Le créateur de la série « Le Jeu de la dame », Scott Frank, est de retour avec « Department Q – Les Dossiers oubliés » une adaptation en série de « Miséricorde » premier roman de Jussi Adler-Olsen.
Un thriller britannique et non danois où Matthew Goode endosse le rôle de l’inspecteur Morck.
Notre critique en appelle aussi à votre miséricorde !
Synopsis :
Carl Morck (Matthew Goode) , un détective brillant mais difficile à vivre, est désormais affecté à une unité d’enquête sur les affaires non résolues à Édimbourg suite à la fusillade tragique qui les a laissés lui et son collègue pour morts. Officiellement créée pour s’attaquer aux crimes non résolus, cette unité est davantage une opération de communication : logée dans un vestiaire en sous-sol et composée d’agents que le département préférerait oublier. Il y est rejoint par Akram Salim, un ancien policier syrien (Alexej Manvelov) et Rose, une cadette rétrogradée (Leah Byrne), tous deux ayant quelque chose à prouver. Ils choisissent comme première enquête, le cas de Merritt Lingard (Chloe Pirrie) disparue sans laisser de traces depuis quatre longues années… Lorsque l’énigme commence à s’élucider, l’équipe se retrouve sur la piste d’une affaire bien plus grave que prévu….
La plateforme au N rouge s’est faite une spécialité des adaptations issues de la littérature scandinave. Après la récente série « Meurtres à Åre », tirée des écrits de Viveca Sten, est venu « Le Dôme de verre » de la maîtresse des librairies Camilla Läckberg et la série danoise « Secrets We Keep » est toujours dans le top Netflix.
Une fois n’est pas coutume, nous allons disséquer cette mini série (en 9 épisodes tout de même), adaptation du premier roman de la saga littéraire à succès « Les Enquêtes du département V » du Danois Jussi Adler-Olsen.
Il y a à prendre et à laisser dans cette réécriture de « Miséricorde », pour ceux qui ont lu l’ouvrage comme pour ceux d’entre vous qui ont apprécié le film « Miséricorde » (2013) de Mikkel Nørgaard avec dans les rôles principaux Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares mais ne cherchez pas ici l’humour de situation entre Carl et Akram ni les fautes de langage d’Akram (qui soit dit en passant s’appelle Assad dans les romans) le film de 2013 était plus noir à l’instar du café que le duo buvait à longueur de scènes…
Ici on rembobine et on se glisse dans les pas de l’inspecteur Carl Morck, policier brillant autant que détestable qui se voit confier après le drame qui l’a frappé lui et son partenaire Hardy (Jamie Sives) un nouveau département dédié aux affaires non résolues qu’il perçoit immédiatement comme une mise à l’écart.
La réécriture ne s’arrête pas là ,outre les lieux et le pays (sans doute pour des facilités financières), le scénariste intègre davantage des personnages secondaires (aux patronymes parfois changés) : le beau-fils de Carl, le Dr Rachel Irving (Kelly Macdonald) sa psychologue, ses rapports houleux avec Moira sa patronne (Kate Dickie) et bien sûr son collègue Hardy et ce qui dans le roman nous permet de mieux comprendre les personnages, ralentit ici considérablement le rythme et la résolution de l’énigme.
L’efficacité des ressorts de l’enquête est indéniable même si la série reste de facture classique et capitalise sur un mode d’enquête bien connu, chaque épisode s’achève sur un cliffhanger et relance le rythme mais la série tire en longueur et aurait pu être réduite de deux épisodes au moins, toutefois les trois derniers sont assez réussis. Matthew Goode (« Kingsman », « Downton Abbey ») maîtrise ce personnage de grincheux attendrissant aux répliques incisives avec efficacité même s’il tire beaucoup la couverture à lui.
Sans être aussi inoubliable que le roman dont il est tiré ni comparable au film « Miséricorde » (2013) de Mikkel Nørgaard (plus noir et tendu), « Dept. Q: Les Dossiers oubliés » constitue un divertissement correct pour ceux qui n’ont pas vu ou lu les précités.
Le succès de la saga littéraire « Les Enquêtes du département V » de Jussi Adler-Olsen a vite attiré l’œil du cinéma (six films à ce jour qui vont faire l’objet d’un autre article sur votre site favori) mais la mécanique du succès de l’écrivain danois repose sur le Nordic Noir, sur la complicité et la complémentarité du duo Morck/Akram tout comme sur l’originalité et les intuitions de Rose.
Scott Franck a opéré un audacieux changement de décor en choisissant de tourner « Les Dossiers oubliés » au cœur d’Édimbourg, qui constitue « selon lui » la combinaison parfaite entre le moderne et le médiéval offrant un cadre gothique et humide parfaitement adapté à ce polar… Nous lui laissons la responsabilité de ses assertions.
C’est là que le bas blesse, jamais on ne retrouve ici ce sentiment d’urgence, cette complicité qui amène les personnages à croire en leurs capacités de résolution. Bien au contraire, tout en respectant en grande partie l’esprit du roman, Franck n’arrive pas à nous emporter dans cette quête de vérité et à créer cette atmosphère sombre si caractéristique à Jussi Adler-Olsen ( d’où notre Miséricorde 0.2).
Et nous n’osons nous projeter sur ce que deviendrait « Délivrance » (tome 4 des enquêtes du département V), roman qui a pour sujet les sectes ou autres mouvements chrétiens (très en vogue au Danemark) mais beaucoup moins en Ecosse… Enfin comme on dit là-bas : « Wait and see » !
Yves Legrand – Le 5 juin 2025
Sources Photos :
© 2025 Netflix
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