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Dupieux et la mouche du coffre

Mandibules

Initialement prévu en décembre 2020, « Mandibules » est enfin sorti ce 19 mai 2021 en France et le 9 juin pour la réouverture des cinémas en Belgique. Proposé hors compétition à la Mostra de Venise 2020 ; Son duo d’acteurs, les duettistes du Palmashow a été récompensé au festival du film de Catalogne 2020.

 Notre avis sur le long métrage de Quentin Dupieux, un réalisateur inclassable à l’univers poétique et tellement barré !

Critique « Mandibules » (2020) : Dupieux et la mouche du coffre - ScreenTune
© 2020 O’Brother Distribution

Synopsis :

Manu est un marginal qui dort sur la plage. Un pote lui propose une mission payée 500 francs pour récupérer une valise chez un nommé Michel Michel et la livrer à quelqu’un… Il vole donc une Mercedes et embarque son meilleur ami Jean-Gab dans son plan. Mais, à peine partis, nos deux pieds nickelés découvrent une mouche géante coincée dans le coffre de la voiture. Ils ont alors une idée de génie : se faire de l’argent en dressant la mouche à voler.

Si « Le Coche et la Mouche » est la huitième fable (du livre VII) de Jean de La Fontaine ; « Mandibules » ou la mouche (géante) dans le coffre est quant à lui déjà le neuvième long métrage de Quentin Dupieux après entre autres l’improbable « Rubber » (2010), le très bon « Réalité » avec Chabat, « Au Poste » avec notre Benoît Poelvoorde national et « Le Daim » (2019) avec Jean Dujardin.

Critique « Mandibules » (2020) : Dupieux et la mouche du coffre - ScreenTune
© 2020 O’Brother Distribution

Comme souvent chez le scénariste-réalisateur le sujet est développé de façon resserrée et c’est encore le cas puisqu’en 77 minutes exactement l’improbable aventure de nos deux héros marginaux, fainéants et « borderline » trouve son épilogue. Grégoire Ludig et David Marsais, les deux protagonistes du Palmashow incarnent Manu et Jean-Gab nos deux loustics improvisés dresseurs de mouche géante. Mais outre le tandem du Palma dont les fulgurances linguistiques sont souvent jubilatoires ; on appréciera particulièrement la césarisée Adèle Exarchopoulos véritable bombe comique dans un rôle de « grande gueule » totalement à contre-emploi de ses prestations dans « Sybyl » ou « La vie d’Adèle ».

Critique « Mandibules » (2020) : Dupieux et la mouche du coffre - ScreenTune
© 2020 O’Brother Distribution

Cependant la mécanique Dupieux même si elle peut se targuer de belles absurdités réjouissantes tourne sur un faux rythme et même en rond une fois posée la base de son récit. Quant à parodier l’humour « crétin » du film on pourrait affirmer qu’il ne fait pas souvent mouche et se révèle moins exaltant que des œuvres précédentes telles que « Le Daim » ou encore « Steak ».

Le plaisir de la déconne que nous propose Quentin Dupieux est un hymne à la naïveté, à la non-ambition où l’intrigue se construit autour d’une aliénation quasi normalisée. Ne nous y trompons pas, la logique de l’univers Dupieux, c’est l’irrationnel ; le désir de faire de l’illogique la logique d’un monde où même les mouches aspirent à trouver un foyer !

Comme dit dans le film, Je ne sais si vous « ultravoyez le tableau ! » mais il faut reconnaître que sortir du déconfinement et pénétrer à nouveau dans une salle obscure pour regarder « Mandibules » peut sembler « strange » voire osé. Ce vagabondage hors des sentiers battus semblait plein de promesses mais contrairement au « Daim » son précédent opus qui contenait sa part d’angoisse et de fétichisme morbide ce film-ci n’aboutit qu’à un récit creux dont la finalité perd rapidement tout intérêt.

Un film destiné à un public d’amateurs avertis !

Note : 6/10

Yves Legrand– Le 1er juin 2021

Sources Photos :

  • © 2020 O’Brother Distribution
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