Par le prisme de ce personnage timoré et de ses actions, « Waiting for the Barbarians » fait inévitablement penser à « La Prisonnière du désert » même si le parcours de notre héros suit le chemin inverse que celui emprunté par John Wayne : témoin des atrocités subies par les populations locales et après avoir recueilli et soigné une femme torturée par le Colonel, il brave le désert et ses tempêtes de sables pour ramener la martyre auprès de son peuple, ce qui va faire prendre une autre tournure aux évènements.
C’est là que le postulat de Ciro Guerra prend tout son sens, il parvient à nous interroger sur la nature humaine, on se demande alors qui sont les vrais barbares, les probables envahisseurs ou les hauts-gradés envoyés par un pouvoir central, enlisé dans sa paranoïa. Car ceux qu’on nomme « Barbares » ne sont finalement qu’une menace invisible tandis qu’on prend de plein fouet la violence de l’Empire, incarné par le colonel Joll, cruel et sadique.
Par l’intermédiaire de ce colonel despotique, qui se croit légitime dans son attitude envers ces gens qu’il considère comme inférieur, le film renvoie à la société moderne et aux valeurs qu’elle prône mais qu’elle ne respecte pas pour autant. Il se veut être une critique de la société que la modernisation a rendu inhumaine par bien des aspects et porte un regard sombre sur ses institutions peu tolérantes.