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« Ce n’est pas l’Homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’Homme »

Le Chant Du Loup

Pour son premier film Antonin Baudry, coscénariste de la bande dessinée tout comme du film « Quai d’Orsay »  et ancien diplomate nous propose un thriller haletant sur fond de menace nucléaire.

Le cinéma d’action à la française a souvent été vilipendé ces dernières années soit à cause d’un manque criant de moyens soit d’une indigence scénaristique soit encore à l’impossibilité de trouver un remplaçant crédible aux légendaires Belmondo et Delon qui lui donnèrent un temps une aura mondiale.

S’attaquer à un film d’action était déjà une gageure, choisir l’univers confiné d’un sous-marin pour un suspense pré-apocalyptique digne du célèbre « Docteur Folamour » de Stanley Kubrick montre l’envie et l’ambition du réalisateur.

Synopsis :

Chanteraide, surnommé chaussette est une des oreilles d’or de la marine Française, ces spécialistes de la guerre acoustique sont embarqués sur les plus sophistiqués des sous-marins nucléaires. À la suite d’une erreur d’appréciation qui a failli coûter la vie à l’équipage, il essaye de réparer celle-ci et se retrouve au cœur d’un conflit majeur dont il pourrait bien être la solution.

Pour réussir à nous embarquer dans son immersion prenante et suffocante Antonin Baudry s’intéresse à un rouage aussi essentiel que méconnu dans tout sous-marin : l’oreille d’or. Il s’agit d’un analyste acoustique doté d’une ouïe incroyable présent dans tous les sous-marins. Son rôle est de reconnaître le moindre bruit environnant plus ou moins proche du submersible. Un métier passionnant duquel dépend la survie entière de ses compagnons d’équipage.

Pour son film, Antonin Baudry a su s’entourer d’un casting de grande qualité. Si François Civil (apparu notamment dans la série « 10 pour cent ») se voit confier le rôle principal de Chanteraide, ce spécialiste ultra doué qu’il incarne avec maestria parfois sans rien faire d’autre qu’écouter, sonder l’océan, chercher l’insolite dans le fracas des fonds marins.

Que dire de l’amiral que Mathieu Kassovitz habite avec justesse et sensibilité. Reda Kateb est comme à son habitude parfait en commandant en proie aux  doutes, aux ordres qu’il faut exécuter quoi qu’il en coûte ; pétri d’humanité dans ce monde clos et oppressant. Omar Sy est excellent même s’il fait peut-être trop office de caution internationale dans ce film car son rôle de commandant en second n’est malheureusement pas aussi développé que  ceux de ses partenaires.

« Le Chant Du Loup » n’est pas qu’un joli titre emprunté au jargon des sous-mariniers, il est une intrigue en soi, un appel du large, un suspense allant crescendo jusqu’à son dénouement.

L’univers confiné qu’il décrit avec beaucoup de justesse contribue dès le début à installer le spectateur dans la curiosité, l’intérêt, l’inconfort puis l’anxiété pour atteindre l’angoisse. Bien filmé par Pierre Cottereau, basé sur un scénario du type « War games » signé du réalisateur Antonin Baudry lui-même, « Le Chant Du Loup » bénéficie surtout d’une bande-son exceptionnelle réalisée par Tomandandy et  Skywalker sounds , l’entreprise de George Lucas.

Cette bande-son donne au film son cachet exceptionnel, très différent des autres long métrages où le sous-marin était le centre du thriller comme «  À la poursuite d’Octobre Rouge » de John McTiernan.

Certes on regrettera quelques scènes rocambolesques ou encore le peu d’importance accordé aux rôles féminins tel celui de Paula Beer, jolie mais sous-employée. Il faut pourtant admirer le résultat bluffant d’un premier film à fortiori un thriller parfaitement maîtrisé sur un univers soi-disant silencieux qui nous explose ici dans une palette exceptionnelle de sons et d’images. À ce jour, certainement le film le plus réussi sur les sous-marins.

Comme j’aime à le dire un film qui commence par une citation d’Aristote ne peut être qu’un bon film.

Note : 7,5/10

Yves Legrand – Le 8 mars 2019

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