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Il était une foisdans l’Outback !

Mystery Road

ARTE nous propose le spin-off de l’éponyme « Mystery Road » un film de 2013 qui sera suivi  de l’excellent « Goldstone » (2017) d’Ivan Sen. Aaron Pedersen retrouve son rôle de Jay Swan, un inspecteur aborigène taciturne dans ce western moderne mais contemplatif filmé dans l’Outback australien. Il est cette fois accompagné de l’excellente Judy Davis. Une très intéressante plongée dans la chaleur, la poussière de cette région aride où rien ne semble réglé des non-dits de la colonisation.

Notre avis sans vous divulgâcher le plaisir des images et du dépaysement.

Critique « Mystery Road » (2018) : Il était une fois… dans l’Outback !
Copyright Bunya Productions/all3med

Synopsis

Patterson est une bourgade de l’Outback. Un jeune aborigène, Marley Thompson, champion de football australien, et un routard du même âge, ont disparu abandonnant leur véhicule en plein désert… Faute de moyens, Emma James, la cheffe de la police locale, a demandé du renfort à Melbourne et débarque Jay Swan, l’inspecteur fédéral d’origine aborigène. Tous deux interrogent Tony Ballantyne, l’employeur des deux disparus, mais aussi le frère d’Emma James qui détient donc une part de l’exploitation. Swan lui reproche ce conflit d’intérêts quant à elle la cheffe de police s’agace de sa tendance à faire cavalier seul. Pour compléter le tableau, Crystal, la fille de Swan, une jeune femme paumée, débarque sans prévenir…

On peut trouver beaucoup de similitudes entre le film culte de Sergio Leone « Il était une fois dans l’Ouest » et cette série australienne et pas seulement la poussière et la chaleur ni la couleur ocre de cette terre rouge si caractéristique de l’Outback. Ce n’est pas non plus la célèbre partition à l’harmonica signée Ennio Morricone ; celle-ci est signée Matteo Zingales et Antony Partos et apporte de l’épaisseur à l’atmosphère très western de la série. Chaque nouvel épisode s’ouvre sur une association musique/ images particulièrement réussie qui contribue à la sensation de dépaysement. Une grande partie du charme de « Mystery Road », c’est l’Outback, décor principal de la première saison, où dominent les chemins saturés de poussière ocre et les couchers de soleil flamboyants de cette Australie du Nord.

Critique « Mystery Road » (2018) : Il était une fois… dans l’Outback !
Copyright Bunya Productions/all3med

Le décor est campé lorsque débarque pour enquêter sur ces affaires criminelles macabres l’inspecteur Jay Swan (il a déjà été le héros de deux excellents films) précédé d’une belle réputation de chasseur de trafiquants de drogue. Dans la saison Une, ce sont deux saisonniers qui ont disparus ; dans la seconde saison, c’est un routier qui est retrouvé décapité. Aaron Pedersen, acteur d’origine aborigène, compose admirablement son personnage de cow-boy taciturne mais ô combien humain au chapeau constamment vissé sur la tête. Enquêteur Aborigène de la Police Fédérale, c’est un homme coincé entre deux mondes et n’appartenant finalement ni à l’un ni à l’autre.

Dans chaque saison il compose un binôme avec une enquêtrice ; l’immense comédienne Judy Davis (saison 1) qui a tourné avec les frères Coen (Barton Fink) avec David Cronenberg (Le Festin nu), en passant par Woody Allen (« Maris et femmes », « Harry dans tous ses états », « Celebrity », « To Rome with Love »).  Il est associé dans la saison deux, qui a pour décor la région de Kimberley sur la côte ouest du continent, à Jada Alberts, membre de la communauté Yanuwa.

Critique « Mystery Road » (2018) : Il était une fois… dans l’Outback !
Copyright Bunya Productions/all3med

Au travers de lieux d’une beauté presque irréelle mais aussi des ambiances de pubs bondés, des camions à multiples remorques appelés Trains de route (road train), de silences, de regards, de temps suspendus ; Rachel Perkins filme avec émotion cette immensité à l’inquiétante beauté comme alanguie sous l’écrasante chaleur qui assèche les sources.

Si la seconde saison paraît plus noire et plus rouge, c’est aussi parce qu’elle dissèque encore davantage l’âme humaine et ce n’est pas toujours très reluisant. La ségrégation dont ont fait l’objet les populations autochtones et leur relégation dans des zones déshéritées de l’Australie constituent l’un des fils conducteurs de ce western contemporain au rythme parfois nonchalant. Il y a aussi un message politique de réconciliation avec les manquements du passé dans cette série  mais qui n’entrave en rien le plaisir de la découverte et parfois de la sidération pour ces lieux uniques. Si l’Australie vous a toujours intrigués, laissez-vous tenter !

Note : 7/10

Yves Legrand– Le 21 janvier 2021

Sources Photos :

  • © 2018 Copyright Bunya Productions/all3med

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