Critique « Hitman & Bodyguard 2 » (2021) : L’arme pas fatale !
Après le bon score au Box-Office du premier opus, Il était logique qu’un « Hitman & Bodyguard 2 » voit le jour. Verdict !
Une guerre sans fin
Voici typiquement le genre d’histoire que même le cinéma n’aurait pu imaginer, celle d’Hirō Onoda, ce soldat japonais resté retranché 30 ans durant sur une île des Philippines, persuadé que la Seconde Guerre mondiale n’a jamais pris fin. Un scénario tellement improbable et pourtant bien réel dont le réalisateur français Arthur Harari s’empare magnifiquement.
Après le prometteur « Diamant Noir », le jeune cinéaste confirme les belles promesses avec cette œuvre singulière, film de guerre qui n’en est pas vraiment un. Sélectionné dans la catégorie « Un certain regard » au dernier Festival de Cannes, « Onoda » a de nombreux atouts à faire valoir.
Une aventure hors du commun.
Synopsis :
Fin 1944. Le Japon est en train de perdre la guerre. Sur ordre du mystérieux Major Taniguchi, le jeune Hirō Onoda est envoyé sur une île des Philippines juste avant le débarquement américain. La poignée de soldats qu’il entraîne dans la jungle découvre bientôt la doctrine inconnue qui va les lier à cet homme : la Guerre Secrète. Pour l’Empire, la guerre est sur le point de finir. Pour Onoda, elle s’achèvera 10 000 nuits plus tard.
Il y a des films qui jouissent d’une promotion intensive en amont de leur sortie et puis il y en a d’autres dont on entend pour ainsi dire pas parler, « Onoda » est de ceux-là tant il est passé inaperçu auprès du grand public. Un constat qui ne l’empêche pas de valoir le détour tant il est pétri de qualités.
Au vu de son sujet et de sa durée, on aurait pu craindre qu’il souffre de longueurs tant il est difficile de filmer la solitude. Pourtant il n’en est rien, au contraire on ne voit pas passer les presque trois heures du récit, car l’isolement n’est pas total, il s’instaure graduellement au gré d’un long flashback qui revient sur le cheminement qui à conduit cet homme vers cet incroyable destin.
Comme « Apocalypse Now » avant lui, le film d’Arthur Harari explore la guerre pour s’en éloigner progressivement alors que son protagoniste lui ne s’en détache jamais. « Onoda » convoque tout ce qui caractérise l’œuvre guerrière : les combats, la camaraderie, le sacrifice, le manque, etc. mais son sujet central est avant tout la déshumanisation de cette homme qui persiste à croire que la guerre se poursuit malgré les rides qui s’accumulent sur son visage, entrainant ses amis dans son sillage, peu importe les signes qui lui prouvent le contraire.
« Onoda » devient alors peu à peu un drame survivaliste sur fond de paranoïa, transformant cet anti-héros en une sorte de Robinson Crusoe bercé d’illusions. Voyant ses comparses disparaitre les uns après les autres, il s’enlise dans sa guerre secrète et poursuit sa mission, ne pouvant admettre que son pays puisse abdiquer et ainsi bafouer ses valeurs. C’est là tout son paradoxe, lui qui ne devait pas mourir pour la patrie mais qui aura finalement sacrifié trente ans de sa vie pour celle-ci, coincé sur son île pendant que le monde continue de tourner sans lui.
Pour amplifier cette solitude, le cinéaste français opte pour un mise en scène qui installe la nature au premier plan et la laisse s’exprimer pleinement. A la fois salvatrice et menaçante, elle tient une place centrale dans le parcours d’Hirō Onoda ; plus le temps s’écoule, plus ce dernier se substitue à son environnement, ne faisant plus qu’un avec lui, jusqu’à perdre une partie de son humanité.
La réalisation d’Arthur Harari parvient à retranscrire habillement cette symbiose entre le soldat et la jungle qui l’entoure, tout en maintenant une distance entre la magnificence des lieux et l’isolement auquel l’homme est confronté. Par l’utilisation de plans larges, il confère un côté mystique à cette nature filmée de manière contemplative tout en amplifiant son écrasante autorité sur ses visiteurs par l’utilisation de gros plans sur les visages qui semblent sonder leurs âmes.
En plus de cet habile cadrage, le film est visuellement sublime avec, outre la beauté des paysages – entre jungle luxuriante et montagne solennelle – la photographie aux tons vintages ajoute une certaine noblesse à cette nature à laquelle chaque plan rend grâce.
Avec « Onoda : 10 000 nuits dans la jungle », Arthur Harari signe l’une des belles surprises de cette année cinématographique, une œuvre ambitieuse par son ampleur et son propos. Un récit à la fois hors du commun et universel qui interroge sur la nature absurde de la guerre et jusqu’où l’endoctrinement peut mener un homme.
C’est une fresque somptueuse, épique et audacieuse dont on ne peut sortir indemne, une aventure métaphysique plus qu’un film de guerre. Magnifiquement porté à l’écran, « Onoda » mérite nombre de superlatifs, une histoire invraisemblable dont le panache flirte avec une sensibilité vibrante et délicate. Une expérience filmique à ne pas manquer et assurément une des pépites de 2021.
Un grand film… tout simplement !
Damien Monami – Le 27 décembre 2021
Sources Photos :
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