Un nouveau souffle pour l’œuvre d’Hillerman !
Dark Winds (« Vents sombres ») est une série directement inspirée des romans de Tony Hillerman (1925-2008) et suit Joe Leaphorn et Jim Chee les enquêteurs de la police tribale dans l’immensité de la réserve Navajo.
Verdict de ce dépaysement désertique !
Synopsis :
Dans les années 70, Gallup, petite ville du Nouveau Mexique est le théâtre d’une terrible attaque de fourgon blindé. Dans la réserve, deux officiers de la police Navajo cherchent des indices permettant de résoudre un double meurtre macabre. Leur enquête va les confronter à leurs propres croyances spirituelles et à accepter le traumatisme de leur passé…
Au début du XXIème siècle la chaîne PBS avait proposé trois téléfilms avec pour personnages centraux le lieutenant Joe Leaphorn, détective vétéran, et son jeune adjoint, Jim Chee. Malheureusement les téléfilms ne s’appuyaient pas assez sur des acteurs autochtones, Adam Beach, qui jouait Jim, étant le seul acteur Amérindien.
Dans les années 80, l’acteur Robert Redford avait acquis les droits des romans de Hillerman dont il était un grand fan, il avait déjà produit un film « The Dark Wind » en 1991 réalisé par Errol Morris avec Lou Diamond Phillips (Jim Chee) avant de trouver son scénariste-producteur Graham Roland (Jack Ryan, Fringe) et des soutiens dont Anne Hillerman la fille de l’auteur qui continue depuis sa mort à publier des romans où elle a développé le personnage de Bernadette Manuelito (Jessica Matten) bien présent dans la série. Graham Roland offre à Zahn McClarnon ( « Réservation Dogs » le tueur Hanzee Dent dans « Fargo » et le robot Guerrier Akecheta dans « Westworld ») l’occasion de briller dans sa propre série.
Amateurs de grands espaces, de beautés minérales, « Dark Winds » vous offre une immersion totale, la photographie et les images des paysages désertiques sont sublimes mais ne seraient rien sans la langue et ici tous ceux et celles qui incarnent des Amérindiens sont issus des Premières Nations à commencer par Kiowa Gordon (Jim Chee) et Zahn McClarnon (Joe). Il faut peut-être rappeler à nos lecteurs que la réserve Navajo Nation, est un territoire semi-autonome amérindien vaste de 71000 km2, localisé au nord-est de l’Arizona, au sud de l’Utah et au nord-ouest du Nouveau-Mexique incorporant la mythique Monument Valley chère aux films de John Ford. C’est la plus grande réserve amérindienne aux États-Unis par la superficie avec seulement quelques dizaines de représentants de la police tribale pour tout surveiller…
L’histoire inspirée du roman « Listening Woman » n’hésite pas à évoquer les problèmes de la société US à l’aube des années 70 et le racisme systémique envers les amérindiens (bien que cela ne soit hélas pas que du passé).
Comme le récent « Prey » qui a fait l’objet d’une version en langue Comanche , la série inclut beaucoup de dialogues en na-dené ( la famille des langues Navaho) dont la sonorité chantante apporte une autre contribution à cette immersion.
« Dark Winds » est une excellente série qui constitue une belle vitrine pour les acteurs amérindiens et qui vous surprendra du début (plutôt rythmé et spectaculaire) à la fin du sixième épisode permettant au fil du récit de s’imprégner de la culture Navaho et de s’attacher aux héros.
Confronté à la fin prochaine de deux séries emblématiques, « The Walking Dead » et « Better Call Saul », AMC attend beaucoup de « Dark Winds » et au vu de cette première saison, il n’y a aucune raison..
À recommander à tous ceux qui veulent renouveler leur programme TV et sortir, au propre comme au figuré des sentiers battus. La série s’apprécie en deux ou trois soirs et vous offrira le grand bol d’air recherché ; la spiritualité navajo étant fondée sur le culte de la nature et de l’harmonie (« hozho »).
Chezar o’jono ach clee. Mes mots seront magnifiques !
Yves Legrand – Le 17 octobre 2022
Sources Photos :
© 2022 AMC
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