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Les doubles illusions perdues

Madeleine Collins 

Construit comme un thriller Hitchcockien, « Madeleine Collins » semble faire de son héroïne un agent double qui doit sans cesse protéger sa « légende ». Cependant la belle mécanique va connaître des ratés et son château de cartes lentement se fracturer.

Sans rien divulgâcher de l’intrigante dualité du personnage, notre « unique critique ci-dessous ».

Critique « Madeleine Collins » (2022) : Les doubles illusions perdues - ScreenTune
© 2021 - Cinéart

Synopsis :

Judith mène ce qui s’apparente à une double vie partagée entre la Suisse et la France. D’un côté Abdel, (Quim Gutiérrez), avec qui elle élève une petite fille, de l’autre Melvil (Bruno Salomone), avec qui elle a deux garçons plus âgés. Peu à peu, ce fragile équilibre fait de mensonges, de secrets et d’allers-retours se fissure dangereusement. Prise au piège, Judith choisit la fuite en avant, l’escalade vertigineuse.

La double vie ne serait plus un monopole masculin ? Qui a imaginé que cela l’était !

S’il y a un mystère Madeleine Collins ce n’est pas du côté de sa vie amoureuse pourtant plus que troublante qu’il faut le chercher. Il y a tout d’abord cette scène d’ouverture qui nous interpelle tout le film ; le spectateur cherchant longtemps son rapport avec l’histoire.

Critique « Madeleine Collins » (2022) : Les doubles illusions perdues - ScreenTune
© 2021 - Cinéart

Antoine Barraud sème des petits cailloux blancs tout au long de son film que le spectateur est censé patiemment assembler pour reconstituer le puzzle d’une vie : celle de Margot ou de Judith…Mais on ne s’improvise pas Hitchcock et si le sujet est intéressant, le réalisateur n’arrive pas à obtenir le thriller psychologique escompté.

Il semble longuement hésiter à dresser le portrait d’une âme dérangée ou d’une manipulatrice de haute volée… Et la faute en incombe à Virginie Efira ! Le réalisateur a choisi de la placer dans chaque plan et c’est cette erreur qu’Alfred Hitchcock n’aurait sans doute pas commise car de sourires contraints en légers fléchissements chaque nouvelle scène rend son personnage plus impénétrable. Dans « Vertigo », le Maître avait choisi de faire rapidement disparaître sa blonde héroïne pour mieux la remettre en lumière par la suite. Une héroïne appelée… Madeleine ; ce n’est sûrement pas un hasard. 

Critique « Madeleine Collins » (2022) : Les doubles illusions perdues - ScreenTune
© 2021 - Cinéart

Et malgré cette critique, Virginie Efira est excellente, moins borderline que dans « En attendant Bojangles » moins possédée que dans « Benedetta » et il fallait une actrice de ce calibre pour jouer avec nos nerfs. Cependant le personnage n’arrive pas à créer ce emblant d’empathie que l’actrice avait su susciter avec les deux films précités ou le césarisé « Adieu les cons ». La raison est à chercher aussi du côté de personnages secondaires mal dessinés à l’exception peut-être de la grand-mère (la revenante Jacqueline Bisset) et trop insignifiants !

Antoine Barraud voulait centrer son film sur une femme utilisant sa profession de traductrice pour cacher une double vie. Il a de notre point de vue, raté son intrigue en ne donnant pas les bonnes clés de lecture à son public. Le spectateur s’épuisant à comprendre les motivations et les pulsions du personnage. Et si tout ce qu’il nous donnait à voir n’était qu’un horrible malentendu ?

Note : 5/10  

Un intéressant point de départ et on se prend à rêver de ce que Fincher et d’autres en auraient pu réaliser. 1 point sauvé de haute lutte par Virginie …Madeleine…

Yves Legrand – Le 15 mars 2022

Sources Photos : 

 

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