Et Elvis créa SA femme !

Priscilla

Le huitième long métrage de Sofia Coppola intitulé sobrement « Priscilla », est un biopic inspiré du livre de Priscilla Beaulieu-Presley qui offre un autre éclairage plus intime et moins racoleur du King.

Notre critique se glisse à Graceland dans les pas de cette jeune fille !

Critique « Priscilla » (2023) : Et Elvis créa SA femme ! - ScreenTune
Photo Credit Philippe Le Sourd © 2023 Cinéart

Synopsis :

Elvis Presley et Priscilla Beaulieu se rencontrent en Allemagne en 1959. Elvis fait son service militaire en Bavière. Priscilla y vit avec ses parents sur une base américaine. C’est le coup de foudre. Il soigne son mal du pays auprès de cette adolescente d’Austin, Texas. Elle est aux anges et passe ses journées à fantasmer sur l’idole de la jeunesse américaine…

Basé sur « Elvis and Me » une biographie de Priscilla Beaulieu, parue en 1985, et rééditée sous le titre « Elvis, mon amour » (Editions Ramsay), ce biopic dévoile une autre facette, moins glorieuse, du King ; un chanteur angoissé, accro à certaines pilules et entouré d’une multitude de pique-assiettes…

À ses côtés, la réalisatrice dresse le portrait d’une jeune femme qui, à peine sortie de l’enfance, se retrouve projetée dans un univers glamour mais où elle est très isolée et solitaire.

Critique « Priscilla » (2023) : Et Elvis créa SA femme ! - ScreenTune
© 2023 Cinéart

« Priscilla » porte un regard particulier sur une jeune fille privilégiée mais façonnée et incapable de résister à son pygmalion, une forme de fêlure dans laquelle Sofia Coppola s’insinue et qu’elle a déjà exploré à travers plusieurs de ses personnages féminins que ce soit dans « Virgin suicides », « Somewhere » ou « Marie- Antoinette » (laquelle a en commun d’avoir été mariée très jeune).

La réalisatrice offre une approche minimaliste et subtile de cette relation entre une jeune fille d’à peine 14 ans et le King son aîné de dix ans ; une histoire d’amour devenue mythique mais qu’aujourd’hui, on qualifierait sans aucun doute de toxique.

Critique « Priscilla » (2023) : Et Elvis créa SA femme ! - ScreenTune
© 2023 Cinéart

« Priscilla » se présente comme le contrepoint parfait au film « Elvis » de Baz Luhrmann. Loin des emphases du réalisateur australien, Coppola fait le choix de ne jamais filmer Elvis au cinéma ou sur scène tout comme elle choisit d’illustrer son film de très peu de ses chansons, à peine entendrons nous une version au piano de « Love Me Tender ». D’ailleurs la bande originale est riche de quelques perles anachroniques judicieusementdisposées ; de l’interprétation de « Crimson and Clover » par Joan Jett à la version originale de I Will Always Love You de Dolly Parton qui ponctue la fin du film et de leur mariage, qui a duré de 1967 à 1973. 

Sofia Coppola a fait d’autres choix forts en confiant ces rôles iconiques à des acteurs peu connus. Elvis est incarné par Jacob Elordi (« Euphoria ») or l’acteur australien (1m94) est beaucoup plus grand qu’Elvis, renvoyant volontairement au spectateur l’image d’une frêle enfant à ses côtés. 

Critique « Priscilla » (2023) : Et Elvis créa SA femme ! - ScreenTune
© 2023 Cinéart

Cette reconstitution très bien documentée de la rencontre entre la jeune Priscilla et la star du rock est portée par Cailee Spaeny Pacific Rim Uprising », la série « Mare of Easttown »). Son incarnation de Priscilla Presley de seize à vingt-neuf ans, soit de sa rencontre avec le King à leur séparation en 1972 est remarquable de fluidité, de sage élégance et d’une exceptionnelle précision ; des qualités qui lui ont permis de décrocher le prix d’interprétation féminine à la Mostra de Venise (Coupe Volpi 2023). 

Critique « Priscilla » (2023) : Et Elvis créa SA femme ! - ScreenTune
© 2023 Cinéart

Sans rien divulgâcher d’autre sur cette romance débutée comme un conte de fée mais qui évolue en un amour contrarié, « Priscilla », nous n’en doutons pas, ne va pas plaire à tout le monde parce qu’il porte un regard intime bien différent de l’image que le public a d’Elvis mais au final, il contribue avec le film de Baz Luhrmann (lui aussi basé sur un prénom) à offrir une vision complète à 360 degrés de l’idole du rock.

NOTE :

0 /10

Depuis « Lost in Translation », il y a 20 ans, Sofia Coppola ne nous avait plus proposé un récit aussi maîtrisé et abouti (même si certains le trouveront sans grande saveur).

Autour de ce qui s’apparente à un conte de fée où une jeune promise éblouie par l’aura de son Roi-Soleil, se voit ensuite condamnée à vivre dans son ombre et enfermée dans une cage dorée nommée Graceland…  

Une histoire traitée avec simplicité, trop peut-être car beaucoup de sujets ne sont qu’effleurés (ce qui prive le film d’un 7). Malgré tout ce long métrage bénéficie d’une reconstitution soignée, de costumes, de coiffures et de véhicules d’époque mais surtout de l’excellente dynamique entre ses deux acteurs principaux ; Jacob Elordi animé d’une énergie à la fois attendrissante et terrifiante et Cailee Spaney très convaincante dans la peau d’une adolescente enamourée comme dans celle d’une femme qui s’émancipe.

Yves Legrand – Le 10 janvier 2024

Sources Photos : 

© 2023 Cinéart

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