Publicités

« Musique… Et que chacun se mette à chanter »

La La Land

Auréolé de 5 Oscars dont celui du « meilleur réalisateur », le plus jeune de l’histoire pour Damien Chazelle et celui de la « meilleure actrice » pour Emma Stone, « La La Land » était cependant un projet refusé par de nombreux studios de cinéma avant son incroyable succès en 2017.

Une adaptation portée et écrite par le petit prodige canadien à qui l’on doit l’excellent film « Whiplash » notamment récompensé aux Oscars pour la performance de J.K. Simmons et dernièrement « First Man » encore avec Ryan Gosling mais cette fois presque boudé aux Oscars.

Le jeune cinéaste avait à peine eu le temps de de digérer son immense succès pour son premier long métrage que le voilà de retour avec une œuvre qui avait tout du cadeau empoisonné ou de la belle surprise.

Après un premier essai transformé, Damien Chazelle se met donc à l’heure de la comédie musicale, un genre tombé en désuétude à Hollywood depuis longtemps malgré de grands succès comme « Grease » et « West Side Story ».

Le réalisateur se donne en tout cas les moyens de réussir avec des bandes annonces qui laissaient présager un doux charme rétro et avec un duo d’acteurs qui a déjà prouvé son talent (Ryan Gosling, Emma Stone).

Damien Chazelle peut-il rendre ses lettres de noblesses à la comédie musicale ?

© 2017 Lionsgate

Synopsis :

Deux doux rêveurs – elle est une actrice débutante, il est un pianiste de jazz un peu prétentieux – tombent amoureux à Los Angeles…

« La La Land » est comme un bon repas, il se déguste lentement et un fois bien digéré, il se savoure avec passion. Damien Chazelle offre un véritable déluge de magie, d’émotions et de paillettes. Un film audacieux, qui tente de redorer le blason d’un genre tombé un peu dans l’oubli.

Photo by Dale Robinette © 2017 Lionsgate

Le cinéaste montre qu’il est un passionné et immerge avec énergie le spectateur dans cette histoire simple mais pleine de vie. Le réalisateur choisit une mise en scène portée sur le mouvement pour ne rien perdre de sa superbe chorégraphie et entraîner son public dans cette frénésie de swing sur une bande sonore absolument divine ponctuée par la brillante prestation musicale de John Legend.

« La La Land » est du beau cinéma, celui où la méchanceté n’a pas sa place. Certes, le film dépeint la naïveté d’un Hollywood qui vit au rythme des productions de cinéma mais il le fait avec une telle légèreté et montre que l’art et la passion prévalent sur le cynisme.

Photo by Dale Robinette © 2017 Lionsgate

Une œuvre qui prend son temps pour mette en place son univers, mais c’est pour mieux nous séduire et nous émerveiller devant tant de beauté. Deux heures qui se résument par de la poésie, des rires, des danses, de l’émotion et de l’amour. Tout cela mis en boîte de façon parfaite et avec une virtuosité fabuleuse.

Damien Chazelle utilise tous les codes et les techniques de la comédie musicale (les plan-séquences, les contre-plongées et autres travelling, …), pour nous livrer sa vision. Chaque plan est travaillé avec une recherche d’esthétisme, sublimé par des décors et des costumes somptueux.

Photo by Dale Robinette © 2017 Lionsgate

En stylisant aussi fortement les décors hollywoodiens les plus mythiques (studios, routes, bords de mer, collines, etc…) et en plaquant une telle lucidité sur la culture du paraître en arrière-plan de cette folle beauté visuelle, Damien Chazelle agence une matière réflexive assez cristalline sur l’image et l’ambition. Certes, montrer la face cachée de Hollywood n’a rien de très original, mais l’intemporalité du regard prévaut ici sur cette fausse impression de voir le réalisateur enfoncer des portes ouvertes.

Photo by Dale Robinette © 2017 Lionsgate

Par le biais d’un équilibre irréprochable entre légèreté et mélancolie, « La La Land » bascule alors dans un registre proche des « Enfants du Paradis » de Marcel Carné, où la puissance romanesque de l’intrigue découlait de ce moment fragile où l’ambition et les sentiments ne résistaient pas à l’envie d’emprunter des voies divergentes. La confusion réciproque chez Mia (Emma Stone) et Sebastian (Ryan Gosling) entre désir d’être et désir de faire devient alors le moteur émotionnel du film

Photo by Dale Robinette © 2017 Lionsgate

Cependant derrière tous ces superlatifs positifs, se cachent quand même un scénario simple et déjà vu qui pourrait déranger le public. Seul grand défaut de l’entreprise. Les puristes diront que la première heure est d’un ennui mortel, mais au regard du travail accompli, on ne peut que s’extasier devant un tel spectacle. « La La Land » est une œuvre qui se regarde comme une belle danse. Un début calme pour s’imprégner de l’ambiance, avant de déverser tout son potentiel énergique.

Damien Chazelle montre qu’il est un amoureux du septième art, il prend plaisir à filmer son duo de stars (tous deux excellents) et qu’il est capable de nous transporter dans un lieu où le spectacle est maître avec ses couleurs éclatantes et sa musique endiablée.

Photo by Dale Robinette © 2017 Lionsgate

« La La Land » est beau film qui renoue avec le cinéma d’antan. Une œuvre qui insuffle une certaine nostalgie grâce à un travail de mise en scène superbe et des acteurs émouvants. Des récompenses amplement méritées.

Note : 8/10

Julien Legrand – Le 13  février 2019

Vous pourriez aussi aimer :

Critique « The Gray Man » (2022) : De l’action, des explosions et une moustache ! - ScreenTune

Critique « The Gray Man » (2022) : De l’action, des explosions et une moustache !

On connait la volonté de la plateforme Netflix de proposer de plus en plus de films consommables rapidement après « 6 Underground » de Michael Bay, « Red Notice » ou encore « Extraction », place au trio Ryan Gosling, Chris Evans et Ana De Armas dans « The Gray Man » des frère Russo.
Retour sur un actionner musclé, nerveux et simpliste : la recette du blockbuster netflixien.

Lire plus »

contact.screentune@gmail.com