Chronique d’une déchirure familiale

La Vraie Famille 

Après « Diane a les épaule », le deuxième long-métrage de Fabien Gorgeart retrouve la thématique de la filiation avec « La Vraie famille », un film poignant dans la lignée de « Kramer contre Kramer » sublimé par l’interprétation de Mélanie Thierry. Notre avis sans prendre parti.

Critique « La Vraie Famille » (2022) : Chronique d’une déchirure familiale - ScreenTune
© 2022 Athena Films - Le Pacte

Synopsis :

Une famille de trois enfants en vacances avec des amis dans un village avec parc aquatique. “Une vraie famille” qui s’amuse et des parents qui dansent quoi de plus normal ! Sauf que Simon (Gabriel Pavie) le troisième enfant est en fait dans une famille d’accueil. Son père (Félix Moati), déprimé après la mort de sa femme, était dans l’incapacité de s’en occuper au quotidien.  Mais Simon arrivé à l’âge de 18 mois considère sa famille d’accueil comme sa « vraie famille ». Il appelle Anna (Mélanie Thierry) « maman », considère Jules et Adrien, comme ses frères. Seul le père de la famille d’accueil (Lyes Salem) reste à légère distance, car Simon a un père, qu’il voit une fois par mois. Simon a désormais 6 ans et l’aide sociale à l’enfance annonce à Anna que le père de Simon souhaite le récupérer à plein temps…

Dans son premier film « Diane a les épaules », Fabien Gorgeart narrait l’histoire d’une femme prêtant son ventre à un couple d’amis ; son deuxième long-métrage, La Vraie famille, le réalisateur l’a imaginée à partir de souvenirs personnels et met en scène une famille d’accueil (comme le fut la sienne) qui va se voir retirer l’enfant de 6 ans qui a grandi plus de quatre ans auprès d’elle. Le casting est remarquable particulièrement les trois garçons Adrien (Idriss Laurentin-Khelfi), Jules (Basile Violette) et Simon (l’épatant Gabriel Pavie) dont le jeu emplit de naturel s’accorde à la douceur rassurante de Lyes Salem, le père attentif et compréhensif.

Critique « La Vraie Famille » (2022) : Chronique d’une déchirure familiale - ScreenTune
Photo de Cédric Sartore © 2022 Athena Films - Le Pacte

Les grandes qualités du film de Fabien Gorgeart se remarquent dans la douceur de sa caméra, ses plans magiques qui traduisent l’intensité de la relation entre cette mère de substitution et son « troisième » enfant.

On se prend à chercher qui d’autre que Mélanie Thierry (elle-même maman de deux enfants quasi du même âge) aurait pu autant sublimer cette tendresse maternelle. Si certains doutaient de son immense talent après La Douleur ou Ombline, l’actrice répond à ses éventuels détracteurs avec une performance admirable exprimant ses doutes ses émotions d’un tremblement de lèvres ou d’un regard. Elle porte ce film comme rarement.

Le réalisateur arrive à un équilibre délicat entre émotion sincère et neutralité bienveillante. Enfin subtilement au lieu de chercher à donner raison à Anna coûte que coûte, le récit ne nous cache ni ses erreurs ni ses excès. Mieux, Fabien Gorgeart ne s’enferme pas dans le clivage et évite de faire du père biologique un antagoniste. En ne prenant pas position, La vraie famille sort du classique schéma manichéen.

Note : 7,5/10  

En évitant les écueils du mélodrame, le film réussit à émouvoir sans jamais prendre position ni juger ses personnages. La vraie famille séduit surtout par les performances de de Mélanie Thiery, le jeu naturel des trois enfants et la finesse de son écriture.

Un film à découvrir sur grand écran, là où on doit rester jusqu’au mot FIN.

Yves Legrand – Le 20 février 2022

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