Rambo : First Blood – « DIEU AURAIT PITIÉ, PAS RAMBO. »
« Dieu aurait pitié, pas Rambo. » Rambo : First Blood On retourne à nouveau dans les
Au Nom du Père et du Fils.
Il y a trois ans, le très réussi « Creed : L’héritage de Rocky Balboa », de Ryan Coogler avait surpris par son intensité, sa mise en scène et son respect envers la saga originale. Fort d’un succès honorable au Box-Office avec plus de 170 millions de dollars pour un budget de 35 millions, il était logique qu’une suite voit le jour, intitulée sobrement « Creed II ».
Dans ce second volet, on retrouve Adonis Creed toujours interprété par Michael. B. Jordan et entouré par son coach Rocky Balboa, Sylvester Stallone pour sa dernière apparition dans la saga qu’il a lui-même créée il y a 43 ans. Cette fois c’est Steve Caple Jr. (« The Land » en 2016) qui prend la relève de Ryan Coogler (ce dernier reste producteur) à la réalisation pour un choc des générations entre le fils d’Ivan Drago (le grand retour de Dolph Lundgren) face à celui d’Apollo Creed.
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Synopsis :
La vie est devenue un numéro d’équilibriste pour Adonis Creed. Entre ses obligations personnelles et son entraînement pour son prochain grand match, il est à la croisée des chemins. Et l’enjeu du combat est d’autant plus élevé que son rival est lié au passé de sa famille. Mais il peut compter sur la présence de Rocky Balboa à ses côtés : avec lui, il comprendra ce qui vaut la peine de se battre et découvrira qu’il n’y a rien de plus important que les valeurs familiales.
Si « Creed » avait ravivé avec force la saga « Rocky » en 2016, qui avait été mise à l’écart pendant dix ans, après le sequel inattendu de « Rocky Balboa » en 2006, force est de constater que l’icône de la boxe est toujours admirée par des générations différentes de fans. Le film de Ryan Coogler reprenait habilement un schéma qui avait fait ses preuves dans le premier volet de « Rocky » et de beaucoup d’autres films, celui-ci marchait dans les pas de son prédécesseur en réadaptant une structure scénaristique déjà utilisée.
Des refus des entraîneurs en passant par sa rencontre avec la belle Bianca (Tessa Thompson), en revenant aux entraînements et aux boxeurs adverses, le film du réalisateur de « Fruitvale Station » se conformait à l’une des plus anciennes recettes de cinéma pour faire vivre à son héros toutes les étapes préconisées du genre.
Il en sera de même dans cette suite signée Steve Caple Jr. Ceux qui espéraient une nouvelle confrontation démente, à base de surhommes, de puissance et de profondeur thématique, seront ravis car ce second opus frappe aussi fort que son aîné.
Le cinéaste s’éloigne dès son ouverture du souvenir de « Rocky IV ». Nous retrouvons les Drago père et fils dans un gymnase ukrainien. La dureté des poings fait écho à celle des regards, l’aridité des coups à celle des cœurs. La Mère Patrie a abandonné ses champions et c’est avec une rage amère qu’ils façonnent leur revanche.
Voici déjà l’une des grandes performances de ce nouvel opus, la revanche générationnelle entre les Drago et les Creed. C’est dans cette lutte familiale tragique du malheur et de la frustration que le métrage puise ses plus beaux moments. « Creed II » n’est pas juste un énième film de boxe, le long métrage se veut le récit de parentalités tourmentées. Dolph Lundgren (impérial) a formaté son fils pour qu’il devienne l’expiation de son échec jusqu’à en oublier que le fruit de ses entrailles était plus qu’un amas de muscles destinés à lui valoir une réhabilitation fantasmée.
Florian Munteanu (Viktor Drago) sidère de vulnérabilité et de puissance mêlées, qu’on en oublierait presque qu’il est boxeur professionnel avant d’être acteur. Le jeune roumain est impressionnant de maîtrise dans son jeu faisant passer toutes les émotions dans son simple regard.
Le duo raconte, en une poignée d’images (trop rares), le drame d’un sacrifice forcément vain, puisque motivé par la rancœur et l’humiliation.
Ce point important apporte une profondeur encore jamais vue à la franchise, ce qui fait déjà de « Creed II » un excellent divertissement. Un long métrage mené par moment avec intensité et poigne mais qui s’étire un peu lors des moments difficiles traversés par Adonis Creed.
On sent que le film veut raconter beaucoup de choses durant deux heures notamment sur plusieurs sujets forts comme la transmission, les choix qui parcourent la vie, la paternité, le poids du passé et ses conséquences, la place de l’individu dans la société par rapport à son statut social et la douleur de l’absence paternelle.
Tout cela offre par instant un drame poignant fortement porté par les anciennes gloires que sont Ivan Drago et Rocky Balboa. On perçoit cependant que les deux jeunes combattants sont enfermés dans l’ombre des anciens notamment le toujours très bon Michael. B. Jordan. L’acteur semble à l’étroit dans le script et n’arrive pas à retranscrire toute l’étendue de son talent dramatique sans l’apport de Stallone.
Pourtant l’œuvre de Steve Caple Jr. s’efforce sans cesse d’humaniser ses personnages comme ses enjeux, pour rester bien ancré dans l’authenticité de son histoire.
On regrettera cependant la mise en scène du premier « Creed » et la patte de Ryan Coogler. Certes, le jeune réalisateur reprend à son compte l’identité de la néo-saga « Creed », et y injecte sa personnalité et son patrimoine cinématographie avec des plans sobres et efficaces mais il manque ce petit brin de folie, ce sens du plan iconique pour faire de son long métrage un grand film de boxe.
Le cinéaste respecte très bien l’héritage légué et emballe des scènes de combats très proprement filmées (notamment les puissants coups de poings de Viktor Drago) mais il manque cette vivacité qui faisait la spécificité et le talent de Ryan Coogler.
Malgré quelques défauts, « Creed II » reste un excellent moment de cinéma toujours porté par les larges épaules de Sylvester Stallone et Dolph Lundgren. Steve Caple Jr. signe un film propre, aux thématiques riches, bien rythmé par des combats puissants et spectaculaires. Le premier uppercut réussi de 2019.
Note : 7,5/10
Julien Legrand – Le 10 janvier 2019
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