du cinéma d’action des années 80 grâce à son ton sanglant et amusant.

L’année suivante, il se lance dans le projet « Le Bras de fer » (Over the Top) de Menahem Golan, un nouvel échec commercial cuisant pour l’acteur dans lequel il joue un routier pratiquant le bras de fer accompagné de son fils. Un road-movie qui ne convainc ni le public ni la critique et qui pousse Stallone a retrouvé son personnage de Rambo l’année suivante

© 1986 - Warner Brothers

On retrouve donc « Sly » dans « Rambo 3 » de Peter MacDonald pour botter les fesses des Soviétiques en Afghanistan. Gros film d’action boosté par son budget de 63 millions de dollars dans lequel il fait équipe avec les futurs talibans pour déchirer son t-shirt et tuer plus de 130 personnes.

Le long-métrage fonctionne très bien au Box-Office puisqu’il rapporte plus de 189 millions de dollars mais il est clairement en retard sur son temps (les Soviétiques ayant déjà désertés l’Afghanistan) et l’excellent « Piège de Cristal » de John McTiernan a désormais élevé les standards du film d’action.

Pourtant 1989 est une excellente année pour le comédien, il participe d’abord au film de John Flynn, « Haute Sécurité » (Lock Up) inspiré d’une histoire vraie. Il y incarne Frank Leone, un prisonnier de bonne volonté, qui est soudainement transporté dans un établissement de haute sécurité après avoir été en contact avec le sadique directeur Drumgoole (Donald Sutherland).

Bien que le film ait tous les ingrédients d’un film de prison très agréable, « Haute Sécurité » n’a finalement pas réussi à laisser une impression sur le public et les critiques, un échec commercial qui n’en faisait cependant un mauvais film justement.

©1988 Artisan Entertainment (Home Video).

Il va ensuite faire équipe avec Kurt Russell dans le « buddy movie » culte « Tango et Cash » d’Andreï Kontchalovski. Bien que Sylvester Stallone se soit battu pour supprimer certains éléments comiques de l’intrigue du film au profit d’un film policier plus sérieux, c’est finalement la relation entre les deux personnages principaux qui fait toute la saveur de cet excellent moment qui surfe sur la mode de la saga « L’arme fatale ».

Malgré un nouvel échec commercial, un de plus pour « Sly », le long-métrage est instantanément devenu un classique culte et offre un rôle parfait à Stallone en flic cérébral voulant laver son honneur en compagnie d’un flic impétueux et instinctif.

© 1989 - Warner Brothers
  • La fièvre des années 90 :

Comme d’habitude après un nouvel échec, Stallone s’en remet à Rocky ou Rambo pour redorer son blason. L’acteur se lance sur « Rocky V » où il collabore à nouveau avec John G. Avildsen. Un cinquième opus dans lequel il joue les mentors pour un jeune boxeur. Ce cinquième volet met ainsi l’accent sur la paternité (le propre fils de Stallone, disparu en 2012, dans le rôle de Rocky Jr.), a été le film le moins populaire de la série au Box-Office et a été fréquemment critiqué depuis sa sortie.

L’année suivante, il joue dans « L’embrouille est dans le sac » (Oscar) de John Landis (1991), un nouvel échec cuisant, on le découvre ensuite dans « Arrête ou ma mère va tirer ! », le plus grand regret de la carrière de Stallone dans lequel il interprète un flic qui doit s’occuper de sa mère qui va s’immiscer dans ses affaires.  

© 1990 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc.
  • La montagne et les 3 coquillages :

1993 est une nouvelle année charnière dans la carrière de « Sly », il va d’abord tourner dans l’excellent « Cliffhanger : Traque au sommet » de Renny Harlin scénarisé par Stallone lui-même. Un des films d’action les plus impressionnants de toute la carrière du comédien, une toile de fond montagneuse qui offre une tournure inédite et exaltante dans sa filmographie. On y suit le garde forestier Gabe Walker, alpiniste hors pair qui part secourir son meilleur ami Hal et sa petite amie Jessie bloqués à la suite d’un tragique accident.

Les trois protagonistes sont bientôt obligés de collaborer, mais ils sont confrontés au froid et corrompu officier militaire Eric Qualen qui prévoit de voler 100 millions de dollars américains.

Un très beau succès de 255 millions de dollars pour un budget de 70 millions qui prouve que l’acteur a encore la cote dans un bon film d’action sans ses sagas cultes.

© 1993 Carolco Pictures

Stallone va ensuite tourner l’une des meilleures comédies d’action des années 90 avec le génial et cultissime « Demolition Man » de Marco Brambilla. Un bijou d’action bourrin, drôle et fougueux porté par un génial Stallone, un super Wesley Snipes et une irrésistible Sandra Bullock.

« Demolition Man » atteint un équilibre fantastique entre action, comédie et auto-parodie, avec son scénario résolument tranchant qui se moque non seulement du genre dont il est issu, mais aussi du monde réel et de la société de consommation. Situé principalement dans un futur aseptisé où tout ce qui est considéré comme controversé ou désagréable est interdit, le film de Marco Brambilla est toujours aussi pertinent à l’heure actuelle. Cependant, le long-métrage ne se considère pas comme visionnaire et critique la violence excessive du genre du film d’action de manière très décalé.

On peut dire que Stallone n’est pas le plus grand fan de l’intégration d’éléments comiques dans ses films, il suffit de regarder les expériences passées avec « Tango et Cash » ou encore son désistement du projet « Le flic de Berverly Hills » car le film était trop comique à son goût. Pourtant quand on regarde « Demolition Man », l’acteur y est parfait en alliant le meilleur des deux mondes (comédie et action). Son personnage de John Spartan est un héros bodybuildé pince-sans-rire jeté dans un futur absurdement aseptisé pour y arrêter un criminel impitoyable (Simon PhénixWesley Snipes), l’humour du film provenant de la juxtaposition de ces deux éléments plutôt que de la performance de Stallone.

Un excellent film qui vieillit parfaitement bien et l’un des meilleurs rôles de Stallone dont une suite vient d’être annoncée par l’acteur lui-même.

©1993 Warner Bros Pictures
  • Une baisse de régime mais des rôles cultes :

En 1994, l’acteur joue dans « L’Expert » réalisé par Lluis Losa. Bien que le film ait fait un impressionnant score de 170 millions de dollars au Box-Office, il a été fustigé par les critiques pour son intrigue simple, peu inspirée et ses dialogues très bancals. Le comédien y campe Ray Quick, un tueur à gages engagé par la belle May Munro (jouée par Sharon Stone) pour venger la mort de ses parents.

Après ce succès financier mais pas critique, Stallone a connu une baisse significative de ses recettes au Box-Office pendant la décennie suivante. L’adaptation à gros budgets de la bande dessinée « Judge Dredd » (1995) a notamment fait un flop monumental (nous vous conseillons d’ailleurs l’excellent remake avec Karl Urban sorti en 2012). Le comédien interprète un superflic habilité à juger un suspect et à l’exécuter dans une Amérique du XXIe siècle en proie à de graves troubles civils.

© 1994 - Warner Bros.

Après avoir tourné la même année dans « Assassins » aux côtés d’Antonio Banderas  et dans « Daylight » de Rob Cohen en 1996, Stallone s’aventure hors du genre action avec le drame « Copland » (1997) de James Mangold (« Logan », « Le Mans 66 ») composé d’un casting cinq étoiles (Robert De Niro, Harvey Keitel et Ray Liotta).

« Sly » se débarrasse temporairement de son physique sculpté et prend du poids pour son rôle de shérif impuissant d’une banlieue du New Jersey face à un système policier corrompu.

Un changement dramatique inhabituel de la part du comédien qui surprit le public et dans lequel il signe une interprétation étonnamment subtile et discrète, abandonnant son personnage habituel de héros musclé au profit d’un personnage plus nuancé et rabaissé.

En 1998, l’interprète de « Rocky » se lance dans les films destinés à un public plus jeune. D’abord avec le film d’animation « Fourmiz », le premier long-métrage de DreamWorks Animation, le studio qui allait nous offrir « Shrek » et puis en jouant un méchant dans « Spy Kids 3D » en 2003. On le retrouve également dans plusieurs oeuvres anecdotiques comme « Get Carter » (2000), « Driven » (2001) ou encore « Mafia Love » (2002), une petite traversée du désert qui va le ramener vers ses fidèles amis dès que ça va mal… Rocky Balboa et John Rambo.

© 1997 - Miramax
  • La résurgence de sa carrière :

Renversant le cours de sa carrière, Stallone retrouve donc son personnage principal dans « Rocky Balboa » qu’il réalise en 2006 dans lequel le boxeur vieillissant retourne sur le ring pour un dernier combat. Le film devient le plus grand succès de l’acteur au Box-Office (155 millions de dollars) depuis … « Cliffhanger » en 1993. Le long-métrage est beaucoup plus calme et plus solide que les précédentes suites de « Rocky » grâce à des moments plus émouvants qui bercent la nostalgie des fans en revisitant les lieux emblématiques de la saga. Stallone apporte du cœur et du charme au personnage dont il sait parfaitement choisir les moments où doivent jaillir les colères longtemps enfouies et les forces longtemps cachées. Brillant !

Il reprend ensuite son autre personnage emblématique dans « Rambo » en 2008 qui fait lui aussi un très joli score au Box-Office.  Stallone se régénère dans sa propre mythologie et n’y déchire cette fois pas son t-shirt mais tue quand même 236 birmans. Le guerrier mortel est retiré de sa vie tranquille pour aller sauver des missionnaires capturés en Birmanie. Étonnamment très violent, Stallone y évite toute allusion patriotique pour y revendiquer le droit d’exister dans un paysage hollywoodien/américain qui avance désormais sans lui.

© 2006 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc.
  • Un action man vieillissant :

En 2010, il co-écrit, réalise et joue dans « The Expendables », un thriller sur une équipe de mercenaires qui réunit notamment Mickey Rourke et Jason Statham. Populaire auprès des cinéphiles des grands films d’action, le long-métrage connaitra deux suites en 2012 et 2014 qui font également intervenir Chuck Norris, Jet Li, Antonio Banderas, Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger, Mel Gibson et Harrison Ford en autres.

On le retrouve dans plusieurs films qui ont obtenu des bons scores au Box-Office avec « Évasion » en 2013 pour lequel il retrouve son grand ami Arnold Schwarzenegger afin de s’échapper d’une prison haute sécurité. La même année, il affronte Robert De Niro dans « Match Retour » de Peter Segal dans lequel deux boxeurs rivaux décident de reprendre leurs gants pour une revanche. Une anecdotique comédie d’action sur des boxeurs retraités sauvée par la grâce de Stallone (visage tuméfié, les yeux tristes et la voix toujours plus caverneuse).

© 2010 Millennium Films

C’est pourtant en 2016 que Stallone surprend tout le monde en réinterprétant Rocky Balboa dans « Creed » de Ryan Coogler. Une œuvre qui a surpris par son intensité, sa mise en scène et son respect envers la saga originale. Fort d’un succès honorable au Box-Office avec plus de 170 millions de dollars pour un budget de 35 millions pour lequel Stallone reçoit une nomination aux Oscars comme « meilleur second rôle » 40 ans après le premier « Rocky » et remporte le Golden Globes dans la même catégorie.

« Creed » ravive avec panache la saga « Rocky et force est de constater que l’icône de la boxe est toujours admirée par des générations différentes de fans. Le film de Ryan Coogler reprenait habilement un schéma qui avait fait ses preuves dans le premier volet en mettant en avant le fils d’Apollo Creed (Michael B. Jordan) voulant marcher dans les pas de son père coaché par la légende Rocky Balboa, malade, fatiguée et vulnérable. Stallone y est tout bonnement incroyable, le visage déformé par le temps, la voix à peine audible, les gestes lourds, l’acteur accepte sa mue en vestige d’un passé funeste et atteint une densité inouïe, l’accomplissement ultime de sa seconde partie de carrière.

© 2016 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc.

Après une petite apparition en 2017 dans le très réussi second volet des « Gardiens de la galaxie Vol 2 » de James Gunn, il reprend son rôle de mentor dans « Creed II » sorti en 2019. Cette suite signée Steve Caple Jr réanime les souvenirs de « Rocky IV » dans laquelle nous retrouvons Ivan Drago (Dolph Lundgren) et son fils, bien déterminés à faire chuter Adonis, le fils d’Apollo Creed. Un excellent moment de cinéma toujours porté par les larges épaules de Sylvester Stallone et Dolph Lundgren dans un film propre, aux thématiques riches, bien rythmé par des combats puissants et spectaculaires.

Après sûrement avoir dit adieu à son personnage de Rocky Balboa, Stallone décide cependant de reprendre son rôle de John Rambo pour un dernier baroud d’honneur dans « Rambo : Last Blood » sorti lui aussi en 2019. Malheureusement pour l’acteur, le succès n’est pas du tout au rendez-vous puisque le film ne rapporte que 90 millions de dollars pour un budget de 50 millions. « Last Blood » déroule une énième histoire de vengeance en poursuivant un seul but, une violence toujours plus brutale. Triste fin pour une légende dans un dernier volet complètement inutile.

© 2018 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. and Warner Bros. Entertainment Inc.

Sylvester Stallone a clairement marqué l’histoire du cinéma grâce à deux rôles iconiques (Rocky et Rambo) qui l’auront sauvé de nombreuses déconvenues tout au long de sa carrière. Pourtant cela serait oublier des œuvres cultes comme « Tango et Cash », « Cliffhanger » ou encore le jubilatoire « Demolition Man ».

Stallone est parti de rien et est allé au bout de ses rêves en devenant un acteur, scénariste et réalisateur capable de belles prouesses (nomination aux Oscars) mais aussi de quelques erreurs de parcours (autant dire nanars). Totalement mégalo, au sommet de sa gloire, l’acteur a mené la vie dure à plus d’un réalisateur, ce qui l’a empêché de tourner avec de nombreux cinéastes de talents (William Friedkin notamment).

Souvent catalogué comme action star, ce qui lui a joué de nombreux tours, sa filmographie cultive la sympathie et la nostalgie d’un cinéma qui a tendance à s’épuiser de nos jours en superproductions sans saveur.

Un vestige et une légende d’un cinéma qui prouve qu’avec du talent et de la volonté « rien n’est jamais perdu ».

Julien Legrand – Le 6 juillet 2020

Sources : 

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