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Chauve-qui-peut

Bruce Willis

Dans les années 80 et 90, son seul nom suffisait à construire un film destiné à ameuter les foules. Pourtant, son parcours fut semé d’embûches, peu d’acteurs peuvent se targuer d’une telle carrière mais avec plus d’une soixantaine de films et une notoriété internationale, Bruce Willis s’est imposé comme l’un des plus grands noms du Septième Art. 

Grâce à son célèbre rôle de John McCLane, flic new-yorkais, cynique au grand cœur et héros malgré lui dans le jubilatoire « Piège de Cristal » de John McTiernan, notre chauve préféré est devenu une des figures de proue du cinéma d’action. Une œuvre qui l’a propulsé vers les sommets bien aidé aussi par la superbe voix en VF de Patrick Poivey.

Il ne faut cependant pas résumer sa carrière à ce simple rôle, à travers cet article, nous allons vous montrer que ce bon vieux Bruce (toujours très en forme dans « Glass ») est un acteur aux multiples facettes.

Petite bio :

Au départ, rien ne prédestinait le jeune Bruce Willis à devenir un des acteurs les plus « bankable » de sa génération.

Aussi insolite que cela puisse paraître, il est né en 1955 à Idar Oberstein, dans une garnison d’Allemagne de l’Ouest. Ses parents se trouvaient stationnés dans une base militaire puisque son père était membre de l’armée américaine. Ce dernier ayant le mal du pays, finit par rendre son uniforme. De retour aux Etats-Unis, à la fin des années 1950, sa famille retrouve la ville de Penns Grove, dans le New Jersey, où son père reprend son métier de soudeur. Il dira plus tard, à propos de ses choix de carrière : « Les chantiers c’est bien, mais Hollywood c’est mieux ». Bruce va passer la plus grande partie de sa jeunesse dans cette ville dans laquelle il sera très populaire au lycée. Il s’y distingue d’ailleurs en tant que chef de bande et grand amuseur public. Pour lui, l’humour et les amis comptent plus que tout. Passionné par la musique, il apprend l’harmonica en autodidacte. À la fin de ses études secondaires, il s’inscrit à l’université de Montclair, dont il préside le conseil étudiant.

Mais le futur acteur d’« Incassable »  a pourtant un problème : il bégaie. Voulant guérir de ce handicap, il s’inscrit en section théâtre et se découvre une nouvelle passion. « Dès que j’étais en face d’un public, mon bégaiement disparaissait. J’ai l’esprit contradictoire… ». Son charisme, son côté nature, son sens inné du comique et de l’improvisation séduisent immédiatement ses professeurs et le public. Diplôme en poche, Bruce Willis alterne auditions et petits jobs.

Deux ans plus tard, il est engagé par la troupe First Amendment Comedy Theater. En 1977, il s’installe à New York et décroche un rôle dans la pièce « Heaven and Earth ». Le jeune comédien arrondit ses fins de mois en étant serveur au Café central, un café spectacle de l’Upper West Side, réputé pour être fréquenté par un grand nombre d’acteurs. « Il y avait des gens comme Richard Gere et Mickey Rourke. Je les regardais pour voir comment il fallait et comment il ne fallait pas se comporter quand on est une star ». Bruce sert les clients en patins à roulettes avec des tee-shirts déchirés, il fait le pitre, soucieux d’amuser la galerie, se moquant de tout le monde, y compris de lui. C’est ainsi qu’une agence de pub l’engage pour le jean Levis 501. Le jeune Bruce prend goût à la célébrité. À presque 30 ans, il sait que son avenir sera devant les caméras ou sur les planches. Il poursuit sa carrière théâtrale, jouant dans « Railroad Bill » ou encore « Fool for Love », jusqu’en 1985, date à laquelle sa carrière décolle à la télévision avec la série « Clair de Lune ». Le début d’une incroyable ascension.

Il est temps de découvrir le top de ses meilleures prestations.

Le Top 10 de la rédaction :

10. « Sin City » (2005) de Robert Rodriguez :

À sortie, le film est une claque visuelle dans laquelle Robert Rodriguez prend un malin plaisir à jouer avec les cadres et les angles de prises de vues. Bruce Willis incarne la figure du flic à bout de nerfs, jouant subtilement entre mélancolie et folie meurtrière, sorte de relecture/hommage à Bogart, le visage usé, la voix fatiguée mais l’œil vif, l’acteur est l’un des gros atouts du premier « Sin City ». Un acteur qui est à lui seul ou presque le garant de l’émotion que le long-métrage parvient à exprimer entre deux éclairs de violence graphique.

9. « Le Dernier Samaritain » (1991) de Tony Scott :

Un modèle du genre. Bruce Willis s’associe au roi du « buddy movie » alias Shane Black au scénario (« The Nice Guys ») et devant la caméra de Tony Scott pour l’un des « buddy movies » les plus mémorables des années 90. Une comédie parfaitement calibrée avec un duo qui fonctionne totalement. Un long métrage d’action énergique et rafraichissant. Un classique !

8. « La Mort vous va si bien » (1992) de Robert Zemeckis :

Une comédie noire grand public qui cache pourtant une satire aiguë et contemporaine de la peur de vieillir et une réflexion sur le cauchemar de la vie éternelle. Zemeckis signe une comédie hollywoodienne sophistiquée, avec casting haut de gamme Meryl Streep et Goldie Hawn en compagnie de notre cher Bruce Willis qui signe une prestation toute en nuance pour un film visionnaire pour l’époque parce qu’il stigmatisait avec ironie ce culte de l’apparence qui triomphe aussi brutalement aujourd’hui.

7. « Moonrise Kingdom » (2012) de Wes Anderson :

Une histoire de famille (dysfonctionnelle) et d’enfance sacrifiée contée sur un rythme mineur et englobée dans quête amoureuse palpitante. Bruce Willis apparaît ici à contre-emploi aux côtés d’un parterre impressionnant d’acteurs (Edward Norton, Bill Murray …) prouvant là encore qu’il peut tout faire grâce une prestation surprenante dans un film touchant, sorte de retour à un état sauvage conjugué à une forme d’euphorie perpétuelle qu’aucun drame ne peut entamer. Il nous fait du même coup regretter sa propension à ne pas se mettre en danger plus souvent pour accepter de se compromettre dans toutes sortes de films dispensables.  

6. « Incassable » (2000) de M. Night Shyamalan :

Le premier volet de la trilogie super-héroïque du cinéaste, bien avant « Glass », Shyamalan signait un film de super-héros à contre-courant de tout ce que l’on trouve aujourd’hui. Fort du succès du « Sixième Sens », le duo M. Night Shyamalan/Bruce Willis démontre avec éclat que le grand spectacle hollywoodien peut encore être source d’euphorie et de réflexion. Une parabole, un conte moral et fantastique, « Incassable » est de tout ça.

La présence magnétique de Willis et de Samuel L. Jackson n’est bien sûr pas étrangère à cette éblouissante réussite.

5. « L’armée des douze singes » (1995) de Terry Gilliam.

Le cinéaste des « Monty Python » signe un film d’action virtuose inspiré du court métrage « La jetée » de Chris Marker. Au-delà des paradoxes temporels empruntés à Marker, on voit un macho sympathique (Willis) plongé dans un enfer en forme de thriller hitchcockien. Gilliam déconstruit le mythe Bruce Willis en proposant à l’acteur un rôle à fleur de peau aux côtés d’un jeune Brad Pitt tout bonnement impressionnant. Un classique indémodable.

4. « Pulp Fiction » (1994) de Quentin Tarantino :

Un film qu’on ne présente plus. « Pulp Fiction » est le film qui a fait éclater le talent de Tarantino au grand jour et lui a permis de remporter une palme d’or bien méritée à Cannes.  Le cinéaste mise sur Bruce Willis et lui permet de décrocher l’un des rôles les plus marquants de sa filmographie, à savoir celui du boxeur Butch, personnage borderline, bourrin et attachant. C’est simple, dans « Pulp Fiction », il y a du culte de partout.

3. « Die Hard 3 : Une Journée en Enfer » (1995) de John McTiernan :

Si « Die Hard 2 » (« 58 Minutes pour vivre ») n’est pas resté dans les mémoires, tout en restant un divertissement popcorn parfaitement honorable, le troisième opus marque surtout le retour de John McTiernan derrière la caméra. Une œuvre qui montre encore une fois le talent du cinéaste pour mettre en scène l’action et qui reste encore aujourd’hui un modèle du genre. Trépidant, superbement réalisé et écrit, ce troisième volet des aventures de John McClane regorge de morceaux de bravoure et de punchlines cultes comme par exemple :

« – Vous avez gâché un plan bien huilé.

– Ouais et bien puisqu’il est si bien huilé ton plan tu sais où tu peux te le carrer. »

McTiernan signe ici une sorte de « GTA » cinématographique jouissant de plus de la formidable alchimie qui anime Bruce Willis et son partenaire Samuel L. Jackson.

2. « Sixième Sens » (1999) de M. Night Shyamalan :

Une véritable claque cinématographique à sa sortie et un succès planétaire en prime. « Sixième Sens » est le chef d’œuvre de Shyamalan, le cinéaste rompait avec le fracas du divertissement hurlant pour proposer une méditation triste et retenue sur la présence des fantômes parmi nous, la nécessité vitale de se réconcilier avec eux et de marcher de concert avec nos ombres. Le film reprend quelques concepts de « Shining », là où Kubrick les avait laissés.

Shyamalan piège son spectateur dans des limbes ouatées et ternes, qui le laissent rêveur et stupéfait devant tant de maîtrise et l’interprétation sidérante de son duo Bruce Willis/ Haley Joel Osment. Un coup de maître absolu !

1.« Die Hard : Piège de Cristal » (1988) de John McTiernan :

Nous nous sommes déjà penchés sur le sujet dans notre critique, « Piège de Cristal » est Le meilleur film de Bruce Willis tout comme celui de John McTiernan. Le cinéaste redéfinit les codes, en créant inconsciemment un nouveau style, un nouveau type de personnage, un nouveau rythme et presque un nouveau genre dans la culture populaire. Une œuvre charnière synonyme de révolution du genre (comme peuvent également l’être « Terminator » et « Rambo »).

Bruce Willis dégage un charisme incroyable à l’écran et qui correspond à merveille au personnage. Sans jamais être ridicule, il donne vie de très bonne manière à un « monsieur tout le monde » qui fait face à l’inoubliable Alan Rickman en méchant terroriste calculateur. Tantôt drôle, tantôt d’une grande brutalité, il campe un personnage qui a une phobie de l’avion et qui pourtant, va faire des choses extraordinaires pour sauver sa femme.

« Piège de Cristal » n’a pas pris une ride en 30 ans et est surtout un must faisant partie du cercle des inégalés voire des inégalables du genre.

Même si sa carrière est bien retombée avec des sorties bien moins impressionnantes voire même dans l’anonymat le plus total. Bruce Willis possède une filmographie exceptionnelle bâtie à force de persévérance et de travail. On a vu dernièrement qu’avec « Glass » que l’acteur prouvait que l’âge ne semblait avoir aucune incidence sur son physique et son moral, il est d’ailleurs même lucide sur le temps qui passe : « J’aime mon look, j’aime les rides sur mon visage… Je n’ai jamais eu un visage lisse, même étant jeune. Je m’aime comme je suis et je n’ai aucune envie de passer sous le bistouri ! ».

Vieillir semble d’ailleurs lui convenir : « Au début de ma carrière, je n’étais pas très humble et un peu crétin ! ». Maintenant, je me prends moins au sérieux, je m’améliore. Au fil de ma vie, j’essaie de devenir meilleur. D’être un exemple pour mes enfants.» (Il est père de trois filles nées de son union avec Demi Moore).

Grâce à plusieurs rôles marquants mais surtout à ce diable de John McCLane, Bruce Willis laissera à jamais sa patte dans le cinéma d’action et malgré quelques déconvenues, son aura restera intacte.

« Yippee-ki-yay, pauvre con ! »

NB : Pouvaient aussi être cités :

  • « Looper » de Rian Johnson (2012)
  • « Red » de Robert Schwentke (2010)
  • « Les Larmes du Soleil » d’Antoine Fuqua (2003)
  • « Bandits » de Barry Levinson (2001)
  • « Un Homme presque parfait »  de Robert Benton (1994)
  • « Code Mercury » (1998) de Harold Becker

Julien Legrand – Le 21 mars 2019

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