Critique Cartel (2013) – « Noir c’est noir. Il n’y a plus d’espoir … »
« Noir c’est noir. Il n’y a plus d’espoir … » Cartel Ridley Scott n’est plus un réalisateur
Show (me the) Business!
Le réalisateur Oscarisé Damien Chazelle nous revient avec une incroyable fresque cinématographique nommée aux Golden Globes 2023 dans les catégories suivantes : Meilleur film musical ou comédie et Meilleure musique de film. Porté par une impressionnante distribution (dont trois sont aussi nominés), « Babylon » interpelle.
Notre critique s’avère difficile tant Chazelle nous en met plein la vue !
Synopsis :
Récit d’ambitions démesurées et d’excès fous, fous, fous… « BABYLON » est un long-métrage unique en son genre qui retrace l’ascension et la chute de différents protagonistes lors des premières années de la création d’Hollywood, une ère d’extravagance et de décadence sans limites. Alors que le cinéma parlant prend le pas sur le muet, le réalisateur s’intéresse à l’impact de cette transition majeure sur les acteurs de cette industrie…
Notre sous-titre est bien sûr à double sens, le show Business est un monde en soi dont le fonctionnement a germé dans les années vingt avec ses talents, ses starlettes et ses démesures ce que le film évoque avec maestria montrant à tous l’envers du décor (« Show me the business »).
Le cinéma est une machine à produire des émotions et de ce point de vue Damien Chazelle frappe fort d’entrée avec une énorme séquence d’introduction, cet (indécrottable) éléphant et une exceptionnelle bacchanale filmée sur une musique de jazz endiablée prétexte à mettre en relation tous les protagonistes bien avant que le titre du film apparaisse plein écran.
« Babylon » cité légendaire de l’antiquité célèbre pour sa démesure et ses extravagances, c’est aussi le titre d’un livre de Kenneth Anger (« Hollywood Babylon » sorti 1975) qui évoque les mêmes débauches et excès à Hollywood durant l’avènement du cinéma parlant… Et la liste est longue des acteurs et actrices dont les addictions, les liaisons adultères, les mœurs dissolues précipitèrent la chute.
Dans les salles dès le 18 janvier, « Babylon » sera, on l’espère, très attendu et va sans conteste marquer l’année 2023. S’appuyant sur un casting incroyablement talentueux : l’australienne Margot Robbie (« Scandale » & « The Suicide Squad ») campe avec une énergie électrisante la jeune et ambitieuse Nellie LaRoy, Brad Pitt est Jack Conrad, un acteur star aux premiers temps du muet, mais on peut aussi apprécier Diego Calva (la série « Narcos Mexico ») en débrouillard Manny Torres, Li Jun Li incarne une chanteuse Lady Fay Zhu (inspirée de Anna May Wong, première star américaine d’origine chinoise), Jovan Adepo est le musicien noir Sidney Palmer et autour de ce petit monde gravite Jean Smart qui prête ses traits à la chroniqueuse Elinor St. John, sans oublier le gangster James Mckay sous les traits de Tobey Maguire (par ailleurs producteur associé).
Mais aussi une bonne dizaine d’acteurs et d’actrices dans des plus petits rôles de mondains, de producteurs de musiciens, de techniciens comme Olivia Wilde, Max Minghella, Olivia Hamilton, Lukas Haas, Eric Roberts qui apportent chacun un éclairage différent sur ce monde en devenir qu’est le cinéma.
Ce « Barnum » à ciel ouvert et à l’incomparable luminosité qu’était Hollywood aux premiers temps du cinéma muet se mue sous nos yeux en une Babylone des temps modernes, lieu de toutes les rencontres improbables, de tous les rêves un peu fous. Mais là aussi les progrès de la technologie vont en élever certains et en laisser d’autres sur le carreau…
Damien Chazelle, plus jeune réalisateur oscarisé (en 2017 pour « La La Land ») démontre une fois encore toute sa maestria tant dans les scènes oniriques que dans ses évocations des grands tournages du muet. Sa mise en scène en ravira beaucoup, en fera sourire certains et s’offusquer d’autres même si elle tente avant tout d’être l’exact reflet d’une époque, aujourd’hui révolue, dans l’œil des spectateurs.
C’est du grand cinéma… sur le Septième Art. On peut disserter à l’envie sur les personnages que le réalisateur a choisi de mettre en scène… et en lumière ; mais ces histoires entremêlées font sens au propos qui est une incroyable déclaration d’amour à tous ceux qui ont fait Hollywood du muet au parlant…
Quand à la dernière envolée musicale elle s’offre sur l’écran en un improbable kaléidoscope de couleurs et de secondes d’extraits des milliers de films qui ont marqué le cinéma !
Un film inclassable, presque incotable aussi car autant les amateurs et les connaisseurs de l’histoire du cinéma vont l’encenser autant d’autres vont le trouver outrancier, à fortiori s’ils vont le voir sur un petit écran.
Un objet cinématographique très identifié donc, mené tambour battant sur la musique de Justin Hurwitz terriblement présente qui lui vaut son troisième Golden Globe après « La La Land » et « First Man » et qui résonnera longtemps dans votre tête.
Un film sur le cinéma mérite une grande salle !
Yves Legrand – Le 16 janvier 2023
Sources Photos :
© 2022 Paramount Pictures & Sony Pictures Belgium
« Noir c’est noir. Il n’y a plus d’espoir … » Cartel Ridley Scott n’est plus un réalisateur
Après le succès planétaire de « La La Land », Damien Chazelle est de retour dans un registre très différent avec le biopic « First Man ».
Il y a trente ans, Ridley Scott signait avec « Thelma et Louise » une ode à l’amitié, à la liberté et à l’émancipation portée par le duo Susan Sarandon et Geena Davis !
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