
Critique « Dalva » (2023) : Une enfant sous influence !
« Dalva » est le premier film d’Emmanuelle Nicot traitant d’un sujet particulièrement difficile et illuminé par deux jeunes filles au talent indéniable…
Nous sommes Dalva !
Les instruments d’une passion !
« Divertimento » propose le biopic d’une jeune fille autant qu’une parenthèse musicale. Zahia Ziouani est aujourd’hui une cheffe d’orchestre reconnue qui a su briser les codes sociaux et prouver qu’une femme pouvait aussi rêver de tout !
Notre avis sur la genèse d’un parcours sans fausse note !
Synopsis :
Zahia et Fettouma Ziouani ont dix-sept ans et depuis leur plus tendre enfance, elles sont bercées par leurs parents dans le monde de la musique classique. C’est donc tout naturellement qu’elles pratiquent l’une le violon alto, l’autre le violoncelle et qu’elles enchaînent les cours de solfège et les concours. Aujourd’hui, elles intègrent un collège parisien huppé, le lycée Racine, qui offre aux étudiants la possibilité de suivre un cursus scolaire traditionnel tout en perfectionnant leurs études musicales. Passionnées et douées, les jumelles veulent poursuivre leurs objectifs malgré les embûches induites par leur condition de banlieusardes… Mais Zahia se heurte à un autre problème… sexiste cette fois…elle se rêve cheffe d’orchestre symphonique !
Comme nous l’avions déjà évoqué à propos de « Babylon » de Damien Chazelle ; le cinéma est une machine à produire des émotions et c’est cette fois aux sons des violons, des cuivres, des hautbois et des pianos que nous serons emportés durant deux douces heures d’un florilège de musiques classiques rythmées par les répétitions des élèves et emporté par l’envie d’une jeune fille prête à renverser les montagnes pour s’affranchir des tabous et se légitimer comme cheffe d’orchestre !
« Tár » et « Divertimento » ont en commun de dresser deux portraits de cheffe d’orchestre, l’une établie mais fictive magistralement interprétée par Cate Blanchett, l’autre en devenir mais bien réelle et inspirée des jeunes années d’une des rares femmes à ce poste (4% en France).
Marie-Castille Mention-Schaar propose son septième film et confirme son attrait pour les histoires vraies après « Bowling » et « Les Héritiers ». Ses derniers films « La Fête des Mères » et « Le Ciel Attendra », étaient aussi des fictions où des femmes portaient haut leurs convictions et leurs choix de vie. Sa mise en scène sans être virtuose offre des plans intéressants et sa conclusion sur le boléro de Ravel est assez émouvante.
Oulaya Amamra (César 2017 du meilleur espoir féminin pour « Divines ») campe avec énormément de justesse une Zahia Ziouani à fleur de peau qui passe de l’espoir à la déception au fil de ses tentatives à trouver sa place dans un milieu foncièrement masculin (6% de femmes sont cheffes d’orchestre dans le monde). Le travail technique que l’actrice a réalisé avec l’aide de la cheffe de l’orchestre « Divertimento » pour obtenir une gestuelle en phase avec la musique est payant quant à sa relation avec Fettouma, sa jumelle de l’écran la solaire Lina El Arabi (« Noces » en 2017, « Kaboul kitchen ») elle est confondante de bienveillance et de naturel.
Dans la vie de la jeune Zahia, outre son père (Zinedine Soualem) et sa mère (Nadia Kaci) qui ont permis à leurs jumelles de faire des études musicales, il y a aussi le maestro Sergiu Celibidache qui a cru en la jeune fille et va l’inclure dans ses cours. L’interprétation toute en prestance de Niels Arestrup (dans un rôle qu’il connaît depuis « La tentation de Vénus » d’Istvan Szabo 1991) est un régal.
L’acteur triplement Césarisé, joue de sa voix imposante et de sa faconde pour pousser la jeune fille dans ses retranchements à prouver sa légitimité mais aussi à réaliser que rien n’est jamais totalement acquis.
« La musique est une vie mais la vie est une musique ! »
Un film choral ou plutôt concert qui plaît car il raconte la vie réussie de personnes ordinaires qui s’investissent dans une passion et qui à force de volonté et d’abnégation obtiennent la récompense espérée ! Une histoire vraie qui plaira aux amateurs de musique symphonique avec une mention pour le travail de tous les jeunes artistes de l’académie Divertimento (que la cheffe a bien sûr dirigés de main de maître) qui ont aidé à la crédibilité des répétitions.
Platon ne disait-il pas : « La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée » !
Yves Legrand – Le 23 février 2023
Sources Photos :
© 2023 Le Pacte : https://le-pacte.com/france/film/divertimento
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