Test Jeu « Heavy Rain » (2010) : Quand le jeu vidéo surpassait le cinéma.
Quand le jeu vidéo surpassait le cinéma. Heavy Rain Lors de son lancement à travers
Quand le jeu vidéo surpassait le cinéma.
Lors de son lancement à travers d’abord les bornes d’arcades et les consoles de salon, le jeu-vidéo a toujours été plus ou moins moqué par son grande frère le cinéma. Pourtant, le Septième Art a commencé à s’intéresser à son cadet lorsque celui-ci a généré des bénéfices financiers par l’intermédiaire de plusieurs sagas. Une petite aventurière en short court munie de flingues a notamment connu les joies de deux adaptations cinématographiques au début des années 2000. Voyant le média prendre de plus en plus d’ampleur(s), les studios de cinéma finissent par se dire qu’il y un filon à exploiter de tout ça.
Malheureusement, aucune transposition cinématographique n’arrive à rendre gloire à tous ces jeux qui nous sont chers. Pire, Hollywood régresse d’années en années en nous servant toujours la même soupe sans aucune imagination, là où les studios de jeux-vidéos n’ont jamais été aussi créatifs.
Le petit-frère moqué est-il en passe de surpasser son aîné ? En regardant un jeu comme « Heavy Rain » sorti en 2010, le monde du jeu vidéo est pourtant déjà largement en avance.
Synopsis :
Heavy Rain est un jeu d’aventure. Vous incarnez 4 personnages différents ayant tous un lien avec le tueur à l’Origami. Chacun tente d’enquêter sur l’identité du criminel. Le jeu se présente sous la forme de phases d’exploration et d’actions durant lesquelles le joueur doit réaliser des actions contextuelles pour effectuer ses actions. Le titre autorise un choix conséquent d’actions ce qui permet quasiment d’agir dans le jeu comme dans la réalité.
Développé à Paris au sein des studios de Quantic Dreams, « Heavy Rain » était la dernière production en date du concepteur de « Farenheint » qui réalisera ensuite « Beyond : Two Souls » et « Detroit: Become Human ».
Ce dernier tentait de concilier cinéma et jeu-vidéo grâce à un tueur en série, un père à la recherche de son fils, un sombre détective privé, une journaliste insomniaque et un agent du FBI toxico.
Bref, le nouveau jeu de David Cage allait très loin, brisant les barrières d’un média très codifié pour offrir au joueur une aventure intense pleine d’émotions et à la narration foisonnante.
Comme le dit l’adage : « Un bon film c’est avant tout un bon scénario. » et de ce point de vue, l’exclusivité de Sony ne déçoit pas le joueur et son plaisir manette en main.
Dès sa première scène, « Heavy Rain » nous plonge dans le quotidien d’une famille américaine ordinaire dont la vie est paisible, on suit Ethan Mars, un architecte et père de famille comblé mais dont l’épilogue familiale va s’en trouver renversé.
Les inspirations du jeu sont à chercher du côté de « Zodiac », « Seven » ou encore du « Silence des Agneaux » et « A history of Violence ». Tout cela afin de nous offrir une intrigue passionnante à la poursuite d’un serial-killer malin, le tueur aux origamis. « Heavy Rain » décrit des personnages complexes et marquants, qui grâce à la prise en main novatrice pousse l’attachement à son paroxysme.
La performance est d’autant plus remarquable que le bébé des studios Quantic Dreams ne s’en tient pas aux temps forts attendus (poursuites, bagarres…), gagnant même en relief (car en humanité) grâce aux scènes a priori les plus plates issues de la vie de tous les jours.
Toutes les décisions désastreuses ou non, selon la pertinence de nos choix et la vivacité de nos réflexes, que le joueur prendra à propos de chaque personnage le tiendra en haleine du début à la fin. Même l’amateur de polars le plus blasé ne pourra résister à cette narration éclatée tout simplement brillante.
À l’aide de ces quatre personnages, les différentes lignes narratives se complètent à merveille et, lorsque deux d’entre elles se rencontrent, la scène provoque un trouble précieux.
Si l’intrigue est tout à fait digne des meilleurs polars hollywoodiens, le gameplay est une expérience inhabituelle à lui seul. Le joueur doit user de son aisance pour orienter son pas ou son regard, interagir avec les objets et effectuer certaines actions en appuyant sur la bonne touche affichée sur l’écran.
Mais loin d’être un simple exercice de rythme, il faut redoubler de vigilance car chaque geste, chaque action influence le récit en bien ou en mal. Dans la pratique cette mécanique est tellement bien intégrée à l’action et votre personnage que la manette vous permet de mieux ressentir ce qui se passe, de vivre le jeu.
À l’époque, il fallait oublier tout ce qui avait déjà été tenté dans ce domaine.
Ce qui renforce la richesse narrative de « Heavy Rain », c’est que les développeurs laissent véritablement le choix au joueur de décider et favorise aussi son implication émotionnelle. Face aux nombreuses options qui s’offrent à l’écran à chaque instant, autant dire que deux personnes ne vivront jamais la même aventure. Le temps ayant une grande importance dans l’intrigue, vous en aurez souvent peu pour réfléchir manette en main ce qui favorise la spontanéité.
Tous ces choix cornéliens donnent lieu à des issues parfois dramatiques mais qui renforcent une expérience presque viscérale.
Si la capture des mouvements des comédiens est désormais devenue monnaie courante dans le domaine du jeu vidéo et du cinéma, « Heavy Rain » était clairement en avance sur son temps en 2010. Le jeu de David Cage allait très loin en se rapprochant de la performance capture de films comme « Beowulf », « L’Etrange Noël de Scrooge », La trilogie de « la planète des singes » ou encore « Avatar ».
Les personnages sont doublés par de vrais acteurs totalement libres de leurs mouvements et de leurs expressions qui atteignent un degré de réalisme fantasmé à l’époque.
« Heavy Rain » est un fantastique jeu-vidéo qui n’a rien à envier aux productions hollywoodiennes grâce à un gameplay interactif et intelligent. Il marque l’esprit et le cœur des aficionados de polars grâce à un récit qui prend le joueur aux tripes pour ne plus le lâcher.
Quantic Dreams tire le meilleur de ce média en démontrant qu’il s’agit du support le plus à même de faire vivre au joueur une expérience intense. En étant à la fois acteur et spectateur, l’immersion est à son apogée. On a qu’une envie, replonger dedans pour découvrir toutes ses ramifications et ses possibilités scénaristiques.
Il aurait été difficile de trouver meilleur endroit pour les fiançailles prometteuses du jeu vidéo et du cinéma.
Les points positifs :
Les points négatifs :
Note : 8,5/10
Julien Legrand – Le 27 juin 2019
Quand le jeu vidéo surpassait le cinéma. Heavy Rain Lors de son lancement à travers
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