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Un récit tout en zones grises

Les choses humaines 

Adapté d’un roman de Karine Tuil, le nouveau film d’Yvan Attal aborde un sujet délicat, celui du viol d’une jeune fille où, sans aucune preuve matérielle, ne reste que la parole de la victime contre celle de l’accusé. 

Notre jugement (sans procès) sur un thème très actuel…

© 2021 Athena Films

Synopsis :

Alex revient de Stanford, où il fait de brillantes études. Il est accusé le lendemain d’une soirée arrosée d’avoir violé une jeune fille. Qui est ce jeune homme et qui est cette jeune fille ? Est-il coupable ou est-il innocent ? Est-elle victime ou uniquement animée d’un désir de vengeance, comme l’affirme l’accusé ? Les deux jeunes protagonistes et leurs proches vont voir leur vie, leurs convictions et leurs certitudes voler en éclat mais… N’y a-t-il qu’une seule vérité ?

Yvan Attal a choisi d’adapter le roman de Karine Tuil, prix Interallié et Goncourt des lycéens en 2019 mais son histoire tantôt ancrée dans le vécu d’Alex (Ben Attal) tantôt dans la version de Mila (Suzanne Jouannet) la jeune fille juive orthodoxe qui l’accuse ; dégage son lot d’ambiguïtés sur le consentement et n’atteint malheureusement pas son objectif s’il en avait un.

Les faits s’étant déroulés à huis clos, la vérité judiciaire va être clairement difficile à établir. Le film de presque deux heures et vingt minutes s’avère laborieux et terriblement ambigu, le choix de suivre alternativement le déroulé des évènements du point de vue de l’accusé et de celui de la plaignante finit par nous interroger sur ce que veut nous dire le réalisateur…

Qu’il n’y a pas une seule, mais deux vérités :  des faits mais deux ressentis différents ? Qu’en matière de sexualité, les zones grises existent ? Ou que le mouvement #MeToo a tendance à sacraliser toute plainte ?

Le problème essentiel c’est que la question du consentement que l’auteur Vanessa Springora a excellemment détaillée dans son livre homonyme en 2020, « Les Choses humaines » en essayant d’éviter toute forme de manichéisme refuse de prendre parti et ce faisant laisse le spectateur au milieu du gué.

A force d’essayer de nous expliquer le consentement, Yvan Attal finit par ne pas obtenir le nôtre et si son film compte quelques beaux personnages joliment interprétés par Charlotte Gainsbourg, Mathieu Kassovitz et Benjamin Laverhne, il souffre d’un cruel manque de rythme et d’une mise en scène à géométrie variable.

Note : 6,5/10

Certains épisodes de « New-York unité spéciale » ont mieux cerné le sujet et établit les responsabilités… au moment du verdict.

Yves Legrand – Le 22 décembre 2021

Sources Photos :

  • © 2021 Athena Films

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