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Combattant silencieux
On connaissait tous le mime Marceau mais on connaissait moins le rôle qui fut le sien dans la résistance française lors de la Seconde Guerre Mondiale. Une histoire méconnue que le réalisateur Jonathan Jakubowicz relate dans le bien nommé « Resistance » : un film dont la sortie en salle, initialement prévue en mars, n’a jamais eu lieu et disponible depuis le 25 novembre en VOD.
Pour incarner le célèbre troubadour, on retrouve avec plaisir le sympathique Jesse Eisenberg, entouré pour l’occasion des français(es) Clémence Poésy et Félix Moati ainsi que de la jeune Bella Ramsey apparue précédemment dans la série « Game of Thrones » ; à noter la présence au casting d’Ed Harris, bien qu’anecdotique.
Dans le marasme actuel, le mime sauvera-t-il la face ?
Synopsis
Durant la Seconde Guerre mondiale, en 1942, Marcel Mangel s’engage, sous le nom de Marcel Marceau, dans la Résistance française, sous l’influence de son frère Simon et de son cousin, Georges Loinger. En partie par le mime, il aidera de nombreux enfants orphelins, dont les parents ont été tués par les nazis.
Bien avant la crise sanitaire que l’on connaît actuellement, l’année cinéma 2020 débutait sous les meilleurs auspices avec, entre autres, « 1917 » et « Jojo Rabbit » deux films de guerre aussi différents que réussis dans leur façon de traiter des événements dramatiques. Par le biais du biopic, « Resistance » offre encore une autre vision des choses car contrairement aux deux films précédemment cités, qui sont de pures fictions ancrées dans la réalité, on suit ici les événements par le regard d’un personnage qui les a vécus, de quoi leur donner encore plus de poids.
Par un curieux mélange d’humanité et de cruauté, qui s’enchaînent sans transition, le réalisateur nous plonge dans l’horreur de la guerre sans ménagement. Le récit alterne sans cesse entre la tendresse et détresse, d’une scène qui vous décroche un sourire à une autre où l’on se demande comment un être humain peut en arriver à commettre de telles atrocités.
Néanmoins, au regard du sujet principal, qui est le mime Marceau, on aurait pu s’attendre à un meilleur dosage entre l’humour et le drame dans le récit, avec encore plus de fantaisie et de poésie comme ce fut le cas dans « Jojo Rabbit » et une approche parfois plus symbolique d’une triste réalité sublimée par la magie d’un artiste. Le réalisateur semble avoir été dépassé par la lourdeur de son sujet, et laisse un goût de trop peu alors qu’on aurait pu s’attendre à un ascenseur émotionnel constant.
La mise en scène elle aussi ne va pas au bout de ses ambitions, hormis quelques fulgurances comme la flamboyante scène d’arrivée à Lyon ou celle suffocante du train, cela reste trop classique, scolaire et sans prise de risque. Tout au long du long-métrage, on a l’impression que le cinéaste vénézuélien cherche à trouver un équilibre entre horreur et légèreté, entre réalisme et originalité, sans jamais vraiment y arriver.
« Resistance » n’est pas dénuée d’émotion pour autant, il y des moments de rire, de tendresse et de compassion, puis d’autres où l’on ressent de la tension, de l’angoisse, voire de la haine. La performance des acteurs y est évidemment pour beaucoup : Jesse Eisenberg est convaincant dans la peau de Marcel Marceau même si l’on n’exploite pas assez le potentiel comique de son personnage et de son art.
Derrière, le casting féminin tire son épingle du jeu avec d’un côté une Clémence Poésy sensible et pleine d’assurance, de l’autre la jeune Bella Ramsey qui démontre à nouveau toute sa prestance après son interprétation charismatique de Lyanna Mormont dans « Game of Thrones ».
Pour le reste, le français Félix Moati est plutôt bon mais reste trop dans l’ombre de son frère à l’écran tandis que les acteurs internationaux Edgar Ramirez et l’immense Ed Harris n’ont même pas le temps d’exister. Mention spéciale au méconnu Matthias Schweighöfer, très en verve dans le rôle de Klaus Barbie, l’ignoble officier nazi surnommé « Le Boucher de Lyon ».
A mi-chemin entre le biopic et le film de guerre, « Resistance » aurait pu être la claque de cette triste année de cinéma tant il semblait prometteur. Un personnage haut en couleurs, un récit au fort potentiel tragique et émotionnel, mais une réalisation trop consensuelle et un criant manque d’audace ont aboutis à un film honnête, sans être exceptionnel.
Néanmoins, si on excepte ces quelques défauts et le goût de trop peu qui en résulte, le long-métrage de Jonathan Jakubowicz reste un bon divertissement, un drame aussi brutal que touchant. Un film qui vaut tout de même le coup d’œil, ne serait-ce que pour découvrir un pan inconnu de ce conflit mondial sans précédent et le rôle joué Marceau au sein de la résistance française.
Et quoi de mieux qu’une citation de Marcel Marceau lui-même pour conclure : « Avant de dire quelque chose, il faut s’assurer que le silence ne soit pas plus important. »
Note : 7/10
Damien Monami – Le 7 décembre 2020
Sources Photos :
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