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Roméo et Juliette en plein Harlem

Si Beale Street pouvait parler 

Au lendemain de la proclamation du palmarès des Oscars 2019, il est toujours un peu difficile de jouer l’Arlésienne en vous donnant notre avis sur un film qui a été distingué par l’Oscar de « la meilleure actrice dans un second rôle » attribué à Régina King  déjà lauréate du Golden Globe.

Cependant nous allons essayer sans trop en dire contrairement à certains de nos confrères qui ont tout raconté pour vous expliquer en quoi ce film les avait déçus par rapport à l’oscarisé « Moonlight » (Oscar du « meilleur film » et d’ « acteur dans un second rôle » pour Mahershala Ali) du même Barry Jenkins qui signe avec « Si Beale Street Pouvait Parler » son troisième long métrage.

Un nouveau coup de maître pour le cinéaste avec ce drame poignant et engagé qui avait emballé Toronto en septembre dernier ?

Synopsis :

Dans le Harlem des seventies où la ségrégation est encore palpable, Tish, une jeune femme  afro-américaine cherche à obtenir la libération de Fonny ,son amoureux incarcéré pour un viol qu’il n’a pas commis.

Le talentueux réalisateur noir rend un bel hommage à sa communauté avec ce drame engagé, son sens du beau confère à l’image une patine, un grain, qui lui est propre ; soutenu par une mélodieuse bande son qui contribue à nous immerger définitivement dans le Harlem des seventies.

Barry Jenkins aime l’esthétique des corps et les rapports amoureux de Tish (Kiki Layne) et Fonny (Stephen James), inséparables depuis l’enfance, sont autant de respirations, d’évasion dans le marasme de cet incroyable imbroglio juridique et sociétal.

Inspiré par le roman de James Baldwin (né à Harlem en 1924 et mort en France, où il avait émigré après la guerre, en 1987) un romancier engagé militant de la cause noire et des droits civiques, « Si Beale street pouvait parler » n’atteint pas tous ses objectifs…

Il n’arrive pas à nous passionner, à nous absorber dans la quête de cette Juliette qui veut délivrer son Roméo ; La faute sans doute à une distanciation, à trop de flashbacks, à une trop belle image (un côté beaucoup plus poseur) et à un manque de rythme flagrant (un film pensé de manière linéaire mais dont l’éclatement paraît moins naturel).

Il y a beaucoup de délicatesse dans le propos de Barry Jenkins, beaucoup d’admiration aussi, sans doute, pour l’œuvre de James Baldwin qu’il n’a pas dénaturée persuadé, comme l’auteur, que l’amour et ses vertus sont seuls porteurs d’espoir pour l’Humanité.

Une œuvre joliment réalisée soutenue par de bons comédiens, des thématiques fortes mais qui souffre de certaines longueurs, d’un montage trop découpé et de sa recherche d’esthétique, des problèmes qui nuisent grandement à la sensibilité que tente de dégager le film.

Note : 6,5/10

Yves Legrand – Le 1er mars 2019

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