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personne ne doit vous entendre crier!

A Quiet Place

Les films d’horreurs sont pour le moment très à la mode. On ne compte plus le nombre affolant de productions de la sorte qui arrivent sur nos écrans ces dernières années. Si on n’exclut les longs métrages sortis par BloomHouse (le dernier en date : « Truth or Dare » déjà sorti aux USA et bientôt sur nos écrans), les nanars signés Eli Roth (« The Green Inferno », …) et les œuvres tirées de la saga « Conjuring », on peut dire que le genre à le vent en poupe.

 

Il est vrai que le public aime se faire peur et se rue facilement en salle pour affronter ses pires cauchemars comme en témoigne le succès du récent « Ça ». La tendance ne devrait pas changer avec « Sans un Bruit » ou sous son titre original « A Quiet Place ».

 

C’est au jeune réalisateur John Krasinski que l’on doit l’idée de ce nouveau long métrage horrifique (il s’agit déjà de son troisième film après « Brief Interviews with Hideous Men » et « The Hollars »). En plus de sa casquette de réalisateur, il endosse aussi celle d’acteur, accompagné par sa femme à l’écran comme à la ville : Emily Blunt ; dans les rôles de leurs enfants, Millicent Simmonds et Noah Jupe.

 

« A Quiet Place » a reçu des critiques dithyrambiques et est un vrai succès outre-Atlantique. Le troisième long métrage de John Krasinski est-il une réelle surprise ? 

« Stay Silent, Stay Alive » est le crédo que les personnages doivent suivre tout au long du film, et Krasinski incite le spectateur à en faire de même grâce à une mise en scène inspirée et intelligente. Il arrive habilement à faire gravité autour de son œuvre une tension qui va monter crescendo et nous couper le souffle durant 90 minutes d’épouvante lentes mais maitrisées.

 

Ce n’est qu’une fois les lumières de la salle rallumées que ce ressenti haletant se dissipe et que le silence est rompu.

 

Avec un budget ridiculement petit (seulement 17 millions de dollars), « A Quiet Place » arrive à transporter son spectateur dans un désert rural post-invasion marqué par des affiches de personnes disparues, des pharmacies pillées et des rues étrangement vides, une œuvre qui montre qu’il ne faut pas nécessairement y mettre le prix pour accrocher le spectateur. 

 

Grâce à son postulat de départ, l’histoire imprègne son atmosphère oppressante et le tournant décisif d’une tragédie qui va ancrer le public dans ce récit qui colle à la peau jusque dans ses dernières secondes.

 

« A Quiet Place » évite de tomber dans les travers d’autres productions du même genre avec des dialogues étirés ou des personnages mal écrits et grotesques ; ici, il est plutôt question de simplicité. Le fait de parler tend à signer son arrêt de mort alors Krasinski prend ici l’option de transformer son film en œuvre muette et joue subtilement avec les expressions de ses personnages comme vecteur d’émotions mais aussi comme fil conducteur de son long métrage.   

Plus question de parler, il va montrer, dépeindre soigneusement son environnement, comme par exemple, les indices affichés dans l’atelier du sous-sol de la maison familiale.

 

Il construit aussi une ambiance soutenue et oppressante, d’une manière à la fois moderne mais qui rappelle également « Rencontre du Troisième Type » de Spielberg ou encore « Signes » M. Night Shyamalan.

 

Et quand « A Quiet Place » appuie sur le bouton « panique », on sent directement les frissons nerveux remonter le long de notre colonne.

 

« Dans l’espace, personne ne vous entend crier » disait le fameux slogan d’ « Alien » de Ridley Scott. Dans le film d’horreur de John Krasinski, les cris sont bien pires qu’infructueux, ce serait instantanément la fin de votre vie. Le moindre bruit, dans cette vision post-apocalyptique fera directement émettre un élan d’effrois en chacun de nous.

 

Les acteurs rendent d’ailleurs une bonne partition, ils arrivent à transporter le public dans leur univers et à lui faire vivre les mésaventures qu’ils subissent. Mention spéciale à Emily Blunt qui se montre à la hauteur avec une performance physiquement épuisante et de grand talent.

Millicent Simmonds, encore une fois, est très convaincante. John Krasinski fait preuve de beaucoup de bon sens en incluant ce personnage sourd, qui ne manque pas grand-chose dans ces circonstances, mais qui est le seul à devoir compter sur les réactions des autres lorsque les monstres s’approchent. Elle est à la hauteur de Noah Jupe, de « The Night Manager » et « Wonder », dans le rôle du frère cadet Marcus, un jeune acteur très expressif dans chaque scène où il est frappé de terreur.

Krasinski avait réalisé deux films méconnus et non dénués d’intérêts, mais en termes de prémisse, d’enjeux et d’exécution, il réalise ici presque un sans-faute. Une idée simple et géniale, un peu à l’image du surprenant « Pitch Black » sorti en 2000 avec Vin Diesel où la lumière plutôt que le son était source de danger.

 

Dans « A Quiet Place », tout est construit avec une habileté implacable, même si on regrettera quelques stéréotypes propres aux films du genre et un final satisfaisant mais peu original au vu de l’ensemble du projet.

 

Le poids émotionnel que Krasinski arrive à insuffler à l’ensemble de son long métrage mérite bien ses 90 minutes.

Avec « A Quiet Place », John Krasinski réussit un petit tour de force (un vrai succès avec 311 millions de dollars au Box-Office) grâce à une mise en scène étriquée et bien aidé par un casting qui oblige le spectateur à rester attentif au moindre danger tapi dans l’ombre. Si vous cherchez le film qui vous gardera tendu et silencieux pendant un moment, « this must be this place ».

 

 

Note: 7,5/10

 

Julien Legrand – 28 mai 2018

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