Un combat sans fin

La Voie de la Justice 

Les films sur le traitement des afro-américains sont assez nombreux sur nos écrans dernièrement. On peut par exemple cités les excellents « Detroit » de Kathryn Bigelow et l’oscarisé « Green Book » de Peter Farrelly. Deux œuvres qui dépeignent de façon tout à fait différente (« Detroit » avec un thriller anxiogène et « Green Book » de façon un tout petit peu plus humoristique) l’un des plus grands maux de la société américaine : le racisme.  

« La Voie de la Justice » sorti dans le plus parfait anonymat dans nos régions en janvier va lui plutôt s’attaquer au système judiciaire américain à travers l’histoire d’un jeune avocat idéaliste qui décide de défendre les condamnés à mort afro-américains.

Inspiré d’une histoire vraie et réalisé par Destin Daniel Cretton (« States of Grace » et « Le Château de Verre », « La Voie de la Justice » peut compter sur Michael B. Jordan et son casting oscarisé (Jamie Foxx, Brie Larson) pour délivrer un plaidoyer poignant et touchant qui ne laissera personne indifférent.

Synopsis :

Après ses études à l’université de Harvard, Bryan Stevenson aurait pu se lancer dans une carrière des plus lucratives. Il décide pourtant de se rendre en Alabama pour défendre ceux qui ont été condamnés à tort, avec le soutien d’une militante locale, Eva Ansley. Un de ses premiers cas – le plus incendiaire – est celui de Walter McMillian qui, en 1987, est condamné à mort pour le meurtre retentissant d’une jeune fille de 18 ans. Et ce en dépit d’un grand nombre de preuves attestant de son innocence et d’un unique témoignage à son encontre provenant d’un criminel aux motivations douteuses. Au fil des années, Bryan se retrouve empêtré dans un imbroglio de manœuvres juridiques et politiques. Il doit aussi faire face à un racisme manifeste et intransigeant alors qu’il se bat pour Walter et d’autres détenus comme lui au sein d’un système hostile.

En adaptant le roman autobiographique de Bryan Stevenson, Destin Daniel Cretton et son co-scénariste Andrew Lanham livrent un pamphlet effrayant et déstabilisant sur les défenseurs des droits des prisonniers coincés dans le couloir de la mort.

Le film évoque avec justesse et cohérence la valeur d’une vie volée par les erreurs judiciaires des uns et la recherche de facilité des autres.

« La Voie de la Justice » dépeint très fidèlement l’encadrement médiocre que subissent les vétérans de guerre atteints de stress posttraumatique, les abus de pouvoirs que perpétuent les fonctionnaires de justice corrompus, les déséquilibres du système judiciaire et, dans une moindre mesure l’idée que les pauvres sont victimes des forces de l’ordre quelle que soit leur couleur de peau.

Le long métrage véhicule que le racisme, les inégalités sociales sont toujours bien présentes dans la société américaine et ce quelque soient les époques. Une nouvelle fois ce traitement est surtout réservé aux minorités dans les Etats du Sud ayant toujours autant de mal à oublier leur passé ségrégationniste.

Il faut reconnaître au film un certain talent didactique et fidèle du déroulement des événements, une intrigue captivante de bout en bout (surtout si vous ne connaissez pas les faits).

Sans en faire trop tout en restant élégant, « La Voie de la Justice » souffre peut-être d’une réalisation trop classique et de quelques longueurs pour réellement marquer les esprits, cela reste néanmoins un exercice sobre et authentique.

Destin Daniel Cretton fait cependant preuve d’un réalisme sincère en s’attardant sur les visages et les regards de ses personnages pour en capturer toute l’essence. Bien aidé, il est vrai par les performances de Michael B. Jordan (plein de convictions) et Jamie Foxx (qui trouve ici l’un de ses meilleurs rôles récents).

« La Voie de la Justice » est un film poignant et touchant démontrant une nouvelle fois toutes les failles et les maux qui gangrènent la société américaine depuis son indépendance.

Porté par des comédiens convaincants et impeccables, le film de Destin Daniel Cretton repose intégralement sur la dureté de son propos, une saillie engagée contre la peine de mort qui souffre cependant de sa sincérité et de son classicisme.

Une œuvre didactique et saisissante qui ne manquera pas de toucher le spectateur en plein cœur et qui montre au fond que les choses n’ont pas vraiment changé en 2020.

Note : 7,5/10

Julien Legrand – Le 3 juin 2020

  • Test Blu-Ray :

Sorti le 27 mai dernier et mis gratuitement à la disposition de Warner aux Etats-Unis suite au manifestations « Black Lives Matter », le film bénéficie d’un traitement d’image et de son impeccable afin de retranscrire à merveille ce plaidoyer plein de sincérité. On vous conseille de le visionner en VO pour sa qualité sonore en HD.

Les bonus de plus de 30 minutes du Blu-Ray proposent un très beau « Making of » montrant toute la sincérité et l’engagement de l’équipe de production afin de raconter cette histoire. Témoignages et explications se succèdent afin de raconter la genèse d’un projet qui tenait clairement à cœur à toute la production.

On apprend également tous les fondements du mouvement et de la structure d’« Equal Justice » créés par le vrai Bryan Stevenson qui apporte des éclaircissements sur sa philosophie et son combat pour effacer les injustices.

BONUS :

  • Making Mercy (BD, DVD)
  • This Moment Deserves (BD)
  • The Equal Justice Initiative (BD)
  • Deleted Scenes (BD)

Sources Photos :

  • Copyright : Warner Home Video

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contact.screentune@gmail.com