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Big brother is “watching you”!

Person Of Interest

Voilà après cinq saisons, « Person of Interest » a tiré sa révérence de nos écrans. Un focus était donc indispensable sur la série créée par Jonathan Nolan qui n’a jamais cessé de nous étonner grâce à des histoires riches et poussées mais aussi par la qualité qu’elle apporte à ses personnages.

Lancée en septembre 2011, « Person of Interest » n’aurait pu être au premier regard qu’une énième série avec un petit concept sympa qui cherche à se distinguer des autres : celui d’une machine intelligente capable de repérer des personnes qui vont être impliquées dans un crime ou en être les victimes (« Big brother is watching you » disait Georges Orwell).

Voilà le concept de départ mais Jonathan Nolan, son créateur, scénariste de « Memento » et « The Dark Knight » (il y a pire comme références), avait autre chose en tête. Dès le lancement de la série, il comptait explorer les possibilités offertes sur la question très actuelle de l’intelligence artificielle et incorporer dans son concept de base des dizaines de tentacules afin de composer une mosaïque passionnante bourrée de fils rouges avec un thème si proche de nos avancées technologiques qu’il était susceptible d’être réel.

1. Une mosaïque complexe :

Cette série qui semblait donc n’être qu’un show banal avec le numéro d’un suspect ou d’une future victime à gérer par épisode est devenue unique en son genre, presque inclassable. En un peu plus de cinq ans (la dernière saison s’est terminée en juin 2016 aux Etats-Unis), « Person of Interest » s’est muté en un dédale fascinant, un puzzle introduisant de nombreuses organisations de l’ombre (policiers ripoux, mafia, agences gouvernementales ou terroristes). La série s’est créé un monde à part entière dans lequel évolue une gigantesque galerie de personnages qui vont et viennent au fil des intrigues. Tous ces personnages, qu’ils soient réguliers ou pas, ont la même importance pour les scénaristes, contribuant ainsi à solidifier sans cesse leur monde.

2. Des héros :

Au centre de « Person of Interest », c’est évidemment le duo Reese/Finch qui interpelle. Interprétés par le tandem Jim Caviezel/Michael Emerson, dont la symbiose s’affine à chaque saison, les deux héros sont loin d’être des enfants de cœur même si leur travail de l’ombre consiste à sauver des gens. Tous deux ont perdu la femme de leur vie, tous deux ont fait face à l’expérience des forces obscures qui régissent les agences gouvernementales américaines. Ils sont aussi présumés morts, leurs actions présentes découlent de ce passé tragique comme l’explique les flashbacks de la série.

Après la saison 1, le vivier de réponses concernant ces deux personnages aurait pu s’évaporer de lui-même, comme le passé d’agent de la CIA de Reese ou le déroulement de la conception de la « Machine » par Finch,  mais il a été très bien préservé.

3. La réussite : Alterner les combinaisons :

Ce duo est pourtant loin de fonctionner tout seul. Son succès, il le doit aussi à un joli mélange et à des combinaisons différentes. Parce que dans « Person of Interest », coexistent désormais plusieurs duos qui se mêlent et s’échangent souvent. Dans les pas du duo Finch/Reese, les scénaristes ont inséré le duo Carter/Fusco (deux lieutenants de police de la ville de New York) qui ne cessera d’évoluer, puis le duo Reese/Carter, Finch/Carter, … Et ce n’était que le début.

Dans la saison 1, les enquêteurs Fusco et Carter donnaient ainsi des coups de pouce occasionnels et permettaient aux héros de se sortir de situations difficiles (toujours bien pratique d’avoir un flic sous la main).

4. Semer les graines dès le premier épisode :

« Person of Interest » aurait pu se contenter de cette petite équipe très efficace. Pourtant le groupe a beaucoup évolué depuis la saison 1 avec l’ajout du chien Balou (un berger Malinois très sympathique), de Root incarnée par Amy Acker (une cybercriminelle portée disparue depuis son enfance) et Shaw incarnée par Sara Shahi (une ancienne espionne de la CIA tout comme Reese), tous apparus dans la saison 2. Tout cela n’est que la conséquence d’une tradition qu’a toujours perpétré la série : celle de personnages récurrents. Comme dit plus haut, depuis la saison 1, le show a toujours assumé cette volonté de développer un vivier de personnages récurrents qui apparaissent et disparaissent. Root en est l’exemple parfait (parfois méchante, parfois gentille), elle réapparait toujours pour une bonne raison.

Grâce à ces personnages, le passé des héros est constamment mis au goût du jour et le monde de « Person of Interest » s’épanouit.

5. Les vilains récurrents :

C’est pourtant sans conteste du côté des méchants que la série a de la qualité. Ancienne partenaire de Reese, Kara est présente depuis la saison 1, à l’instar de Mark Snow leur ancien boss de la CIA. Elle est indispensable pour nous replonger dans le passé de Reese, pour illustrer à quel point sa vie passée était un gouffre sans échappatoire.

Encore chez les vilains, le show a toujours fait revenir avec insistance les figures de la DRH (l’organisation des policiers ripoux de la ville de New York). Avec depuis la saison 1 comme figure de proue, Patrick Simmons qui a eu le plus d’incidence sur les personnages principaux. Il a consolidé l’idée d’une ville (New York) corrompue et tenue en laisse par des flics dominés par l’argent et le pouvoir.

Mais, le méchant que la série adore faire revenir régulièrement reste Elias, chef de la mafia de la ville incarné par Enrico Colantoni. Très vite devenu indispensable, tantôt ami, tantôt ennemi, sa relation avec les héros a connu la plus grosse évolution. Depuis, Elias est même devenu une sorte de confident et un allié qui apprécie autant Reese que Finch ou même Carter.

Enfin depuis le début de la saison 3, d’autres vilains sont apparus dans l’univers de la série afin d’explorer différents mondes. Les scénaristes ont fait naître de nouvelles organisations secrètes. Ces dernières ont permis de faire la rencontre progressive de nouvelles sources de terreur avec de mauvaises intentions, toutes liées au développement de l’intelligence artificielle : Northern Lights (gérée en secret par le gouvernement), Decima Technologies dont le chef Greer est incarné par John Nolan (oncle du créateur de la série) et Vigilance (organisation dirigée par Peter Collier qui lutte pour préserver la vie privée des Américains). 

Ce développement de l’intrigue sur l’intelligence artificielle n’est que l’aboutissement du créateur Jonathan Nolan ; illustrer que l’AI est aujourd’hui plus proche de nous que ce que nous croyons.

6. Verdict : 

Depuis sa première saison, « Person of Interest » a créé de nombreux personnages avec des personnalités extrêmement complexes. Une galerie entretenue avec finesse et amour comme une belle plante. Entre nos héros, leurs fidèles acolytes, leurs Némésis et leurs nouveaux ennemis, le show a su créer un monde à part entière, une galaxie vivante, à l’image de la fantastique machine créée par Finch qui paraît si crédible. Par conséquent, les dernières saisons n’ont eu de cesse de développer cet univers et d’introduire encore de nouveaux personnages. « Person of Interest » a réussi son pari : être une série network fascinante et complexe avec des fils rouges de plus en plus sinueux et des personnages qui ne sont jamais oubliés. Même notre ami Balou est devenu incontournable, c’est vous dire !

 

Note: 8,5/10

 

Julien Legrand – 21 février 2018

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