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Le sommet du body-horror !

La Mouche (1986)

Parmi la cinquantaine de titres réalisés par le cinéaste canadien pour le grand et le petit écran depuis 1966, « La Mouche » reste le plus important succès commercial de sa carrière, trois années après l’échec public de l’adaptation, pourtant remarquable, du roman « The Dead Zone » de Stephen King, avec Christopher Walken dans le rôle principal.

Critique La Mouche (1986) : Le sommet du body-horror ! - ScreenTune
© 1986 20th Century Fox

Synopsis :

Le scénario final du film est signé par Cronenberg et Charles Edward Pogue, d’après une première mouture de James Clavell adaptée de la nouvelle éponyme de George Langelaan. Celle-ci avait précédemment été portée à l’écran dans « La Mouche noire » de Kurt Neumann en 1958, avec David Hedison, Patricia Owens et Vincent Price, avant d’être suivie par « Le retour de la mouche » d’Edward Bernds en 1959 et « La malédiction de la mouche » de Don Sharp en 1965.

C’est le maître du cinéma burlesque Mel Brooks qui produit le film, à nouveau avec beaucoup de flair, quelques années après en avoir fait de même avec « Elephant Man » de David Lynch. Brooks avait d’abord envisagé de voir Tim Burton diriger le film. Sous contrat pour Disney, ce dernier avait dû refuser, avant que Cronenberg ne finisse par accepter, après avoir toutefois lâché « Total Recall », finalement confié à Paul Verhoeven, à condition de pouvoir revoir le script en profondeur.

Critique La Mouche (1986) : Le sommet du body-horror ! - ScreenTune
© 1986 20th Century Fox

Le récit nous met en présence du brillant biologiste Seth Brundle (Jeff Goldblum), un scientifique de haut vol mais plutôt timide avec les femmes, qui rêve de finaliser son projet révolutionnaire qui doit permettre la téléportation. Sa rencontre avec Véronica (Geena Davis), une ambitieuse journaliste, qui tombe sous son charme, lui donne des ailes…

Poursuivant ses recherches avec assiduité et malgré quelques échecs liés à l’expérimentation, il finit, sur un coup de tête, alors qu’il est rongé par la jalousie lorsqu’il croit voir sa compagne retourner vers une ancienne relation, par tenter de se téléporter lui-même sans prendre en compte ses premiers essais. Si le processus semble être un succès, le scientifique ignore qu’une mouche s’est glissée avec lui dans la machine et que leurs deux patrimoines génétiques commencent à fusionner… Les mutations physiques s’amplifient alors, réduisant l’homme à une misérable existence d’insecte…

Critique La Mouche (1986) : Le sommet du body-horror ! - ScreenTune
© 1986 20th Century Fox

Pour soutenir son récit, le réalisateur enchaîne avec une saisissante maestria, de manière ciselée et frontale, des scènes fortes en émotions baignées dans un climat puissamment anxiogène, au fil d’une lente et inexorable dégénérescence du corps du protagoniste principal, alors que sa conscience subsiste, jusqu’à l’agonie finale…

Film emblématique du « body horror », « La mouche » est, grâce à sa parfaite maîtrise scénaristique et cinématographique, une fable métaphysique ambitieuse, troublante, implacable et intemporelle qui nous ramène à nos peurs primales, celles de notre vieillissement et de notre dépérissement physique inéluctables.

Critique La Mouche (1986) : Le sommet du body-horror ! - ScreenTune
© 1986 20th Century Fox

Le film doit beaucoup à l’interprétation remarquable de Jeff Goldblum (le personnage de Seth Brundle devait initialement être interprété par Michael Keaton), dont il s’agit assurément de son plus grand rôle. Le comédien avait derrière lui une carrière sur scène et à la télévision (notamment dans la sympathique buddy series « Timide et sans complexe » aux côtés de Ben Vereen), avant se faire ses premières armes sur grand écran sous la direction de Michael Winner, Robert Altman, Paul Mazursky, Woody Allen, Alan Rudolph, Philip Kaufman, Lawrence Kasdan ou encore John Landis. Le comédien partage l’affiche avec sa compagne de l’époque, Geena Davis, qui incarnera quelques années plus tard et avec un succès retentissant Thelma dans « Thelma et Louise » de Ridley Scott. On notera que le réalisateur apparaît quant à lui brièvement à l’écran dans le rôle d’un gynécologue (il se fera à nouveau plaisir deux années plus tard dans un rôle furtif d’obstétricien dans « Faux-semblants »)

Critique La Mouche (1986) : Le sommet du body-horror ! - ScreenTune
© 1986 20th Century Fox

La somptueuse partition symphonique de Howard Shore, fidèle comparse de Cronenberg, sert quant à elle avec maestria les couleurs sombres et tragiques du récit, dans un climat qui vire des dimensions romantiques et idéalistes vécues par le protagoniste principal (et sa compagne) au début du film au cauchemar, alors que le scientifique subit une dégradation physique monstrueuse…

Quant au film, il connut un très beau succès public et critique, décrochant au passage le prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d’Avoriaz, Stephan Dupuis et Chris Walas obtenant pour leur part l’Oscar des meilleurs effets spéciaux de maquillage.

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© 1986 20th Century Fox

On notera que le récit fit l’objet d’une adaptation supplémentaire, sous les auspices de Cronenberg et de son compositeur-fétiche, sous la forme d’un opéra, créé le 2 juillet 2008 au théâtre du Châtelet à Paris dans une mise en scène de Cronenberg lui-même, sur base d’un livret de David Henry Hwang et sous la direction musicale de Plácido Domingo.

Quant au maquilleur oscarisé Chris Walas, il passa derrière la caméra en 1989 pour réaliser un épisode des « Contes de la crypte », ainsi que « La Mouche 2 », laminé à sa sortie, tant par la critique que par le public, encore trop marqués par le chef d’œuvre proposé par Cronenberg trois années plus tôt.

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© 1986 20th Century Fox

Près de quarante années après sa création, « La mouche » est sans aucun doute l’une des pièces majeures de l’œuvre de David Cronenberg, un opus s’inscrivant parfaitement dans ses thématiques de prédilection, où l’on retrouve ses questionnements sur l’identité, le rapport au corps et sa déliquescence, marquée également par celles des rapports humains.

NOTE :

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Sources Photos : 

© 1986 20th Century Fox

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