Critique « The Dark Knight » (2008) : Sombre Reflet.
En 2008, Nolan signe avec « The Dark Knight » un film épique et dantesque. Bref tout est parfait ! Retour sur un tour de force !
Par la sainte culotte de dieu !
Disparu ce 31 octobre 2020, Sir Sean Connery laisse une marque indéniable dans l’histoire du cinéma. Celle d’un homme élégant, simple mais aussi discipliné à l’image de son personnage emblématique, l’éternel espion de sa Majesté, 007, qu’il a campé à partir de 1963.
Pourtant, ce serait un crime de résumer la carrière de l’acteur écossais à ce simple personnage, Sean Connery a marqué les esprits dans une multitude d’autres longs métrages tournant avec les plus grands réalisateurs comme Alfred Hitchcock dans « Pas de printemps pour Marnie », Jean-Jacques Annaud dans « Le Nom de la rose », Terry Gilliam dans « Bandits bandits », Steven Spielberg dans « Indiana Jones et la dernière croisade », John Boorman avec le film culte « Zardoz », Sidney Lumet dans « La Colline des hommes perdus », « Le Dossier Anderson », The Offence » … et surtout John Huston dans « L’Homme qui voulut être roi », le film qui nous intéresse aujourd’hui.
Un projet que le cinéaste du « Faucon maltais » souhaitait adapter depuis 25 ans et auquel il donne enfin vie grâce au duo Sean Connery – Michael Caine.
Une épopée au bout du monde aux parfums d’aventure et d’amitié qui reste un classique indémodable pour tout cinéphile. L’un des plus grands films de la carrière de Sir Sean Connery et aussi son film préféré.
Retour sur une œuvre exceptionnelle et pourtant méconnue.
Synopsis :
Aux Indes, Daniel Dravot et Peachy Carnehan sont deux amis britanniques caressant un rêve fou : entrer au Kafiristan et en devenir les rois.
Si John Huston possède une incroyable filmographie à faire pâlir n’importe quel metteur en scène, le cinéaste a tourné avec les plus grands et à naviguer entre le western et le film noir avec une facilité et des qualités impressionnantes. Plusieurs titres sont d’ailleurs considérés comme des classiques de l’histoire du cinéma (« Le Faucon maltais », « Le Trésor de la Sierra Madre ») et d’autres comme des purs chefs-d’œuvre, notamment « Fat City » ou « Gens de Dublin » dans lesquels le réalisateur, souvent suspecté de nonchalance, y semble avoir offert tout son savoir-faire.
Pourtant le metteur en scène de « L’Honneur des Prizzi » souhaite depuis longtemps adapter une nouvelle de Rudyard Kipling, dont il est fan depuis son enfance, publiée en 1888 et librement inspirée entre autres de la vie de Josiah Harlan (1799-1871) surnommé le « Prince de Ghor », un aventurier américain qui se rendit en Afghanistan et au Pendjab dans l’intention de devenir roi.
Fin des années 50, alors qu’il est en pleine préparation de son dernier film « Le Vent de la plaine » (1960) avec Burt Lancaster, le cinéaste va multiplier les recherches des deux acteurs pour incarner le duo de soldats anglais Daniel Dravot et Peachy Carnehan. Il pensait d’abord aux deux légendes Humphrey Bogart et Clark Gable. Malheureusement pour le réalisateur, le premier est décédé en 1957 alors que le second meurt en 1960.
Contraint de renoncer à son projet durant plusieurs années, John Huston y revient avec cette fois Kirk Douglas et Burt Lancaster en tête. Pas de chance encore une fois, les deux acteurs sont trop occupés sur d’autres projets. Le cinéaste ne désespère pas et propose les rôles à Peter O’Toole avec qui il vient de tourner « Casino Royal » et Richard Burton. Encore raté !
Enfin, il proposa le film à Paul Newman et Robert Redford. Le premier, qui vient de tourner « Juge et Hors-la-loi » et « Le Piège » (1972 et 1973) avec le cinéaste suggère à Huston de prendre deux acteurs britanniques dans un souci de véracité et de point de vue. L’acteur de « La Tour Infernale » lui conseille finalement Sean Connery et Michael Caine.
Le réalisateur trouve enfin les deux perles rares et peut enfin lancer en 1974 ce projet qui lui tient tant à cœur. Le début d’une grande aventure.
Un royaume lointain au cœur d’une contrée inviolée, par-delà les montagnes et les neiges éternelles du Kâfiristân. Au milieu de ce paysage intemporel, deux canailles britanniques liées par une amitié indéfectible. Daniel Dravot et Peachy Carnehan rêvent de grandeur et de gloire.
Un récit d’aventure qui nous ramène à notre définition de l’homme, sorte de tragédie grecque filmée dans des paysages magnifiques où l’Occident sûr de sa force basée sur ses colonies bascule dans l’irrationnel où ses soldats cherchent leurs places dans ces vastes régions encore ignorées.
Ces territoires inconnus de l’Orient appelaient les explorateurs, de par leurs charmes exotiques, à venir à leur rencontre. Impossible de résister et c’est certainement ce qui a plu à John Huston lorsqu’il a lu pour la première fois la nouvelle de Kipling, la passion de l’aventure vue par l’innocence de l’enfance.
La nouvelle comme le film abordent des thématiques multiples qui définissent tellement de choses, quand la mégalomanie et l’imposture, rejoignent celles explorées par Hudson tout au long de son œuvre : l’amour de l’aventure et les liens d’amitié, le génie de l’échec, le sens de la dérision, le conflit humain entre folie des grandeurs, crédulité et faiblesse d’esprit.
Tout cela John Huston le met en images de façon pertinente à travers une aventure exotique tout en lui donnant l’âpreté méditative de son époque sur fond d’une métaphore du mysticisme de la barbarie (un racisme à l’égard des indiens, des traditions, des institutions et des individus).
Ce qui frappe instantanément la rétine du spectateur dans cette quête de gloire, c’est l’extrême authenticité, assez rugueuse et dérangeante au détour d’une introduction nous faisant découvrir cette Inde fantasmée et exotique.
De plus que dire encore sur le travail apporté aux décors et aux peuples rencontrés par les deux aventuriers. Une reconstitution de l’Inde exécutée en Afrique du Nord (Maroc) avec un génie des textures et des couleurs assez incroyables et pertinents.
John Huston offre une véritable ode à l’aventure et à l’évasion qui n’est pas sans rappeler David Lean et son sublime « Lawrence d’Arabie » ou son cultissime « Le pont de la rivière Kwaï », tout cela soutenu par des paysages déroutants et subliment embellis par la musique de Maurice Jarre qui nous transperce.
La structure du récit nous entraîne dans cette épopée grandiloquente que ce soit par la mise en abime de l’écriture confrontant Kipling à ceux qui seront les héros de son livre ou avec le choix du retour en arrière suscité par le récit de Peachy.
« L’homme qui voulut être roi » est une fable sur la vie, sur celle d’une ambition démesurée de deux rêveurs en quête de grandeur. Un mythe qui offre de manière inattendue une liberté de ton et de rythme soutenu par de passionnantes scènes de batailles, de moments comiques, de décalages créant des quiproquos heureux et tragiques…
Daniel Dravot et Peachy Carnehan sont deux âmes isolées au sein d’un Empire riche qui ne veut plus d’eux.
Deux hommes dont personne ne se soucie. Ils décident donc de nourrir leurs ambitions de reconnaissance en vivant intensément. Le monde est à eux !
Michaël Caine et Sean Connery forment un duo fantastique et dont l’alchimie crève l’écran. Chacun apportant une composition dense et profondément humaine à cette histoire fraternelle et intemporelle ; ils se rêvaient rois, Ils seront des légendes.
Sean Connery et Michael Caine sont tout simplement fascinants. Emportés dans cette odyssée où le temps semble en suspens, ils ont la délicatesse de nous emmener avec eux sur les sentiers oubliés et montagneux de l’Afghanistan. Le premier offre une palette de jeu incroyable et bien loin des standards de son James Bond dont il a toujours voulu s’émanciper. À la fois drôle, épique, tragique et rêveur, le comédien écossais nous offre la quintessence de son jeu comme il le fit dans « La Colline des hommes perdus » en 1965 chez Sidney Lumet et comme il le fera plus tard en 1986 et 1987 dans « Le nom de la rose » et « Les Incorruptibles ».
À ses côtés Michael Caine est son parfait complément, l’acteur britannique est l’alter-ego de son compagnon. Plus pragmatique et moins rêveur que son condisciple, son humour et son élégance apporte une résonance plus profonde aux ambitions des deux hommes. Les deux comédiens collaborent à merveille, ils interagissent si facilement et avec une telle camaraderie, que les regarder est un véritable plaisir.
Plus que des héros, ce sont deux amis sur et hors de l’écran qui signent deux performances parmi les meilleurs de leurs illustres carrières.
Avec « L’homme qui voulait être roi », John Huston livre une ode à l’esprit d’aventure sur fond de révolution colonialiste, une œuvre riche, inspirante, merveilleusement décalée et magique.
Un grand classique des années septante magnifié par des décors somptueux et une musique lancinante signée Maurice Jarre. Que dire encore si ce n’est qu’il est porté par un duo absolument brillant.
On a froid, on a chaud, on souffre, on rit et surtout on pleure… Huston livre une copie merveilleusement décalée et authentique. Un instant de vie dans lequel Sean Connery nous accompagne désormais à jamais !
Note : 8/10
Julien Legrand– Le 6 novembre 2020
Sources Photos :
En 2008, Nolan signe avec « The Dark Knight » un film épique et dantesque. Bref tout est parfait ! Retour sur un tour de force !
Découvrez le Portrait de Michael Caine, un acteur à l’élégance et au style « so British ».
Retour sur une carrière exceptionnelle commencée il y a 50 ans.
« Interstellar » est un film qui promettait de la science-fiction révolutionnaire et inégalable. Et on peut dire que Christopher Nolan réussit son pari !
This website uses cookies. By continuing to use this site, you accept our use of cookies.