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Le « chef d’œuvre » qui a failli couler un studio.

Le Tombeau des Lucioles 

Il y des films qui font « un carton », d’autres qui font « un bide » total et d’autres qui font un peu les deux.

Pour ce 16 avril, nous avons voulu redonner un peu de lumière, à l’occasion de son 33ème anniversaire, à un film « ancien » qui avait su faire parler de lui, surtout en bien mais aussi en mal, à sa sortie en 1988.

Aujourd’hui, nous vous proposons de partager notre critique sur un film qui, aux fils des années, a gagné une reconnaissance internationale, malgré des recettes désastreuses qui ont d’ailleurs failli faire couler à l’époque son jeune studio et ses créateurs.

Il s’agit, comme vous l’avez peut-être déjà deviné – du film « Le Tombeau des Lucioles » du Studio Ghibli.

Critique « Le Tombeau des Lucioles » (1988) : Le « chef d’œuvre » qui a failli couler un studio. - ScreenTune
© 1988 Studio Ghibli / Toho

Synopsis :

Japon, été 1945. Les bombardiers américains arrosent Kobé de plusieurs milliers de tonnes de bombes incendiaires. Un jeune adolescent et sa petite sœur perdent leurs parents. Ils se réfugient dans leur famille proche mais… cruelle. Leur quête désespérée d’un monde meilleur les amènera à traverser autant les ruines du Japon ensanglanté par la fin de cette guerre qu’à affronter l’indifférence et la cruauté des adultes…

« Le Tombeau des Lucioles » réalisé et scénarisé par Isao Takahata (cofondateur avec Hayato Miyazaki du studio d’animation Ghibli) s’offre l’opportunité d’adapter la nouvelle semi-autobiographique « La Tombe des lucioles » écrite en 1967 par Akiyuki Nosaka.

Une nouvelle très connue au pays du Soleil levant et qui, à cause de son auteur, n’a jamais eu d’adaptation au cinéma avant ce film mais qui, a toujours attisé l’intérêt de plusieurs studios de production.

Critique « Le Tombeau des Lucioles » (1988) : Le « chef d’œuvre » qui a failli couler un studio. - ScreenTune
© 1988 Studio Ghibli / Toho

Une lourde tâche pour ce jeune studio et Isao Takahata. Cependant, le réalisateur japonais réussit avec brio à nous plonger dans les mésaventures de ces pauvres enfants victimes, malgré eux, de la guerre et de ses conséquences.

L’histoire fait d’ailleurs écho à sa propre vie car Isao Takahata fût (comme Akiyuki Nosaka) victime des bombardements durant la guerre.

Après autant d’années, le film ne perd pas de son impact car l’animation de l’époque reste encore aujourd’hui, malgré toutes ces années écoulées, une « valeur sûre », toujours superbement fluide et retranscrit avec succès et émotion les décors tout comme celles des scènes les plus marquantes.

© 1988 Studio Ghibli / Toho

La musique composée par Michio Mamiya n’est pas en reste : elle est tout simplement éblouissante et laisse transparaître toute la mélancolie des séquences déjà magnifiquement bien réalisées.

Le film touche, tout au long de son visionnage, la sensibilité de ses spectateurs : bien que les personnages principaux soient des enfants, l’œuvre, par ses côtés sombres et son sujet, est plutôt destinée à un public adulte, voire adolescent, ce qui d’ailleurs pourrait expliquer les mauvaises recettes générées par le long métrage.

Pourtant, l’œuvre de Isao Takahata nous marque par sa sincérité à retracer fidèlement la tragédie que vit nos héros tout au long d’un récit émouvant. L’injustice à laquelle ses pauvres enfants sont confrontés, nous interpelle ; le jeune garçon, Seita, jeté trop vite au-devant d’événements tragiques qu’il doit affronter seul en veillant à faire son maximum pour préserver le semblant d’innocence de sa petite sœur de 4 ans, Setsuko.

Critique « Le Tombeau des Lucioles » (1988) : Le « chef d’œuvre » qui a failli couler un studio. - ScreenTune
© 1988 Studio Ghibli / Toho

On ne peut ressentir qu’une forte empathie face à ces situations angoissantes et éprouvantes qu’affrontent les protagonistes tout au long de leur histoire.

« Le Tombeau des Lucioles » est une œuvre singulière, qui n’a malheureusement pas su trouver son public, et ce malgré des critiques extrêmement positives au moment de sa sortie. Les maigres recettes générées par ce film ont, d’ailleurs, bien failli avoir raison du studio Ghibli, qui sera heureusement sauvé in extremis de la faillite, par la sortie la même année d’un autre film, « Mon voisin Totoro » d’Hayato Miyazaki.

Malgré tout, « Le Tombeau des Lucioles » d’Isao Takahata recevra la reconnaissance qu’il mérite au fil des années grâce à divers critiques et médias qui l’ont considéré comme l’un des meilleurs films d’animations et de guerres réalisé à ce jour.

Critique « Le Tombeau des Lucioles » (1988) : Le « chef d’œuvre » qui a failli couler un studio. - ScreenTune
© 1988 Studio Ghibli / Toho

De par les sentiments qu’il transmet « Le Tombeau des Lucioles » est une œuvre à voir comme un témoignage des conséquences indirectes de la guerre, un film qui désigne comme seul antagoniste la guerre quel que soit sa forme et ses acteurs.

Comme l’avait formulé le controversé ancien premier ministre britannique Neville Chamberlain : « Dans une guerre, quel que soit le camp qui puisse se déclarer vainqueur, il n’y a pas de gagnants, il n’y a que des perdants. »

Une histoire tragique qui accroche et interpelle du début à la fin qui ne laissera personne indifférent.

La marque des grands films !

Note : 9/10 

Loïc Legrand – Le 15 avril 2021

Sources Photos :

  • Copyright © 1988 Studio Ghibli / Toho

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