Et si le passé redevenait mon présent ! 

La Belle Epoque

Deuxième film de Nicolas Bedos après le respectable « Monsieur et Madame Adelman » ; « La Belle Epoque » est un nouveau regard sur le temps qui passe et l’usure du couple. Le réalisateur s’amuse avec une redoutable efficacité et le sens de la punchline qu’on lui connaît à plonger Daniel Auteuil et Fanny Ardant dans les affres du couple au bout de la route. Une comédie romantique réussie ou une énième histoire d’amour à la française ? On vous donne notre avis.  

Synopsis :

Victor est un sexagénaire déboussolé et inadapté dans ce monde de technologie. Sa vie va changer lorsque Antoine, un brillant entrepreneur, lui propose une attraction d’un genre nouveau : mélangeant artifices théâtraux et reconstitution historique, cette entreprise propose à ses clients de replonger dans l’époque de leur choix. Victor choisit alors de se replonger dans la semaine la plus marquante de sa vie : celle où, 40 ans plus tôt, il rencontra   le grand amour.

C’est assez intriguant de voir quelques réalisateurs français opter en même temps pour des histoires romanesques avec en toile de fond le glissement temporel. Après Hugo Gélin en avril avec « mon inconnue », Christophe Honoré a proposé à Cannes « Chambre 212 » ; voici Nicolas Bedos qui nous offre une version amoureuse du « Truman Show ». Certes le réalisateur a le verbe fort et acéré et le couple qu’il nous offre à voir est déchiré et pathétique, sa destruction est inévitable.

La suite est logique, l’un fuit la modernité depuis trop longtemps, l’autre part vers d’autres aventures…Bedos visiblement est nostalgique d’un temps où les gens se parlaient, se rencontraient, échangeaient autrement que par smartphone…Ce côté passéiste est clairement assumé et la reconstitution minutieuse des années 70 couplée à une bande-son remarquablement choisie contribue grandement à la beauté du glissement temporel.

L’autre grande qualité du film c’est la direction d’acteurs car Bedos offre à Daniel Auteuil, ainsi qu’à une Fanny Ardant jubilatoire parmi leurs plus beaux rôles. Guillaume Canet est Antoine le directeur ultra perfectionniste de cette attraction temporelle, Denis Podalydès et Pierre Arditi s’invitent au casting avec leur talent habituel. Enfin il y a Dora Tillier, magique, lumineuse, troublante de sensibilité, elle incarne superbement cette « Belle époque » et l’ambivalence qui s’attache à sa personne.

Même si il ne parlera pas à tous de la même manière, ce film est une remarquable évocation des tourments liés au temps qui passe, à l’incroyable intrusion des gadgets les plus modernes dans notre vie même la plus intime et répond à la question ultime : «  Pourquoi s’est-on aimé ? Que faire pour que la magie opère encore ? »

Note : 7/10

Yves Legrand – Le 1er novembre 2019

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