Le fait que l’histoire soit racontée du point de vue de l’enfant apporte une dimension insouciante à l’intrigue malgré un sujet très sombre, du moins jusqu’à la délivrance ou Jack passe d’une certaine manière à l’âge « adulte » en découvrant que le monde est bien plus vaste que ce qu’il a connu jusque-là. Son regard d’enfant nous permet de faire quelque peu abstraction des moments difficiles vécu par sa mère tout au long du récit.
Ce choix scénaristique permet d’une part de se focaliser sur le rapport mère-fils dans cette situation, la façon dont Jack aide malgré lui sa mère à tenir le coup, à garder espoir, il est pour elle une éclaircie dans le brouillard, une échappatoire à son malheur. Et d’autre part, il permet de conserver une certaine part de mystère, notamment lorsque le ravisseur, renommé Vilain Nick, entre en scène. Lui, avec son insouciance d’enfant, le voit comme une sorte de magicien qui fait apparaître des choses lorsqu’ils en ont besoin, non comme un monstre, qui viole la mère de Jack chaque soir, et c’est l’unique chose que nous avons besoin de savoir de lui.
Mais la véritable prouesse de « Room » réside dans sa deuxième partie. Effectivement, dans celle-ci, le long-métrage change drastiquement de ton et offre une approche peu consensuelle pour un récit de la sorte. Leur libération aussi inespérée soit-elle n’est pas conçue comme un happy-end, les scénaristes ont eu l’intelligence d’évoquer l’après, où comment on se reconstruit après avoir été captif aussi longtemps, comment expliquer à son enfant qu’il existe un vaste monde quand celui-ci s’est toujours limité à une seule pièce. Tant de question auxquelles on omet généralement de répondre dans ce genre de film.