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La bête noire est lâchée !

Venom

Après avoir relancé la saga Spider-Man initiée par Sam Raimi avec deux épisodes passables « The Amazing Spider-Man » sous la direction de Marc Webb avec Andrew Garfield, Sony avait décidé de laisser les droits de l’homme araignée entre les mains de Marvel-Disney pour plusieurs films le temps d’un partenariat. Orphelin de son super-héros, Sony décide de mettre en chantier un univers basé sur les méchants du tisseur.

Débarque ainsi « Venom », centré sur la plus grande Némésis de Spider-Man aperçue dans le troisième opus de la saga de Sam Raimi. Sous les traits de Tom Hardy, il a droit à son propre film solo, réalisé par Ruben Fleischer (« Bienvenue à Zombieland »).

Auréolé du meilleur démarrage de tous les temps pour un mois d’octobre aux Etats-Unis, « Venom » débarque sur nos écrans avec des critiques très mitigées outre-Atlantique. Verdict ?

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Synopsis :

Possédé par un symbiote qui agit de manière autonome, le journaliste Eddie Brock devient le protecteur létal Venom.

Qu’on se le dise, avant même son arrivée en salles, rien ne semblait réellement aller avec « Venom », officiellement le premier spin-off d’un Spider-verse made in Sony, partant dans tous les sens et, évidemment, rarement le bon.

Une production mal barrée, qui a subi de nombreux reshoots et un gigantesque remontage pour faire rentrer le film dans la tranche d’âge « PG 13 ». Afin que le plus grand nombre puisse admirer le long métrage dans un souci d’amasser le plus d’argent possible.

Transformer ainsi un personnage qui existe à cause de Spider-Man et lui enlever la seule chose pour laquelle il a un sens est déjà une mauvaise idée. Pourquoi garder Eddie Brock, alors qu’ils sont tous les trois liés dans les comics ? La réponse : encore l’appât du gain.

Brock est bien un reporter qui perd son travail et sa fiancée, mais sa haine envers Peter Parker, pourtant fondatrice, ne peut exister ici. On voit mal comment les scénaristes pouvait faire sans la présence du tisseur et force est de constater qu’ils n’ont pas réussi à trouver la solution miracle.

C’est bien simple, « Venom » peut se voir comme la combinaison d’un mauvais Marvel ou DC, le film cumulant toutes les tares qui broient les tentatives des studios concurrents. À commencer par une écriture d’une grande banalité voire même très mauvaise, cumulant énergiquement incohérences, raccourcis et facilités grotesques.

Le nouveau film de Sony s’apparente à un blockbuster sans imagination, mal monté et rempli d’effets spéciaux peu travaillés. « Venom » est l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire pour réaliser un bon film de super-héros. Un peu comme la majorité des grosses productions que les majors Hollywoodiennes nous offrent en salle ces dernières années, tant elles calquent la méthode MCU de la pire des manières possibles, pour l’adapter à l’un des seuls personnages avec lequel la sauce ne peut jamais prendre.

Pourtant le produit fini diffusé sur les écrans aux spectateurs ne ressemble peut-être pas à celui qu’il était au départ. En effet par instant, on ressent que le film était plus sombre, plus brutal. Cela passe par une tête arrachée, un long plan dans les couloirs d’un laboratoire sombre ou encore une introduction pas si mauvaise que cela. Celle-ci tente de prendre le temps de développer ses personnages pour ensuite être reléguée à une accumulation de scènes d’action rarement lisibles, une sauvagerie aseptisée et un combat final jamais vraiment prenant. Le long métrage de Ruben Fleischer aurait pu être bien différent si Sony n’avait pas voulu transformer un projet excitant en machine à récupérer des billets verts.  

Dans cet exercice, Il n’y a aucune intention de rendre justice au personnage ténébreux créé par Todd McFarlane et David Michelinie. La Némésis de Spider-Man est remixée et adoucie pour servir un projet de franchise évidemment étalé jusqu’au générique de fin lors d’une scène post-générique qui a tout d’une parodie pour nous vendre un autre long métrage aseptisé.

« Venom » n’est plus une angoissante entité extraterrestre impitoyable mais un sympathique acolyte afin de créer une sorte de « buddy movie » ayant sacrifier l’horreur sur l’autel du drôle pour renter dans les carcans de Marvel. Oui, Sony va bientôt récupérer Spider-Man et on peut déjà affirmer que le studio va combiner l’univers du symbiote noir avec celui de son héros en collant rouge.

Enfin si le casting semblait alléchant sur le papier (Tom Hardy, Michelle Williams, Riz Ahmed), à l’écran c’est une toute autre histoire. Tom Hardy tente par tous les moyens de rendre son personnage crédible, il ne peut cependant pas faire de miracle. Une composition atypique façon tandem comique avec le symbiote, pas toujours subtile, parfois amusante vu la pauvreté de l’histoire. On est presque triste pour l’acteur britannique qui tente par tous les moyens de sauver le navire du naufrage.

Tom Hardy évoque en interview promotionnelle, presque résigné, le fait que 30 ou 40 des meilleures minutes du métrage ont été coupées au montage. On veut bien le croire, c’est peut-être elles qui étaient garantes de la cohérence de ce qui nous est proposé à l’écran.

« Venom » est une vraie déception, un cas d’école à ranger parmi les « Justice League », « Green Lantern », « Daredevil » et autres « Suicide Squad ». Un véritable accident industriel mal filmé, incohérent et motivé par des raisons marketing. Le personnage et les fans comme les comics méritaient mieux que cette coquille vide et qui devrait connaître une suite vu les 370 millions de dollars déjà amassés au Box-Office. Croisons les doigts pour un « director’s cut ».

Note : 4,5/10

Julien Legrand – Le 14 octobre 2018

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