Il y eut Nikita, Columbiana et enfin Anna

Anna

Nous n’allons parler ci-après que du dernier film de Luc Besson et nous ne mélangerons pas les genres avec ses ennuis judiciaires (la plainte pour viol ayant été depuis classée sans suite) et les soucis financiers de sa société EUROPACorp. (liés eux au naufrage du film « Valérian » avec Dane DeHaan, plus gros budget du cinéma français mais échec cinématographique total).

Besson revient ici au cinéma d’action mais avec un scénario beaucoup trop prévisible et une actrice principale qui n’a ni la présence envoûtante d’Anne Parillaud ni le charme exotique de Zoé Saldana.

Synopsis :

Anna (Sasha Luss) est une jeune femme russe  aussi jolie qu’intelligente « débusquée »  par un chasseur de tête qui l’emmène à Paris pour devenir mannequin… Mais Anna  au départ petite vendeuse de Matriochka sur un marché de Moscou est une ancienne droguée  formée et entraînée pour devenir une espionne… Qui est ’elle vraiment et pour qui travaille-t-elle ?

Le film offre quelques belles scènes spectaculaires, remarquablement filmées mais sans trop en divulgâcher nous devons convenir qu’elles ont un air de « déjà vu » très prononcé : la scène du restaurant à Paris vous rappellera « Nikita » ; la fuite dans les couloirs du Kremlin a des airs de « John Wik 3 », les courses en voiture nous ramène au « Transporteur ». Bref Besson se recycle …en Besson ou presque.

Dès le début le cinéphile établit des parallèles ; Anna est une junkie (comme Nikita), elle change de vie (comme Nikita), elle est entraînée par un mentor (Luke Evans) et petit à petit elle essaye (comme Nikita) de redonner un sens à sa vie (comme… enfin vous avez compris). On l’a tous compris Anna ressemble trop à l’espionne incarnée par Anne Parillaud, mais en plus par bien d’autres détails au récent « Red Sparrow » (avec Jennifer Lawrence sorti en 2018)… Quand nous parlions de « Déjà vu » !

Si encore Luc Besson soignait les détails mais malheureusement les anachronismes déjà bien présents dans son œuvre sont ici affligeants : utilisation de PC portables des années 2000 dans les années 80, idem pour les téléphones des années 90. Nous n’épiloguerons pas plus avant sur les sautes temporelles sensées expliquer les dessous des cartes mais qui se révèlent  ridiculement épuisantes.

Restent les interprétations mesurées mais toujours brillantes de « Tommy Shelby », pardon Cillian Murphy et de « Lady » Helen Mirren mais qui n’arrivent pas à créer cette alchimie qui existait entre Tchéky Karyo , Jeanne Moreau et Anne Parillaud.

L’américanisation des films de Luc Besson lui avait déjà joué des tours avec « Valérian » qui arrivait trop tard après les autres « Space Opéras » américains, le réalisateur aurait été mieux inspiré en gardant la trame de ce qui avait fait son succès …sa spécificité française ; ici il en va de même ; faire un film en langue anglaise et il sera inévitablement comparé aux autres films en langue anglaise.

Au final, « Anna » est un film d’action dans l’air du temps que les fans de Besson apprécieront, quant aux autres ils chercheront le sens des choses sous chaque Matriochka qu’ils ouvriront…Aussitôt vu, aussitôt oublié.

Note : 5/10

Yves Legrand – Le 8  juillet 2019

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