Retour en enfance réussi !

Toy Story 4

Il y a 24 ans sortait sur nos écrans « Toy Story » des studios Pixar, une merveille, un bijou d’animation qui rencontra un succès retentissant. Ce premier chef d’œuvre émouvant allait donner vie à un second volet plus drôle et un troisième opus en 2010 encore plus triste mais qui offrait la fin parfaite pour nos jouets préférés.

Nous voici donc en 2019, et la question que nous nous posons tous et toutes est « Pourquoi ? ». « Pourquoi faire un nouvel épisode ? » « Pourquoi ternir l’image de la saga si brillamment achevée ? » « Pourquoi risquer de faire le film de trop ? »

Il est vrai qu’on peut légitimement se questionner sur cette annonce d’un quatrième épisode des aventures de Woody et Buzz.

À l’heure où Disney recycle tous ses classiques (coucou « Le Livre de la Jungle » et « Le Roi Lion ») et sort de nouveaux épisodes (« Le Retour de Mary Poppins ») pour amasser des montagnes d’argent et ainsi régner sur le cinéma mondial, la première franchise à succès de Pixar a une réelle pression sur les épaules pour ne pas décevoir un public qui a grandi en même temps que ce cher Andy.

Beaucoup de questions qui sont très vites balayées par le talent et le savoir-faire du studio à la lampe avec de nouvelles choses à exploiter !

Synopsis :

Woody a toujours privilégié la joie et le bien-être de ses jeunes propriétaires – Andy puis Bonnie – et de ses compagnons, n’hésitant pas à prendre tous les risques pour eux, aussi inconsidérés soient-ils. L’arrivée de Forky un nouveau jouet qui ne veut pas en être un dans la chambre de Bonnie met toute la petite bande en émoi. C’est le début d’une grande aventure et d’un extraordinaire voyage pour Woody et ses amis. Le cowboy va découvrir à quel point le monde peut être vaste pour un jouet…

Pixar a bâti sa grande réputation de studio d’animation grâce à sa créativité, son exigence artistique et ses innovations techniques. Des principes que la saga « Toy Story » perpétue et honore depuis ses débuts. Et quelle joie, de se dire que ce quatrième volet s’évertue à suivre tous ses fondements.

Certes, il est vrai qu’en l’état ce « Toy Story 4 » ne fait que prolonger les thématiques de la peur de l’abandon et de l’envie d’être aimé. Des thématiques déjà fortement développées dans les trois premiers volets.  Pourtant lors de sa première heure, le long métrage de Josh Cooley tente de revisiter la chambre d’enfant, le concept de hiérarchie des jouets, l’acceptation au sein du groupe d’un nouveau venu, la caractérisation d’un personnage foncièrement différent des autres…

Tout cela rappelle bien sûr le film de 1995 et le public se demande bien ce que ce nouvel opus va bien pouvoir raconter. L’introduction du nouveau personnage « Fourchette » est rafraichissante et revisite le mythe de Frankenstein. Ses facéties font bien rire les enfants, mais les plus âgés sont très vites las des gags basés sur la répétition et les onomatopées.

Une première heure incertaine donc qui se désintéresse également des héros traditionnels de la franchise, à commencer par Buzz, réduit au rang de faire-valoir et dont on ne reconnait plus vraiment les envolées héroïques.

Puis soudain, la magie opère à nouveau au détour d’une scène dans laquelle un camping-car arrive dans une fête foraine. Il n’en fallait pas plus pour que le récit décolle enfin, le film multiplie les séparations et les rencontres tout en se recentrant sur les bases de la franchise : son shérif Woody et l’émotion.

Le scénario dévoile enfin ses véritables enjeux, « Toy Story 4 » se risque à avancer plusieurs questionnements profonds et à les traduire à l’image avec une limpidité stupéfiante. En se focalisant sur Woody et à son appartenance indéfectible à Andy, comme un deuil qu’il n’arrive pas à gérer, le long métrage se transforme ainsi en conte sur la dépression, sur le renoncement, la quête de la survie et du renouveau. Bref à nouveau du très grand Pixar !

Bien sûr, ses thématiques sont traitées avec subtilité et une certaine légèreté, notamment à travers la rencontre avec des « jouets perdus » et un personnage important absent du troisième volet.

Grâce à cette métamorphose dans sa seconde partie, « Toy Story 4 » devient parfaitement rythmé, se montre tour à tour triste, terriblement drôle, ludique, magnifiquement mis en scène et inventif. Le film ne perd jamais ses objectifs de vue tout en déclinant et en développant des émotions certes attendues mais tellement bien traitées que le spectacle touche en plein cœur notre âme d’enfant.

L’intelligence du studios Pixar est de traiter tous les maux de ses personnages principaux de façon complexe au sein d’un formidable film d’aventure, qui se réinvente sans cesse au cours de sa dernière heure.

C’est surtout dans ses derniers moments mélancoliques que le film arrive à activer quelques larmes aux spectateurs qui auront connu les débuts de la saga, il y a de ça maintenant 24 ans. Comme un flashback soudain vers cette époque où nous aussi étions enfants, contemplant à présent tout le chemin parcouru depuis par le cowboy, le ranger de l’espace et leurs amis.

Finalement Disney et Pixar ont réussi l’impensable, en proposant une relecture fantastique du mythe « Toy Story » malgré une première heure bancale. À coup de larmes, de rires, de thématiques riches et d’une animation époustouflante, le long métrage de Josh Cooley conclut la saga de la plus belle des manières. Vers l’infini et au-delà…

Note : 8/10

Julien Legrand – Le 15  juillet 2019

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