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Gallagher comme à la guerre

Oasis

Souvent comparé aux Beatles à leurs débuts, Oasis s’est rapidement imposé comme un des groupes phares du rock des années 90 et comme le porte étendard du mouvement « britpop », caractérisé par l’émergence d’un rock alternatif inspiré de la musique pop des sixties.

Oasis fait désormais partie, à juste titre, des groupes de rock les plus populaires, en vendant plus de 70 millions de disques à travers le monde. De par son côté sulfureux, il répond assez bien à l’adage « sexe, drogue et rock’n’roll » qui collait à la peau de leurs ainés.

Le groupe originaire de Manchester est également connu pour ses rivalités, celle qu’il partage avec Blur et son leader Damon Albarn mais surtout celle entre les frères Gallagher : Liam, le cadet et Noel, l’aîné dont les relations tendues ont conduit à la séparation du groupe en 2009.

Retour sur ce que les médias ont nommé « l’Oasismania ».

Débuts tonitruants :

Tout commence en 1991, lorsque le jeune Liam Gallagher (19 ans) se voit proposer la place de chanteur dans le groupe « The Rain » par son ami d’enfance Paul « Guigsy » McGuigan. Voyant là l’occasion d’enfin sortir de l’anonymat, il accepte et rejoint ce qui constitue déjà les bases du futur Oasis.

Si ses qualités de chant, qu’il a développé sur le tard, sont indéniables, il n’en va pas de même pour ses compositions, ce qui provoque les sarcasmes de son frère ainé Noel (24 ans), de retour des États-Unis où il était roadie avec les Inspiral Carpets. Supportant peu ces remarques, Liam proposa à son frère de rejoindre le groupe, ce qu’il accepta.

Devenu Oasis en référence à une petite salle de concert de la banlieue de Manchester qu’ils affectionnaient, le groupe des frères Gallagher fait sensation pour sa première apparition à la télévision au printemps 94 dans l’émission « Top of the Pops » avec le morceau « Supersonic » et ses riffs endiablés.

Dans la foulée de ce succès, Oasis enregistre son premier album « Definitely Maybe » qui s’écoule à plus de 150 000 exemplaires vendus en trois jours et devient l’album le plus rapidement vendu de l’histoire musicale britannique. Caractérisé par un son assez brut, il contient des morceaux d’anthologie comme « Live Forever », « Rock’N’Roll Star » ou encore « Cigarettes And Alcohol ».

Avec leurs premières tournées, Oasis devient la nouvelle sensation rock et se voit déjà gagner une réputation sulfureuse entre hôtels dévastés, drogues et bagarres diverses…

  • En route vers Amsterdam pour assurer la première partie de « The Verve », les membres du groupe, hormis Noel, se font refouler après une bagarre au bord du Ferry.
  • Pour leur première tournée américaine, Noel quitte temporairement le groupe après une prestation catastrophique à Los Angeles, ne supportant plus d’être le seul membre responsable (les autres étant trop souvent sous l’emprise de la drogue).

Confirmation :

Pas le temps de reposer sur leurs lauriers qu’un nouveau single « Whatever » fait son apparition dans les backs en décembre 94, s’installant directement à la troisième place des charts au Royaume-Uni. De retour de leur tournée américaine, les membres d’Oasis commencent à enregistrer leur prochain single « Some Might Say », ce qui donne lieu au renvoi du batteur Tony McCarroll, remplacé par Alan White.

Cette période en studio marque également les premiers conflits entre les frères Gallagher dont l’un des plus connus à lieu durant la préparation de leur second album au Pays de Galles : Liam a débarqué avec trente ivrognes rencontrés dans les pubs voisins, Noel les découvre quelques heures plus tard jouant avec ses guitares à 10 000 livres et les vire à coups de batte de cricket.

Ces tensions n’empêchent pas Oasis de finir leur second opus « (What’s the Story) Morning Glory? » qui, malgré un son plus doux et fort critiqué avant sa sortie, marque le véritable début de ce que les médias ont nommé « l’Oasismania », en référence à « la Beatlemania ».

Cette « Oasismania » coïncide avec la période la plus faste du groupe. Avec ses hits incontournables ; dont le plus populaire de tous « Wonderwall » ainsi que « Don’t Look Back in Anger » ou « Some Might Say » ; leur deuxième album connaît l’apothéose en devenant le troisième le plus vendu de tous les temps au Royaume-Uni, faisant notamment mieux que « Bad » de Michael Jackson avec plus de 4 millions de copies écoulées.

Les tournées à guichets fermés se succèdent un peu partout en Angleterre, Oasis rassemble 40 000 personnes pour deux concerts mémorables à Earl’s Court (Londres) avant de remplir le Maine Road, stade de 80 000 places dans leur ville d’origine. Mais le point d’orgue de cette tournée a lieu les 10 et 11 août 1996 avec ses deux concerts à Knebworth Park rassemblent pas moins de 250 000 fans alors que 5% de la population a tenté d’obtenir des places.

Frères ennemis :

Cette période faste est également marquée par ce qui deviendra une des rivalités les plus connues de l’histoire de la musique : celle les opposant à Blur. Issus de milieux différents mais connaissant la gloire à la même période, les incidents sont légions (bagarres, invectives, etc.) entre les deux groupes.

Un épisode va alors cristalliser les tensions : la sortie du single « Country House » de Blur sort en même temps que le « Roll With It » d’Oasis, ce qui va créer de nombreuses polémiques dont une phase prononcée par l’ainé des Gallagher souhaitant voir Damon Albarn et Alex James, chanteur et bassiste de Blur, « crever du sida » (il présentera des excuses publiques peu de temps après), qui témoigne bien de la haine que se vouaient les deux groupes.

Après le succès planétaire de leur deux premiers albums, l’attente autour de la suite est énorme et ne fait que s’accroitre après la présentation des titres « All Around The World » et « D’You Know What I Mean? » en première partie de U2 à Oakland. Si l’accueil est positif lors de sa sortie en août 1997, l’album « Be Here Now » lasse vite les fans et les critiques qui le trouvent trop long et bâclé. Oasis devient tout d’un coup la proie favorite des médias qui voient en eux une bande d’arrogants.

Le tournant des années 2000 se révèle compliqué pour les mancuniens, l’accueil de leur quatrième album « Standing on the Shoulder of Giants » est glacial malgré le succès du single « Go Let It Out » et les premiers signes de séparation apparaissent lorsque Noel abandonne le groupe durant la tournée en cours, excédé par le comportement de son « singe de frère ».

Avec « Heathen Chemistry », leur cinquième production sortie en 2002, Oasis renoue avec le succès tandis que l’ambiance au sein du groupe semble enfin au beau fixe, y compris entre les frères Gallagher. Les titres « Songbird » composé et chanté par Liam et « Stop Crying Your Heart Out » portent l’album qui renoue avec la critique.

Dissolution et carrières solos

Dans l’optique d’une nouvelle tournée mondiale en 2005, le groupe présente son sixième album « Don’t Believe the Truth » avec comme principaux morceaux « Lyla » et « The Importance of Being Idle ». La presse est unanimement positive à propos de celui-ci, ce qui n’était plus arrivé depuis « (What’s the Story) Morning Glory? ». Le groupe enchaîne ensuite avec une tournée à guichets fermés dans les stades britanniques.

L’année 2008 est marquée par la sortie de ce qui constitue à ce jour le dernier album d’Oasis : « Dig Out Your Soul ». Le premier single « The Shock of the Lightning » signe la meilleure performance du groupe en matière de vente aux Etats-Unis depuis « Don’t Go Away » sorti en 1997 sur l’album « Be Here Now ».

Après une tournée dans les plus grands stades du Royaume-Uni démontrant que la popularité du groupe reste intacte, le groupe est à l’affiche de nombreux festivals de musique au quatre coins de l’Europe durant l’été. C’est ainsi que quelques minutes avant de monter sur la scène principale de Rock en Seine, le 28 août, Noel Gallagher annonce son départ définitif du groupe après une énième dispute avec son frère cadet.

Cette fois-ci pas de retour en arrière, c’est la fin d’une des plus grandes succes stories musicale de l’histoire. Depuis leur séparation, les deux frères ont continué leur route chacun de leur côté avec réussite. Si Liam a dans un premier temps fondé le groupe « Beady Eye » sur les cendres d’« Oasis », c’est sous son propre nom qu’il connaît maintenant le succès avec son album « As You Were » sorti en 2017. Noel à quant à lui formé un nouveau groupe nommé « Noel Gallagher’s High Flying Birds » en compagnie de l’ancien pianiste d’Oasis Mark Rowe et connaît le triomphe également. Les fans du groupe peuvent donc continuer à vibrer malgré la disparition de leur modèle d’antan.

Top 5 :

En guise de conclusion à ce portrait d’Oasis, voici le top 5 des morceaux les plus populaires du groupe selon Spotify :

1. Wonderwall

Sans conteste le titre le plus connu du groupe et également le plus repris, « Wonderwall » dont le titre est inspiré de l’album « Wonderwall Music » de George Harrison, sorti en 1967. La chanson a été classée 3e meilleure chanson britannique de tous les temps en 2010.

2. Don’t Look Back In Anger

Premier morceau d’Oasis à être entièrement chanté par Noel Gallagher et non son frère Liam, « Don’t Look Back in Anger » se distingue par son introduction au piano qui n’est pas sans rappeler « Imagine » de John Lennon. La chanson a servi d’hymne après les attentats qui ont frappé Manchester en 2017.

3. Stand By Me

2ème single de l’album « Be Here Now », la chanson a atteint la seconde position dans les charts anglais en septembre 1997. Mais en raison de retour négatif de l’album, traduisant sa trop grande confiance en eux des membres du groupe, « Stand by Me » n’est que rarement jouée en live.

4. Champagne Supernova

Rappelant le rock psychédélique des années 60 par ses sonorités planantes, « Champagne Supernova » fait référence dans la culture populaire à une coupe de champagne dans laquelle on rajoute de la cocaïne. Classée 22e meilleure chanson britannique de tous les temps, une supernova découverte en 2003 porte désormais son nom.

5. Live Forever

3e titre de leur premier album, « Live Forever » fut composée par Noel Gallagher en 1991, Liam lui demanda de rejoindre le groupe après l’avoir entendu. Elle est inspirée du morceau « Shine a light » des Rolling Stone et fut classée numéro 1 dans le top des 100 meilleures chansons de rock anglais de tous les temps par le Q magazine, second plus grand magazine rock anglophone.

Damien Monami – Le 21 septembre 2018

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